Le dernier sommet des Nations unies sur le développement durable, Rio + 20, tenu en juin dernier, au Brésil, a beaucoup déçu. Environnementalistes, ONG, internationales et nationales, et politiques ont regretté que le sommet ne débouche pas sur un plan d'action et des engagements clairs et fermes. La déclaration finale, soumise à la ratification des chefs d'Etat et de gouvernement, s'est contentée de réaffirmer des principes généraux — élimination de la pauvreté, abandon des modes de consommation et de production non durables, protection des ressources naturelles, etc —. , sans rassurer ceux qui, parmi les pays en développement, espéraient trouver des solutions, en l'occurence financières, à leurs problèmes de développement. Par ailleurs, l'annonce, tant espérée, de la création d'une Agence mondiale de l'environnement n'a pas été faite. La presse internationale s'est, d'ailleurs, fait l'écho des nombreuses critiques qui ont fusé de toutes parts, surtout des associations participant au Sommet des Peuples organisé parallèlement au sommet onusien et réunissant des représentants de la société civile mondiale s'occupant des questions environnementales et de développement durable. Cela dit, une conférence onusienne de ce type n'a lieu que tous les dix ans, et il serait regrettable que l'événement reste sans suite et ne soit pas fructifié. L'argument est partagé par certaines parties qui considèrent que ce genre de conférence mondiale sert toujours à tirer les bonnes leçons et à s'inspirer des expériences réussies qui existent à travers le monde. Rio+20 Monitor : une plateforme à préserver Cette vision a été à l'origine de l'organisation d'une table ronde, mardi dernier, au siège du Citet, par la coopération allemande, GIZ, et la fondation Friedrich Eberth. L'objectif de la rencontre : faire le point sur Rio + 20 et dresser un bilan de la participation tunisienne au sommet de la Terre. L'assistance ciblée et invitée à la réunion est composée d'associations tunisiennes à vocation environnementale, dont la participation au sommet mondial a été réduite, en Tunisie comme au Brésil , selon M. Helmut Krist, chef de la mission à GIZ. Du côté officiel, Mme Monia Youssfi, de la direction du développement durable, représentait le ministère de l'Environnement qui a présenté à Rio+20 un rapport national sur le développement durable en Tunisie. La délégation tunisienne avait fait valoir les potentialités de la Tunisie en tant que chef de file régional en matière d'économie verte. L'occasion pour les associations de participer au sommet mondial à partir de la Tunisie a été donnée par GIZ qui a mis en place une plateforme de communication, le Rio+20 Monitor, un outil faisant le lien instantané, via Internet, entre les travaux du sommet et les associations concernées par le sujet. Le Rio+ 20 Monitor est une équipe de jeunes reporters répartis en deux groupes, l'un à Rio de Janeiro, pour collecter les informations, l'autre à Tunis, pour les traiter, et ce, à travers un site web créé pour la circonstance. L'outil de communication mis en place avait l'ambition de susciter un débat à travers la Toile et de récolter des recommandations. Le résultat n'a pas été à la hauteur des ambitions des instigateurs de cette intiative, mais le contenu original du site a tout de même servi de référence et de source d'informations aux médias tunisiens. La question qui se pose aujourd'hui porte sur le devenir de cette plateforme de communication qui, en tout état de cause, doit être gérée par une structure indépendante, association ou autre, afin que l'expérience perdure et surtout se spécialise pour servir au mieux aux prochaines échéances mondiales, comme le forum social mondial qui aura lieu en Tunisie l'an prochain. Le débat a finalement eu lieu à Tunis au cours de la table ronde sus-indiquée. Il en a résulté une recommandation majeure : la relation Etat - société civile tunisienne doit évoluer vers un modèle démocratique d'échange et de participation. Pour cela, la société civile doit procéder à sa restructuration, son renforcement et à son réseautage pour être à la hauteur de ses ambitions, c'est-à-dire devenir une force de propositions. Du côté du gouvernement, ses propositions devront être écoutées et les associations impliquées dans la conception et la réalisation des programmes.