Mr Adnance Mnasser, porte parole de la présidence de la République, a déclaré, lors d'un point de presse tenu, mercredi 10 octobre, au palais présidentiel de Carthage, que les partis de la coalition gouvernementale ou troika présenteront le 18 octobre, soit après une semaine, une initiative pour sortir de la crise de la légitimité et gérer la période de transition après le 23 octobre 2012, et ce à titre de contribution de sa part visant à surmonter les différends et rapprocher les points de vue concernant la légitimité des institutions et des pouvoirs publics issus des élections de 23 octobre 2011. En effet, en vertu d'un accord conclu le 15 septembre 2011, les partis politiques agissant sur la scène nationale, à l'exception du parti du président de la République, le Congrès pour la république, ont fixé à un an le délai imparti à la deuxième période de transition suivant les élections du 23 octobre 2011.
La coalition gouvernementale est formée du parti Ennahdha, du parti du Congrès pour la république et du Forum démocratique pour le travail et les libertés.
L'initiative de la Troika comporte un calendrier pour la prochaine période proposant une date des prochaines élections, ainsi que l'accélération de la rédaction de la nouvelle Constitution tunisienne et la présentation d'un ensemble de projets de lois à l'Assemblée nationale constituante pour la mise en œuvre de la feuille de route préconisée.
Mr Adnane Mnasser a exprimé l'appui de la présidence de la république à l'initiative proposée dans le même but par l'Union générale tunisienne du travail et à toutes les autres initiatives de nature à rassembler les Tunisiens et à renforcer l'unité nationale dans le cadre du respect de la légitimité électorale et des institutions démocratiques.
Signalons à cet égard que plusieurs partis politiques agissant sur la scène estiment que la légitimité électorale prend fin le 23 octobre 2012, et avec elle, prend fin la légitimité des institutions et pouvoirs provisoires qui s'en réclament, de sorte qu'il faut la dépasser et la remplacer par une légitimité consensuelle qui servira de base à la réalisation de la prochaine étape de la transition démocratique, dont l'organisation des prochaines élections devant aboutir à la mise en place de pouvoirs publics et institutions durables.
Atteintes aux droits de l'Homme
Sur un autre plan, Adnane Mnasser a indiqué que le président de la République avait reçu, dans le cadre de ses activités ordinaires, des personnalités du courant salafiste modéré et qu'il réprouve la violence salafiste pratiquée par une minorité, de même qu'il rejette toute utilisation de la violence en tant que moyen d'expression et de militantisme, d'où qu'elle émane. La position présidentielle est qu'il n'est pas question de juger et de pénaliser des gens pour leurs idées et leurs opinions, mais ce qu'on doit juger et pénaliser, ce sont les actes de violence commis et punissables par la loi. Il a qualifié les abus commis par certains agents de la sécurité d'actes individuels en dehors de la loi, soulignant que l'institution sécuritaire est saine, dans son ensemble, et ne saurait être responsable de telles dérives. Il a mis l'accent sur le souci de l'institution sécuritaire d'introduire les réformes nécessaires à ses structures afin de devenir une institution sécuritaire républicaine, ajoutant que les agents de sécurité sont appelés à préserver la réputation de leur institution et qu'ils œuvrent dans ce sens. L'enjeu est de réconcilier entre les exigences inhérentes à la sauvegarde de l'Etat et le respect de la loi, d'une part et la protection des droits de l'Homme d'autre part.
Dans cette optique, le président de la République avait reçu les victimes de dépassements et s'est intéressé le 7 octobre à l'affaire de Fayçal Barakati, décédé sous la torture dans les geôles du régime de Ben Ali, bien que sa mort ait été attribuée, à l'époque, à un accident de la circulation. Une enquête judiciaire a été de nouveau ouverte pour déterminer les causes exactes de sa mort et son corps a été exhumé à des fins d'examen.
Mr Mnasser a fait part de la satisfaction de la présidence de la République envers les efforts déployés par les autorités gouvernementales en vue de juger et de mettre hors d'état de nuire tous ceux qui seraient coupables d'atteintes aux droits de l'Homme, après la révolution, lesquels efforts ont été illustrés, dernièrement, par l'arrestation d'un officier au ministère de l'Intérieur, mardi 9 octobre, pour atteintes aux droits de l'Homme.