...dixit Caïd Essebsi La famille de la victime a réclamé une deuxième autopsie à effectuer à l'hôpital Charles-Nicolle de Tunis La mort avant-hier du coordinateur de Nida Tounès à Tataouine, Lotfi Naguedh, qui occupait le poste de secrétaire général de l'Union régionale de l'agriculture et de la pêche à Tataouine, a suscité maintes interprétations. Le ministre de l'Intérieur avait affirmé quelques heures après sa mort qu'il n'a pas été agressé et que sa mort était naturelle, suite à un infarctus du myocarde, et ce, selon les résultats d'une autopsie. Hier, le président du mouvement Nida Tounès, Béji Caïd Essebsi, a tenu une conférence de presse en réaction à la mort de son coordinateur à Tataouine relatant l'incident. «Le mouvement Ennahdha...(euh !), Nida Tounès, fait part du décès de l'un de ses militants Lotfi Naguedh qui a été assassiné, ce qui est le premier assassinat politique prémédité après la Révolution». C'est en ces termes que le président de Nida Tounès a introduit sa conférence, indiquant que le lapsus était intentionnel. Il a ajouté : «Ce qui s'est passé est le résultat d'une action de violence planifiée et exécutée par lesdits comités de protection de la révolution, et ce, en la présence de représentants des partis de la Troïka, notamment Ennahdha et le Congrès pour la République (CPR), qui ont conduit une manifestation jusqu'au local de l'Union régionale de l'agriculture et de la pêche de Tataouine. Ces comités (faisant allusion aux comités de protection de la révolution sus-cités) ne sont que des bandes de malfaiteurs et de voyous que tout le monde connaît et notamment le pouvoir». Démenti et preuves Selon lui, ce qui a été dit par le ministère de l'Intérieur, à propos de la mort de Lotfi Naguedh suite à une crise cardiaque, n'est pas fondé, affirmant que son parti détient un enregistrement qui confirme une autre version des faits. Pour sa part, le secrétaire de Nida Tounès, Taïeb Baccouche, a indiqué que le mouvement dispose de photos qui prouvent que la mort de la victime a été violente et suite à un lynchage de la part de certains malfaiteurs qui étaient censés organiser la manifestation des sympathisants de la Troïka. «Aussi, nous avons les témoignages de son cousin et de son beau-frère qui étaient sur place et qui ont été agressés et empêchés de le sauver. Les forces de l'ordre ont essayé de l'évacuer du local de l'Urap mais on l'a arraché de leurs mains puis agressé, malmené à coups de pied alors qu'il était à terre. Et on a même cassé une brique sur son thorax ! Et nous avons les photos qui prouvent cette version des faits», a enchaîné le secrétaire général de Nida Tounès. Nida Tounès accuse Ennahdha Pour sa part, le président du mouvement Nida Tounès a indiqué que la victime n'avait aucune relation avec l'ancien régime et le RCD et qu'elle vivait à l'étranger avant de retourner en Tunisie. Relatant les faits de l'incident, il a affirmé que «le défunt avait, plusieurs jours avant son assassinat, alerté les autorités sur des menaces qu'il avait reçues. Les autorités n'ont pas bougé le petit doigt pour éviter ce drame et même sur place le jour de l'incident, la réaction des agents de la sécurité n'était pas à la hauteur», a-t-il ajouté. Selon lui, le président du mouvement Ennahdha, qui avait déclaré que Nida Tounès est plus dangereux que les salafistes, a passé un appel à la violence contre son mouvement. «Son message était de la violence politique qui préparait la violence physique et c'est ce qui se passe depuis un certain temps. Et nous ne sommes pas la seule cible mais notre mouvement est le gros morceau visé par cette violence. Ils ont essayé de nous exclure par la loi et ils n'ont pas pu, donc ils ont eu recours à la violence. D'ailleurs, plusieurs incidents et agressions contre nos militants ont été enregistrés dans diverses régions dont Sfax, Testour, Ksar Helal, Kélibia, etc», a-t-il ajouté. Insistant sur le rôle de l'Etat dans la protection des citoyens et des propriétés privées et publiques, Béji Caïd Essebsi a qualifié de «mauvais tournant» ce que vit actuellement le pays «avec une violence qui s'accroît davantage en l'absence d'une réaction positive de l'Etat pour garantir la sécurité des gens». Il a affirmé que son mouvement ne compte pas recourir à des instances judiciaires internationales pour prouver sa version des faits. D'autre part, il a indiqué que la famille de la victime a tout le droit d'y recourir pour obtenir justice. Dans ce sens, il a précisé que les résultats de l'autopsie ne pouvaient être diffusés qu'après un certain nombre de jours (4 jours en l'occurrence) contrairement à ce qui a été déclaré par le ministère de l'Intérieur. «La situation que vit le pays est critique avec les tentatives de mainmise sur la vie politique de la part d'Ennahdha», a-t-il souligné, tout en déclarant que cette dernière «ne devrait pas détenir tous les ministères clés afin d'éviter le retour du parti dominant». «Le processus démocratique est boiteux et il est temps de se rattraper. C'est une question de vie ou de mort pour la Tunisie et il faudra une profonde prise de conscience pour sortir de cette situation critique. Le réel danger est que l'Etat ne joue pas son rôle de protecteur des libertés, des individus et des propriétés. En ce qui nous concerne, nous sommes prêts à dialoguer. Eux, la Troïka, ils n'ont plus d'autre solution que le dialogue», a conclu le président du mouvement Nida Tounès avant de tenir une réunion du bureau exécutif élargi de son mouvement. Articles liés : - La goutte d'eau qui a fait déborder le vase - Démenti concernant un second décès - La famille de Lotfi Nakdh exige une nouvelle autopsie - La société civile s'indigne - L'Ugtt et la Cgtt joignent leurs voix à la condamnation -