«Les retenues sur les salaires des grévistes est une mesure légale appliquée en Tunisie et partout dans le monde», précise le ministère de l'Education Les instituteurs ont organisé, hier, des rassemblements devant les locaux de quasi-totalité des commissariats régionaux de l'Education en signe de protestation contre la décision du ministère de l'Education de procéder à des retenues sur salaires au titre des trois jours de grève observés par les enseignants en mai dernier. Lors de ces rassemblements de protestation organisés à l'appel du syndicat général de l'enseignement de base rattaché à l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT), les instituteurs ont notamment réclamé le respect du droit syndical et du droit de grève reconnus par la loi.
Le secrétaire général adjoint de l'UGTT chargé de l'information, de l'édition et de la communication et porte-parole officiel de l'organisation, Sami Tahri, a précisé les rassemblements ont eu lieu dans toutes les régions de la République. Il a également indiqué que des affiliés au syndicat général de l'enseignement secondaire (syndicat des professeurs, NDLR) ont rejoint ces rassemblements par solidarité avec leurs collègues de l'enseignement de base.
Le secrétaire général du syndicat de l'enseignement de base, Taher Dhaker, a, quant à lui, estimé que les rassemblent ont « réussi dans la mesure où ils ont mobilise un grand nombre d'instituteurs malgré une chaleur de plomb et le jeûne du mois du Ramadan».
Selon lui les retenues sur salaires au titre des trois jours de grève décidées par le ministère de l'Education constituent une forme d'atteinte au droit syndicat.
M. Dhaker a , d'autre part, indiqué que la commission administrative du syndicat devrait se tenir dans les jours à venir pour examiner les mesures à prendre au cas où le ministère de tutelle s'attache à retrancher une partie de la paie des instituteurs grévistes. « La rentrée scolaire risque fort d'être perturbée par des protestations si le ministère ne fait pas machine arrière en ce qui concerne les retenues sur salaires des jours de grève », avertit-il.
Mesure légale
Dans un communiqué rendu public hier, le ministère de l'Education a exprimé son « étonnement» de la réaction du syndicat de l'enseignement de base vis-à-vis de la décision des retenues sur les salaires des enseignants grévistes. « Les jours de grève ne sont pas payés dans la mesure où les grévistes ne se sont pas acquittés de leurs tâches. Il s'agit d'une mesure légale appliquée en Tunisie et partout dans le monde et tous les syndicats savent très bien que l'application de cette mesure ne constitue en aucun cas une atteinte au droit syndicat ou une restriction sur le droit de grève», souligne le communiqué.
Le ministère a, toutefois, indiqué que les retenues sur les salaires des instituteurs pourraient être étalées sur deux ou trois mois. « Les retenues au titre des journées de grève observées le 16 mai et les 30 et 31 mai dernier pourraient êtres réparties sur deux ou trois mois », a précisé
Mohsen Jelassi, chargé des relations avec les partenaires sociaux au ministère de l'Education.
A noter que les instituteurs avaient observés deux grèves en mai dernier en signe de protestation contre les résultats «décevants» des négociations lancées avec le ministère de l'Education sur des revendications portant essentiellement sur doublement de l'indemnité de la rentrée scolaire, le reclassement professionnel des enseignants titulaires d'une maîtrise et la révision à la hausse des primes perçues par les directeurs des écoles de base.
Le ministère de l'Education avait, alors, estimé que ces grèves étaient injustifiées et accusé le syndicat d' «adopte la politique du tout ou rien». Un accord sur les diverses revendications de la corporation avait été, en définitive, conclu le 15 juin dernier entre les deux parties.