Fasciné dès son plus jeune âge par la faculté d'une photo à retransmettre des émotions et situations en une seule et même image, Khaled Mechergui décide de tout essayer pour devenir artiste photographe. Lui qui a déjà exposé à plusieurs reprises, bouillonne d'ambitions et de projets. Nous l'avons rencontré lors du festival international des arts plastiques de Monastir au centre culturel d'Hammamet.
Le Temps : comment est né votre intérêt pour la photographie?
Khaled Mechergui : Etant jeune et derrière mon objectif, je découvrais le plaisir d'immortaliser des scènes de vie dans le retentissement d'un déclic. Une passion est née, celle de la photo. Ne reculant pas devant mon désir, je fais le choix d'aller à sa rencontre. Je voulais devenir un photographe d'art ; la créativité est un atout incontournable.
*Parlez-nous de votre parcours
-Après avoir décroché mon Baccalauréat en Sciences Expérimentales au lycée Chebbi à Tozeur, j'ai obtenu une licence appliquée en arts plastiques : photographie à l'Institut supérieur de Beaux-arts de Nabeul en 2011-2012. Je prépare actuellement un master de recherches en arts plastiques à l'Institut Supérieur des Beaux- Arts de Tunis.
*Quels sont vos sujets de prédilection ? En fonction de quels critères, les choisissez-vous ?
-Je n'ai pas réellement de sujet de prédilection. Je choisis mes sujets en fonction de mes envies. J'essaie de créer des images qui racontent une histoire, qui suggèrent quelque chose. J'aime apporter une certaine narration à une image et une certaine fable à mes photos.
* Pour y arriver, qu'utilisez-vous comme matériel ?
-Je possède mon propre équipement (Nikon D90 avec un 18-105mm), (ordinateur portable), (deux appareils photos argentiques, Canon et Minolta).
*De l'idée initiale au résultat final, comment travaillez-vous ?
- L'idée émerge d'un regard ou d'une rencontre. J'aime être libre dans mes photos, j'aime m'asseoir, discuter, m'arrêter pour photographier un espace ou une personne ; je choisis les lieux, le moment, en fonction de la lumière et de la beauté de l'instant et l'émotion que la scène procure.
* Où puisez-vous votre inspiration ?
- C'est dans ma tête, je laisse parler mes sentiments. La vie, les rencontres que je peux faire, les couleurs, tout est susceptible de m'inspirer. Une grande partie de mon inspiration se fait en regardant des films. Il y a des scènes, des expressions, des comédiens et surtout, des ambiances qui m'inspirent.
*Qu'est ce qui vous touche le plus en général dans une image ?
-L'expression, le regard et l'émotion sont pour moi signe d'un cliché qui me parle. Je suis également très sensible à la qualité de la lumière et à la composition de l'image.
*Comment s'est faite votre progression ?
-D'une simple passion, j'ai acquis davantage d'expériences. Celle-ci est venue grâce aux rencontres, essentiellement de modèles qui m'ont à chaque fois inspiré et mené vers de nouvelles découvertes.
*Comment jugeriez-vous une bonne photo ?
-La photo a toute une histoire derrière elle et, pour moi, c'est quelque chose de bien plus noble que cela, un moyen d'expression.
*Et une photo ratée ?
-La photo qui n'apprend rien sur le sujet, aucune sensibilité.
*Quelle est celle dont vous êtes fier ?
-On a tous une première photo dont on est fier. Je me souviens de mon premier cliché réussi avec un sténopé pour un exercice à la faculté en première année. J'étais débutant et j'étais très satisfait de mon travail.
*Quel a été votre projet d'études en 2011-2012?
-J'ai travaillé la photographie artistique selon la problématique « Comment la photographie peut elle être une fiction et une narration ? De quelle manière le corps s'approprie, exalte, dissout, articule l'espace dans lequel il s'inscrit et comment l'espace absorbe et métamorphose le corps qui l'occupe ou le traverse ? ». Pour cela, chacun a sa méthode, sa manière, sa façon de voir les choses de les interpréter, de sentir, de détecter. Chacun sa vision pour ce qui l'entoure, il analyse, il regarde, il voit, il aperçoit, il comprend, il saisit et il admire. Ce qui a greffé en moi une nécessité intérieure qui m'a toujours poussé à créer ma propre mise en scène, à agencer un espace et introduire des objets et un sujet qui seront acteurs, qui feront chanter, danser, hurler le regard.
*Un conseil pour les jeunes photographes qui liront ces lignes?
-Persévérer, chercher à faire mieux, accepter les critiques et conseils qui nous aident à avancer et, surtout, avoir l'œil.