«Lotfi Naguedh, premier assassinat politique après la Révolution» «Aujourd'hui, le gouvernement passe à la vitesse supérieure par l'élimination des opposants.» C'est lors d'une conférence de presse, donnée hier matin, que le président du mouvement Nida Tounes, Béji Caïd Essebsi a fait une déclaration publique suite à la mort de l'un des coordinateurs du parti à Tataouine, le regretté Lotfi Naguedh. C'est en présence d'une bonne cinquantaine de personnes, entre politiciens, médias et société civile, que le président de Nida Tounes a déclaré à l'opinion publique sa colère et son indignation quant à «l'assassinat» selon ses termes du Coordinateur dudit parti bureau Tataouine. Une tragique fin qui marque un nouveau tournant dans l'histoire politique tunisienne, selon les propos de B.C.E, dans un contexte assez tumultueux et tendu. Il a, notamment déclaré que la responsabilité de ce crime incombe au gouvernement qui est incapable d'assurer la sécurité aux citoyens tunisiens. Pis encore, le Secrétaire général du parti Nidaa Tounes, Taieb Baccouche avait déclaré à son tour que Lotfi Naguedh a été enlevé des mains des forces de l'ordre qui étaient sur place puis avait été sauvagement agressé au niveau de la poitrine par les manifestants qui appartiennent à la Ligue populaire de la protection de la Révolution. La Troïka au banc des accusés De son côté, Béji Caïd Essebsi affirme que cet assassinat politique fait partie d'une campagne de violence politique bien organisée et qui prend pour cible tous les opposants au pouvoir. «Un plan bien préparé et calculé a été échafaudé, d'ore et déjà, deux semaines avant l'accident, dans la ville de Tataouine, pour tuer Lotfi Naguedh. Ce stratagème a été bel et bien préparé en présence des partis de la Troïka pour exécuter l'assassinat politique de notre Coordinateur régional.». Il rajoute ensuite que l'un de ces trois partis, Ettakattol, a refusé à la dernière minute de participer à cet assassinat. «Aujourd'hui, les partis majoritaires passent à la vitesse supérieure par le biais des éliminations des opposants. La stratégie s'est couverte du nom de ce qu'ils appellent «Ligue populaire pour la Protection de la Révolution» pour se donner la légitimité devant l'opinion publique, et qui, après que les vrais militants l'aient quittée, est devenue une milice de corrompus et composée de bandits payés par le gouvernement pour semer la zizanie et la terreur au sein de la scène politique et du peuple ! Alors que la manifestation, qui rappelons-le n'a pas été autorisée, avait pour slogan : «Assainissons les institutions et les administrations des Rcdistes et des sbires de Ben Ali», le président du mouvement Nida Tounes rappelle que Lotfi Naguedh, sur la ligne de mire depuis un bon moment par les milices de la Troïka, n'a jamais travaillé pour le compte de l'ancien régime, qu'il vivait à l'étranger et qu'il est père de six enfants dont le dernier n'a qu'un an. Béji Caïd Essebsi ouvre le feu contre toutes les déclarations officielles qui ont eu lieu le soir du crime, de la part du ministre de l'Intérieur, du président adjoint du parti Ennahdha et du leader de la milice en personne. «Tout ce que vous dites est mensonge et galéjade !». Il dénonce et met en doute les premiers résultats de l'autopsie qui révèlent que la mort n'était pas due à une agression physique mais plutôt à un infarctus. Ce qui s'est passé est le résultat d'un «lynchage qui a été préparé à l'avance !» Il demande, d'ailleurs, au porte-parole dudit ministère de solliciter sa mutation au ministère des Affaires étrangères pour ses talents de diplomate. Entre-temps, les autorités auraient été, toujours selon les propos de Béji Caïd Essebsi, prévenues par le défunt quant aux multiples menaces qu'il a reçues ces derniers temps. Ces dernières ne l'auraient pas pris au sérieux. «C'est l'anarchie totale ! Quand un citoyen n'est pas protégé par les autorités, ça incitera à plus de violence, de lynchage et de règlements de compte gratuits.» Il est à rappeler qu'un communiqué appelant à la manifestation du jeudi 18 octobre, pour «nettoyer» Tataouine des «résidus du RCD qui se cachent derrière d'autres appellations» a circulé depuis dimanche 14 octobre. Ledit communiqué a été publié sur la page FB de Ennahdha Tataouine et aurait été signé, selon cette page, par les partis de la Troïka et diverses organisations.