Repli stratégique ? Tactique de la diversion ou, tout simplement, un mea culpa déguisé en professions de foi ?Voilà que les « dignitaires » djihadistes – on ne sait trop dire, s'ils sont des salafistes au sens anthropologique du mot – tempèrent le déchaînement meurtrier de leurs troupes et se redécouvrent une vocation (re)conciliatrice ! Ils réagissent à l'appel de l'Imam au djihad sur le plateau de Moëz Ben Gharbia ; un appel qui donne froid dans le dos et s'apparente beaucoup plus au rituel des sectes qui appellent à la mort pour le paradis éternel, qu'à des motivations profondément religieuses.
Au demeurant, que les deux ministres présents sur le même plateau, (Ali Laârayedh et Samir Dilou), s'insurgent contre cette illumination, cela prouve qu'Ennahdha, elle aussi, se démarque – à son corps défendant ? – et lâche ces mouvances, dont Rached Ghannouchi n'avait cessé de dire qu'il y revivait sa jeunesse. Or, il existe une confusion, à la base, une espèce de mélange des genres. Le premier salafisme du temps du Prophète n'avait rien de violent... C'était même une confrérie. C'est la connotation wahabiste qui s'y est greffée par la suite, qui lui a conféré cette « dimension » djihadiste.
Posons, néanmoins, la question : qui sont ces gens actuellement en Tunisie ? Le Pouvoir sait que cette mouvance est une alchimie d'extrémistes djihadistes, d'anciens miliciens du RCD et, même, des brigands, des repris de justice, chichement rémunérés à la journée, sans parler des rejetons d'Al Qaïda.
Qu'un idéologue du djihadisme violent (excusez le pléonasme), tel Al Khatib Al Idrissi, ou qu'un fauteur de troubles, officiellement compromis dans l'attentat contre l'Ambassade américaine tel Abou Iyadh, jouent maintenant aux colombes, cela interpelle notre vigilance. Sont-ils disposés, par exemple, à libérer les 400 mosquées sous leur coupe ? Posons leur la question et ils nous répondront : non !
C'est dans l'essence de leurs fantasmes qu'ils cherchent à ériger en idéologie. En tous les cas, leur islam n'est pas le nôtre, celui bâti sur le savoir et l'universalité des valeurs. Savent-ils dialoguer ? Non !