Rached Ghannouchi a préféré s'esquiver en renvoyant la balle dans le camp du gouvernement lorsque des questions qui lui ont été adressées par les journalistes de Dar Assabah ont porté sur la dernière nomination considérée « parachutée et inappropriée » à la tête de la plus militante des entreprises de presse. Hier matin, à Tunis, lors de la conférence de presse tenue par le parti Ennahdha, Rached Ghannouchi a préféré faire dans la dentelle. Il a assorti les questions de réponses qui n'ont même été posées malgré l'entêtement des journalistes à définir la position claire du parti sur la question de la nomination à la tête de Dar Assabah. « Si des gens veulent employer la force et enfreindre la loi en changeant les serrures, c'est normal de les en empêcher. » Mais Cheikh ce n'était pas ça la question ! Cheikh Rached répondait, en fait, à une question de la journaliste du Temps relative à « l'emploi de la force par le directeur actuel de Dar Assabah qui a fait appel, rappelons-le, dans la nuit de mercredi à jeudi (0 1h00 du matin), aux agents de l'ordre pour empêcher la publication de la motion signée par le SNJT et le syndicat général de la culture et de l'information à l'UGTT. Un acte jugé irresponsable voire blâmable qui a été suivi par l'arrêt du tirage du journal à 17000 copies, le changement de la maquette et la publication d'une autre version du journal en présence des agents de l'ordre. » Cheikh Rached semble ne pas être au fait de ce qui s'est passé dans les murs de Dar Assabah. Serait-il possible qu'il ait été induit en erreur, lui, tout comme Ameur Lareidh qui selon ce dernier « Le SNJT ne soutient pas les actions des employés de Dar Assabah », alors que les communiqués publiés par le SNJT n'ont fait que réitérer l'engagement de l'organisation syndicale à soutenir les revendications légitimes des employés de l'entreprise de presse ? Et puis pour les nominations Ameur Laraiedh et Ghannouchi soutiennent l'idée que « le gouvernement de la Troïka a toutes les latitudes de nommer qui il veut. » Point. Nos interlocuteurs ne se feront pas répéter. Compris ?
Et bien d'autres questions
D'autres questions ont été soulevées lors de cette rencontre avec la presse nationale et internationale que le parti de Rached Ghannouchi organise pour sonder le pouls de l'opinion publique sur des questions d'actualité. Le litige du journal électronique Business news avec le conseiller politique du chef du gouvernement, ainsi que celui relatif à Sami Fehri le patron d'Ettounssia étaient l'objet de questions qui ont fusé de toutes parts. Sauf que là, les responsables nahdhaouis présents et les journalistes n'entendent pas de la même oreille des questions liées à la liberté de la presse et des principes pour lesquels des âmes libres se battent actuellement. Pour l'affaire Lotfi Zitoun et la fameuse Zitouna tv, Rached Ghannouchi préfère faire la sourde oreille, considérant que cela concerne la personne de Zitoun et non pas le parti Ennahdha. Et puis comment voulez-vous qu'il donne son avis sur une chaîne de télévision dont il n'a pas découvert la grille ? C'est du moins ce qu'il déclare. Et qu'en est-il du comportement dédaigneux de ce responsable du gouvernement vis-à-vis des journalistes et qui a amené un journaliste à le comparer à l'ancien Abdelwahab Abdallah, Monsieur censure et répression du temps de Ben Ali ? Pour Ghannouchi « chacun a sa manière de communiquer, mais mieux vaut juger les faits que les manières. » Tout à fait, les faits sont-là. Quant à Sami Fehri dont le mandat d'arrêt coïncide avec la censure de son émission des guignols « Logique Siassi » et qui, rappelons-le, dirige des critiques acerbes à l'endroit des gens qui nous gouvernent, il a été considéré par Ameur Lareidh comme étant un « corrompu » qui doit comparaître devant la justice pour des affaires qui remontent au temps du président déchu. Le député nahdhaoui a même protesté vivement contre le communiqué de soutien du SNJT qui, selon lui « défend une affaire de corruption ». C'est son affaire.