La question de l'indemnisation des anciens détenus politiques crée la polémique, exacerbe les tensions et fait couler beaucoup d'encre. L'ancien ministre des Finances, Hassine Dimassi en fait l'une des causes l'ayant conduit à démissionner. Ce sont des dépenses supplémentaires et les caisses de l'Etat n'en supporteraient pas le poids, explique-t-il. On parle de 750 millions à un milliard de dinars pour 11176 dossiers présentés jusqu'à présent au ministère des Droits de l'Homme et de la Justice transitionnelle.
Bien que le gouvernement affirme que rien n'a été définitivement décidé et qu'il n'est pas question de mettre en danger les équilibres budgétaires de l'Etat, il ne peut effacer des esprits l'idée qu'il privilégie les intérêts partisans aux intérêts du peuple et que le parti dominant au pouvoir, Ennahdha, est l'instigateur de ce projet puisqu'il en est le principal bénéficiaire.
D'où cette vague de critiques, de colère et de dénonciation. Hier, devant la Constituante, des protestataires de la Société civile, brandissaient des slogans anti-gouvernement et anti-Ennahdha et dénonçaient une usurpation des fonds publics.
C'est que pour certains, la majorité, parler d'indemnisation par ces temps de crise, de hausse du chômage et de marasme économique, est considéré comme une marque d'arrogance et une provocation à l'égard de ceux qui n'arrivent pas à se nourrir.
Et puis, est-ce qu'on doit être indemnisé pour avoir combattu la dictature et milité pour le triomphe de la démocratie?
Ces nouvelles mœurs post-révolutionnaires sont étrangères à l'esprit patriotique et aux valeurs universelles du militantisme et de l'amour de la patrie. Même si, au fond, les sacrifices pour les opinions et les idéaux méritent toujours compensation.
Il ne s'agit pas de nier aux anciens détenus politiques le prix de l'oppression. Mais il y a des priorités autrement plus urgentes.