La date fatidique du 23 octobre approche et les débats politiques avancent à bâtons rompus. C'est dans un contexte sociopolitique envenimé et jalonné de chamboulements quotidiens, que le président de la République provisoire Moncef Marzouki a appelé à des entretiens individuels avec les chefs de partis politiques. Plusieurs rencontres avec les acteurs de la scène politique ont eu lieu, hier, au Palais de Carthage. Quelques uns étaient au rendez-vous. D'autres ont fait un faux bond au président de la République. Quatre politiciens étaient prévus dans la liste des entrevues. En tête de liste, le président du mouvement Nida Tounes Béji Caïd Essebsi. Juste après lui, Rached Ghannouchi, chef du parti Ennahdha, ensuite Chokri Belaïd et Hamma Hammami en tant que représentants du front populaire. Une kyrielle de débats pour voir de plus près la situation politico-sociale et économique de la Tunisie et dont la prérogative est de trouver une issue à cette crise grandissante à mesure que le 23 octobre approche.
Ghannouchi aux abonnés absents et Essebsi parle de consensus
De son côté, le chef du parti Ennahdha Rached Ghannouchi, a «posé un lapin» à l'entrevue prévue, hier, prétextant des obligations dont le président du bureau de Ghannouchi se garde bien de donner des détails. Ce dernier a rajouté que, durant la nuit du jeudi, Ghannouchi a rencontré le président de la république autour d'un dîner. Jusqu'à présent, le dialogue et les raisons de ce tête-à-tête ne sont toujours pas rendu publics. Une opacité enveloppe cette rencontre dans les coulisses. Quant à Béji Caïd Essebsi, président du mouvement Nida Tounes, il a répondu à l'invitation de Moncef Marzouki au Palais de Carthage. L'entretien s'est focalisé sur l'urgence de trouver un consensus entre tous les partis politiques et les grandes personnalités de la scène politique tunisienne afin d'éviter le blocage et de calmer les esprits. Sur ce point-là, le président de Nida Tounes a déclaré que seul un débat consensuel pourra aider à ce que la Tunisie aille de l'avant et sorte de cette crise nationale. La question du développement a été aussi au centre des débats. Une concertation a été établie sur les derniers rebondissements qui ont ébranlé la Tunisie. Au terme de ce rendez-vous, B.C.E, confiant, a déclaré que le dialogue était très constructif, rajoutant qu'il est sur la même longueur d'ondes avec le président de la République.
Le spectre du 23 octobre
La tension monte à mesure que cette date approche. Une échéance, qui, selon la loi, demeure une date butoir pour le gouvernement provisoire actuel. Un an en arrière, le 23 octobre était considéré à l'unanimité, comme un jour de fête, un jour qui aura marqué l'Histoire tunisienne. Pour la première fois, les Tunisiens, enthousiastes, se sont fièrement dirigés aux bureaux de vote pour accomplir leur devoir citoyen : élire ceux en qui ils ont confiance. Sauf que depuis, les choses ont mal tourné. On était le 23 octobre 2011, jour des premières élections tunisiennes libres et transparentes. Un an plus tard, c'est plutôt avec beaucoup de réserve et d'appréhension qu'on attend le fatidique 23 octobre. Ahmed Ibrahim, Président du parti la Voie démocratique et sociale Al Massar, a rencontré, lui aussi, hier matin, Moncef Marzouki. Cette réunion avait pour dessein de débattre sur le consensus national auquel l'UGTT appelle toutes les forces politiques tunisiennes pour faire face à l'avenir et éviter les dangers qui planent sur le lendemain du 23 octobre. Durant ces entretiens, il s'agissait, notamment, de voir ensemble les décisions à prendre quant à la prochaine étape et à l'avenir du pays. Ahmed Ibrahim a profité de cette occasion pour attirer l'attention du président sur la libération des prisonniers des dernières émeutes régionales et la prise au sérieux du dossier de Dar Assabah.