Mo Yan est son pseudonyme qui signifie « Celui qui ne parle pas ». Le prix Nobel de Littérature 2012 serait-il muet ? Loin de là, il est plutôt bavard même très bavard dans ses écrits que l'Académie suédoise qualifie de « réalisme hallucinatoire ». Mo Yan associe l'imagination et la réalité, l'histoire et le contemporain, la tradition populaire du conte et la littérature chinoise ancienne ce qui lui a valu de rejoindre sur la liste des lauréats de cette prestigieuse distinction, deux remarquables écrivains : William Faulkner et Gabriel Garcia Marquez.
Avec cette haute distinction, l'écrivain chinois entre dans le cercle très fermé des auteurs primés par l'Académie. De son vrai nom Guan Moye, Mo Yan a eu un parcours complexe. Né dans la province de Shandong en 1955, de parents cultivateurs, il a dû quitter l'école à l'âge de 12 ans pour travailler dans les champs puis à l'usine. En 1976, il rejoint l'Armée populaire de libération et étudie à l'Institut militaire des arts et de littérature avant de terminer ses études à l'université de Pékin.
Sa littérature est inspirée de son vécu. Corruption, décadence de la société chinoise, politique de planification familiale et vie en milieu rural sont les thèmes qu'on retrouve dans ses textes. C'est en 1981 qu'il publie sa première nouvelle dans une revue littéraire. Il se lance ensuite dans le roman et en écrit une vingtaine. L'Académie suédoise le considère comme l'un des écrivains les plus éminents de son pays qu'il a réussi à le hisser au rang des pays les plus avancés.
Parmi ses œuvres les plus connus « Fengru Feitun » (1996), « Beaux seins, belles fesses » traduits en français (2004) est une grande fresque historique décrivant la Chine du XXème siècle à partir du portrait d'une famille. Mais sa notoriété, il la doit grâce au « Clan du sorgho » porté à l'écran sous le titre de « Sorgho rouge » par l'illustre réalisateur Zhang Yimou. Dans ses livres, qui sont des pavés de 500 pages, il dépeint une société à la dérive ravagée parfois par le désastre de la guerre.
Mo Yan et un autre auteur d'origine chinoise naturalisé français Gao Xingian (Prix Nobel de Littérature en 2000), confirment encore une fois que la Chine est une grande puissance capable de donner naissance à d'importants auteurs dans la littérature, le cinéma, le théâtre et tous les autres arts vivants. On aurait souhaité qu'un écrivain des pays du « Printemps arabe » entre dans cette Académie et rejoigne l'Egyptien Néjib Mahfoudh. Malheureusement, la sécheresse intellectuelle sévit encore malgré la bataille gagnée de la liberté d'expression.