Douze anciens prisonniers politiques ont entamé, dimanche, un sit-in ouvert au niveau du poste frontalier Bouchebka près de la frontière algérienne (gouvernorat de Kasserine) en signe de protestation contre le «recul» du gouvernement en ce qui concerne l'application du décret-loi relative à l'amnistie général, lequel prévoit notamment l'indemnisation des anciens prisonniers politiques. Les grévistes ont également menacé de quitter la Tunisie pour se réfugier sur le territoire algérien au cas où le gouvernement continue à ignorer les revendications des prisonniers politiques.
Après avoir crié sur tous les toits qu'il allait indemniser les anciens prisonniers politiques amnistiés dans les plus brefs délais, le gouvernement a annoncé tout récemment que rien n'a été définitivement décidé à propos de l'indemnisation des bénéficiaires de l'amnistie générale.
Selon des sources bien informées au ministère des Droits de l'Homme et de la Justice transitionnelle, l'intérêt se porte désormais sur la création d'un fonds spécial dédié à l'indemnisation des amnistiés. Ce fonds devrait être ouvert aux dons des particuliers, des Etats amis et des organismes internationaux sensibles à la question de la réparation des prisonniers d'opinion et des victimes de la torture.
Il est à rappeler, dans ce cadre, que tous les pays ayant connu des révolutions ou des brusques bouleversements politiques ont accordé des réparations aux victimes de torture et des mauvais traitements. En Afrique du Sud, plus de 500 millions de dollars avaient été consacrés à l'indemnisation des victimes de l'apartheid par une Commission vérité et réconciliation. Au Maroc, l' Instance Equité et Réconciliation a également octroyé des indemnisations à des milliers de personnes, estimant que les victimes de la torture, de la disparition forcée et de la détention arbitraire gardent des séquelles indélébiles, dans leur corps et dans leur âme, plusieurs années après leur libération.