Le Centre National de Céramique d'Art à Sidi Kacem el Jelizi dirigé par L'artiste Mohamed Hachicha, accueille depuis vendredi dernier et jusqu'aujourd'hui 09 septembre, un groupe de potières de Sejnane. Il s'agit de la première action du genre organisée par le centre, en collaboration avec Fundesarte ; Fondation espagnole pour l'innovation de l'artisanat et initiatrice de la création de l'association des potières de Sejnane.
Selon Mohamed Hachicha, la coopération tuniso –espagnole date déjà depuis cinq ans et œuvre dans le cadre de la protection de notre patrimoine artisanal dans le domaine de la céramique pour soutenir les potières de Sejnane à sauvegarder leur style traditionnel de façonnage, de cuisson et de décoration.
Le stage se propose donc d'assister ces potières chevronnées dotées de doigts de fées, à élargir leur champs de production sans pour autant abandonner leur mode de travail ni l'inspiration qui les motive.
On a constaté au cours des décennies passées, explique Mohamed Hachicha, une modification dans la conception de leurs travaux ; les productions utilitaires à usage personnel ou de proximité ont été restreintes par l'adoption d'ustensiles manufacturés tandis que leurs travaux décorés ont fait l'objet d'un véritable engouement touristique. Ces ventes aux touristes et aux boutiques qui font commerce des pièces artisanales, ont apporté sans nul doute à ces artisanes, une réelle amélioration de leurs ressources. Le revers de la médaille, un appauvrissement des formes et des décors et l'adoption d'un mode de cuisson plus rapide qui permet d'augmenter la production, mais qui fournit des pièces fragiles et peu résistantes.
Aussi, le stage proposé se présente comme un échange portant sur trois domaines du patrimoine artisanal de la poterie modelée tunisienne.
Le premier domaine porte sur les formes dont certaines ont été abandonnées par les nouvelles générations de potières. Des travaux réalisés par l'Institut du Patrimoine pourront servir de référence à une reprise de certaines formes traditionnelles. Le second sur le décor dont la richesse et la symbolique trouvent leur origine dans le domaine berbère et dont la présentation pourra impulser un renouvellement et un enrichissement de décoration des pièces produites. Quant au troisième domaine, il portera sur le mode de cuisson.
A partir des pièces produites pendant ou éventuellement avant le stage, trois cuissons seront réalisées, nous explique-t-on ; une cuisson dans un four électrique, une autre dans un four à gaz suivie ou non d'un enfumage et enfin un mode traditionnel à l'air libre, avec un temps de cuisson plus long et un défournement moins rapide que ce qui se pratique actuellement.
Les deux premières cuissons ont été faites dans les fours du Centre National de Céramique d'Art et l'autre traditionnelle sera effectuée aujourd'hui à Borj Touil sur les terrains de l'association GDA (Groupement de Développement Agricole, Sidi Amor).
« Ces journées de travail collectif sont destinées non pas à modifier le style ou les pratiques de ces artisanes rurales mais de les aider à vivre de leur travail tout en conservant la richesse d'un patrimoine ancestral », fait remarquer le directeur du CNCA dont les cours pour la nouvelle rentrée reprendront le 8 octobre prochain. Mais bien avant la reprise et l'exposition de fin d'année, Mohamed Hachicha organisera fin septembre au Centre national d'Art Vivant du Belvédère, une exposition qui réunira les œuvres réalisées lors d'ateliers d'artistes aux festivals de Carthage et d'Hammamet ; action menée de concert avec le ministère de la Culture et qui a apporté ses fruits.
Outre ses responsabilités et engagements à la tête du CNCA, Mohamed Hachicha reste engagé et solidaire avec nos artistes et demeure à l'écoute de ce qui se passe sur la scène artistique avec les derniers développements de l'affaire Abdellia de la Marsa. Selon lui, tout en évitant les manipulations, il faut savoir écouter et raisonner par rapport à ce qui se colporte comme informations en général. « Dans cette affaire, précise-t-il, il y a eu beaucoup de manipulations ; la liberté d'expression et de création, c'est un acquis et c'est à nous, les artistes de le défendre et le préserver... » .