... Mais qui a parlé d'un retour de Slim Chiboub ? Ils se sont réunis en famille avant-hier : ce sont les Espérantistes, les vrais. Ceux qui préparaient les sempiternelles litanies pour des « one man show » de bas étage, et ceux – opportunistes, orateurs faussement hystériques - qui se préparaient à psalmodier des versets « haineux » sur fond de règlement de comptes, ainsi que les autres, ceux qui attendaient l'occasion pour défendre l'indéfendable... eh bien, tous ces tribuns, et tous ces Espérantistes « dandys » auront manqué d'oxygène. On s'est réuni en famille et en gens civilisés. On s'est regardé dans le blanc des yeux. On s'est dit la vérité, l'incontournable vérité car le moment est grave... Mais si l'assemblée s'est déroulée dans le calme et si les esprits n'étaient pas surchauffés, c'est parce que Hamdi Meddeb acceptait, la veille, de renoncer à la pêche du Pagres, de s'éloigner de ses chevaux pour les frayeurs et soucis d'un président de la dimension de l'Espérance. Celle-ci ne demande rien de spécial : elle a besoin d'être aimée et de se sentir en sécurité. Hamdi Meddeb peut et pourra donner cette sécurité à l'Espérance et non seulement matérielle, mais aussi morale. Lorsqu'il raconte (en privé), comment il a bâti son holding, pierre par pierre et que l'on sente qu'il manifeste toujours de la gratitude envers ceux qui ont retroussé les manches avec lui, durant les temps difficiles, on cerne un peu le personnage : il privilégie la concertation et le travail en groupe ou ce qu'il appelle « commissions ». En fait, il refuse d'incarner l'Espérance parce qu'il refuse toute forme de gestion personnifiée. Ce qu'il fait dans son entreprise, il le fera à l'Espérance : réinstitutionnalisation du club, restructuration, transparence financière aussi – pour qu'une manchette ne barre plus la page d'un tabloïd, parlant d'un don d'un million huit cent mille dinars de l'ancien président, à l'Espérance (et ce n'est, d'ailleurs, consigné nulle part dans le rapport financier). Déjà, Hamdi Meddeb a pris contact – et il a continué de le faire – avec les potentialités espérantistes « pour un projet futuriste », comme il nous l'a déclaré, hier. Il enchaîne : « C'est vrai que nous recrutons deux bons joueurs étrangers et je suis, d'ailleurs, en contact avec nos... antennes... Mais le plus important pour moi c'est de travailler sur la pépinière des jeunes. Quand on m'a révélé, hier, le nombre des jeunes de l'école de l'Espérance et ceux qui sont dans les sections. Je suis resté émerveillé mais quelque part aussi perplexe : il faut qu'ils émergent »... Presque la même réflexion que Othmane Jenayeh, il y a quelques jours : « Dans l'équipe nationale cadette, il y a huit joueurs de l'Espérance ; mais rares sont ceux qui arrivent jusque chez les seniors ». Hamdi Meddeb se tourne, donc, résolument vers l'avenir, mais il reste pragmatique : « De nature, je ne suis pas négativiste. Je ne me hasarde pas dans des spéculations sur l'entraîneur, puisque la paire Larbi Zouaoui-Ali Ben Néji n'est pas à remettre en question. Et je ne pense pas que notre équipe soit aussi mauvaise que ça. On la renforcera à doses homéopathiques avec deux bons joueurs étrangers mais en y injectant des jeunes aussi ».
Et le rapport avec Chiboub ? Slim Chiboub a certes, été plébiscité « président d'honneur », mais il y a eu, quand même, une confusion dans les interprétations, quant à ce qu'il a dit : « je ne retournerai au Parc B que lorsque Hamdi Meddeb me le demande ». En fait, il veut dire qu'il ne retourne pas au Parc B... Voilà ce qu'il nous déclare : « Je me mets à la disposition de Hamdi Meddeb, mon président de club, mais en aucun cas je ne rôderai du côté du Parc B parce que je ne veux pas qu'on dise que Slim Chiboub tire les ficelles ou qu'il infléchit le cours des choses. Ce serait tout d'abord incorrect vis-à-vis d'un homme capable comme Hamdi Meddeb. Ensuite, je ne me prêterai pas au jeu des guignols dans lequel ont voulu m'impliquer ceux qui ont orchestré des campagnes contre ma personne et ont accrédité la thèse, selon laquelle je veux, de fait, rester le maître à bord »... « Oui, mais, vous avez promis la Champion's League pour 2009 : cela, aussi, c'est ambigu » avons-nous rétorqué. Il répond : « Bien sûr, que je le promets. Mais toujours dans le cadre et les conditions dont je vous ai parlé plus haut. Un bureau qui s'investisse totalement, des Espérantistes qui soutiennent : il faut l'apport de tous, car l'Espérance a des ressorts et sait avoir des sursauts d'orgueil ». A l'évidence, Chiboub est excédé par une certaine forme de diabolisation. Peut-être, la supportait-il mieux quand elle venait de l'extérieur. Quand cela vient de l'intérieur, il accuse le coup. C'est vrai, Slim Chiboub n'est pas une colombe. Mais Hamdi Meddeb ne l'est pas, non plus. Et ce n'est pas une fausse colombe. Le nouveau président tient au soutien de Chiboub. Celui-ci épaulera Meddeb. Mais, l'un et l'autre auront, sans doute, défini des règles et tracé certaines lignes.