En ce 23 octobre 2012, la soirée de l'Octobre musical était une soirée particulière car l'orchestre de chambre qui a assuré le concert était tunisien, plus précisément de l'Institut Supérieur de Musique de Sfax. Sous la direction d'Andreea-Aura Ciornenchi Grigoras, chef d'orchestre et co-fondatrice de l'orchestre en 2000 avec Cezar-Bogdan Grigoras : premier violon soliste, Majdi Lajmi, Ghada Hamza, Mohamed Daoud, Rahma Maatoug, Fatma Charfi, Nouha Mallek, Rayen Fakhfakh, Sonia Doghri, Akram Hriz, Racem Maaloul, Bayrem Zouch, Chedly Dammak et Saïd Fekih ont investi la salle des concerts de la 19ème édition de l'Octobre musical pour un moment de partage musical placé sous le signe de la grandeur et d'une revisite des airs classiques les plus connus...
Surprenant et prometteur sont les deux qualificatifs qui pourraient désigner l'Orchestre de Chambre de l'Institut Supérieur de Musique de Sfax. La surprise vient de l'homogénéité, du son juste et de la rigueur dans l'exécution d'un programme diversifié et dense comprenant des pièces de Georg Friendrich Haendel, Jean Sébastien Bach, Antonio Vivaldi, Johann Christoph Pachelbel, Henry Purcell, Wolfgang Amadeus Mozart et Astor Piazzolla. Prometteur, l'orchestre l'est par son professionnalisme et le talent qui se laisse entrevoir parmi les membres de la formation. Qu'ils soient violoncellistes, violonistes ou pianistes, les jeunes musiciens étaient appliqués et ont su maintenir en haleine le public qui a répondu présent.
Les compositions et leurs mouvements ont défilé et scandé le rythme du concert. Des pièces baroques, classiques ou modernes ont défilé sous les doigts des artistes. La juste mesure était de mise mais il lui manquait cette once de volupté qui aurait donné le son mélodieux qui enivre et transporte au loin. Plutôt axée sur la puissance, l'exécution des mouvements était un peu forte.
Invité en tant que soliste, l'accordéoniste Saïd Fekih a rendu hommage au compositeur Astor Piazzolla. Le musicien brillait dans son interprétation même si le son émanant des différents instruments de l'orchestre avait tendance à prendre le dessus parfois sur l'accordéon au lieu de l'accompagner. Un choix peut-être dans la présentation de la pièce préconisé par le chef qui n'était pas partagé par quelques mélomanes. Ces derniers trouvaient que le « Libertango » de Piazzolla a été exécuté d'une manière rapide et qu'il a été orientalisé. Deux écarts enregistrés à la fin du concert qui ont limité le plaisir qu'avait procuré l'orchestre pendant une heure.
En dépit de ces petits désagréments, l'orchestre était une découverte. En discutant avec les différents membres de la composition une chose primordiale se faisait sentir : l'amour de l'art et la passion pour la musique. Deux ingrédients qui ont animé les artistes en filigrane du jeu. Des artistes prometteurs qu'on aurait du plaisir à réécouter sur la scène carthaginoise ou ailleurs ...