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Lettre à ma grand-mère
Mémoire collective - Août 1956
Publié dans Le Temps le 14 - 08 - 2007

J'espère que tu vas bien là où tu es. Mais ce dont je suis sûr c'est que tu es partie tranquille et rassurée.
Te rappelles-tu de cet été de 1956 où tu t'étonnais,que pour la première fois on pouvait se baigner à cet endroit qui fut longtemps une plage privée où seuls les Français y avaient accès ?
On allait toi et moi nous baigner juste à côté et je te harcelais de questions auxquelles tu ne trouvais pas de réponses, tellement la situation était inconcevable à cause des multiples abus du colonisateur qui se croyait tout permis, agissant sans cesse au détriment de toute règle de bienséance et de respect des droits des gens les plus élémentaires et les plus évidents.
-"Grand-mère c'est quoi cette barrière ? Pourquoi on ne peut pas aller nous baigner avec eux ?", te disais-je.
Tu me regardais, d'un air embarrassé puis tu me répondais, à côté "Je n'ai pas de maillot de bain. Et puis je ne peux pas me dévoiler !".Et c'est ainsi que tu détournais le sujet, pour te dérober. Tu ne voulais pas m'accabler en me faisant comprendre qu'on n'était pas libre chez nous, et qu'on nous couvrait de préjugés.
La femme voilée était aux yeux des colonisateurs, arriérée, illettrée et dénuée de toute intelligence et de toute culture.
Le voile à l'époque était ce "SEFSARI" blanc, en soie naturelle ou en fil de lin, qui donnait un charme particulier aux femmes tunisiennes.
Il était ancré dans les usages liés à notre culture et à notre identité. Ça n'avait aucune connotation religieuse, ni aucun signe de fanatisme.
Il donnait une distinction à la femme citadine, tandis que la femme rurale se distinguait pas sa jolie "Mélia" habit traditionnel aux couleurs superbes, dont l'assortiment avec les multiples tatouages, au visage et aux bras de celle qui la portait ajoutait à sa beauté naturelle et originale.
C'était pour cette raison, qu'à l'époque, comme tu me le racontais plus d'une fois, les militants du Destour incitaient les femmes à garder le voile.
Ils considéraient que le fait de les obliger à l'enlever, portait atteinte à leur identité et à leur personnalité.
Tu m'avais d'ailleurs présenté à "Khalti Hanifa", que le voile n'a pas empêché de se cultiver. Elle était bilingue et parlait parfaitement la langue de Voltaire. Je me rappelles d'ailleurs, qu'elle était fière d'avoir obtenu le diplôme du certificat d'études primaires, qu'elle l'avait accroché au mur de sa chambre après l'avoir mis dans un beau cadre en bois fin doré.
Plus tard, aujourd'hui, j'ai appris que cette dame soutenait les militants dans leur action contre le colonialisme. Plusieurs fois d'ailleurs elle avait observé la grève de la faim ainsi que d'autres femmes qui n'étaient non moins militants bien qu'elles fussent des mères de famille et ne faillirent en rien à leurs devoirs conjugaux.
J'ai aussi compris que la liberté de la femme n'est pas liée à sa façon de s'habiller, car les modes sont comme les belles roses qui pourtant ne durent que l'espace d'un matin.
La femme tunisienne a toujours été aux côtés de l'homme pour le soutenir dans sa lutte contre l'occupant.
Elle avait compris que c'était par ce seul moyen qu'elle pouvait aspirer à sa libération en tant que femme opprimée, non pas par les hommes, mais plutôt par une certaine mentalité dans laquelle le colonisateur se complaisait.
En ce mois d'août 1956, tu m'avais parlé du nouveau statut de la femme qui mettait fin à certains abus que seuls les autorités coloniales et leurs adeptes avaient nourri et permis qu'ils perdurassent pour s'ancrer à jamais dans les esprits figés et obscurantistes.
Avec du recul et maintenant que tu es dans un monde meilleur, je comprends pourquoi tu étais si euphorique ce jour-là.
Cela faisait à peine quelques mois, que le pays avait accédé l'indépendance totale.
Le code du statut personnel intervint un 13 août 1956, soit six mois après l'indépendance. Le 13 un chiffre magique à double tranchant.
A toi, il a toujours porté bonheur. Celui-ci était doublement savouré.
Finies les exactions, longtemps perpétrées par le colonisateur à l'égard ?... Finis également les abus de certains hommes à l'égard des femmes soumises qu'ils pouvaient répudier à tout bout de champ.
Le nouveau code vint définir les droits de chacun des deux époux, ainsi que leurs devoirs. Que d'eau a coulé sous les ponts depuis cette date du reste mémorable.
La femme n'a fait que confirmer sa place à côté de l'homme, en prenant part de la manière la plus active et la plus sensée à l'édification du pays, tout en préservant ses acquis et en sauvegardant son patrimoine socio-culturel.
Elle ne fait que continuer l'œuvre entreprise par les femmes de ton époque, dans l'intérêt du pays dont dépend et dépendra toujours et infailliblement le leur.


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