Déficit des régimes de retraite à hauteur de 211 MD pour la CNSS et 83 MD pour la CNRPS rien qu'en 2010 Les 60 ans et plus seront 17,7 % en 2029, contre 9,2 % en 2004 Pensions CNSS : 1484 MD en 2012, 1311 MD en 2011
Les Tunisiens auraient-ils des raisons objectives de s'inquiéter pour leurs retraites dans un contexte de déficits croissants des caisses sociales ? Pour répondre aux interrogations à ce sujet, le magazine Leaders y consacre tout un dossier dans son numéro de septembre actuellement en kiosque. Les résultats comptables des régimes de retraite de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) et de la Caisse nationale de retraite et de prévoyance sociale (CNRPS) affichaient en 2010 un déficit net de 211 MD pour l'une et de 83 MD pour l'autre. Le ministre des Affaires sociales Khalil Zaouia se dit préoccupé par la situation mais se veut rassurant. Il préfère parler de défis que de menaces, précisant qu'il s'agit jusque là de déficits comptables qui n'ont jamais entraîné une cessation de paiement des prestations. Le ministre indique que contrairement à la CNSS, la situation financière de la CNRPS nécessite des mesures urgentes pour garantir un palier minimum de liquidités.
Des lendemains difficiles, sauf décisions courageuses
Interviewé par Leaders, le PDG de la CNRPS Sayed Blel impute cette situation difficile à la générosité du régime (dispositions avantageuses), les conséquences du plan d'ajustement structurel entré en vigueur en 1986 (gel des recrutements dans le secteur public, désengagement de l'Etat des secteurs productifs et privatisation d'entreprises publiques, donc baisse des cotisations à la CNRPS) et enfin la mise à la retraite de milliers d'affiliés en 1988 en vertu du programme de retraite anticipée (RAV) avec jouissance de pension immédiate. Après un redressement relatif mais éphémère dans la foulée de la stratégie de réforme de 1994, la situation financière de la caisse a rechuté en 1998 pour divers facteurs comme la forte augmentation des départs à la retraite, la multiplicité des motifs de départ à la retraite, l'allongement de l'espérance de vie et la prise en charge du déficit structurel de caisses de retraite sectorielles (STEG et Transport).
Des avantages sociaux très en avance mais trop coûteux
Dans sa déclaration au magazine Leaders, le PDG de la CNSS M. Hafedh Lamouri annonce que la caisse a réalisé des records de recettes au cours du premier semestre 2012 grâce à la reprise du flux des cotisations et au recouvrement des créances antérieures.
Ce sont les pensions qui, selon lui, représentent la cause d'un éventuel déséquilibre financier. Elles sont passées de 1311.7 millions de dinars en 2011 à 1483.8 millions de dinars en 2012, soit une augmentation de 13.1%. Rien que la dernière majoration du SMIG coûtera 7,7 MD par mois. Selon les projections, l'équilibre financier global de la caisse risquerait de se compromettre à partir de 2014-2015. Pour autant, la CNSS ne pourra pas résister à long terme, si une réforme profonde n'est pas introduite pour assurer l'équilibre financier jusqu'en 2030. Les menaces sont en effet réelles, à commencer par les mutations démographiques, la population âgée de 60 ans et plus passant de 9.2 % en 2004 à 17.7 % en 2029.
Sacrifices inévitables à moyen terme
Une réforme en profondeur du système de sécurité sociale est envisagée pour la première fois mais elle en est encore au stade des études. Parmi les critères dont la remise en question est envisagée figure l'âge de départ à la retraite qui, fixé à 60 ans, n'a pas bougé depuis l'indépendance bien que l'espérance de vie ne cesse d'augmenter. Il en va de même pour le niveau des pensions comparativement avec le salaire d'activité.