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L'enfer est pavé de bonnes intentions...
Ouverture de la 24ème session des Journées Cinématographiques de Carthage
Publié dans Le Temps le 18 - 11 - 2012

Il serait malhonnête de la part d'un journaliste qui se respecte d'affirmer que l'ouverture, vendredi soir, de la 24ème session des JCC fut une réussite totale. Certes, on sentait que les intentions des organisateurs étaient plutôt bonnes. Il y avait d'abord cette volonté de célébrer à travers l'événement une énième fête du cinéma du Sud et du cinéma tout court.
Des artistes de tous les âges furent honorés à qui l'on donna l'occasion de s'exprimer par les mots, la musique et les images. On souligna également le souci de réhabiliter les causes universelles pour lesquelles le cinéma africain et plus particulièrement les JCC ont longtemps milité, nourrissant ainsi l'espoir de renouer avec leurs périodes fastes et de réconcilier sous nos latitudes nationales et continentales le public avec le 7ème Art. D'autre part, tout en rendant hommage aux premières générations qui lancèrent le cinéma dans le Tiers-monde, les organisateurs de la présente session prirent soin de faire participer les artistes jeunes, cinéastes ou pas, à la célébration de cet événement culturel qui les concerne prioritairement. Il appartient à ces jeunes désormais non seulement de poursuivre le travail de leurs prédécesseurs et de l'affiner mais aussi d'apporter leur propre touche rénovatrice.
Vendredi soir, la parole et la scène furent « offertes » aux créateurs de demain ; et dans l'ensemble, ces derniers ne déçurent pas trop les attentes; les chanteurs en particulier qui animèrent la prestigieuse salle du Colisée avec leurs airs frais empreints de l'esprit contestataire propre à leur âge et au contexte révolutionnaire actuel. Les troupes africaines invitées mirent à leur tour le public en transe et amenèrent certains déhanchements « exotiques » dans le parterre.
Mais il y eut aussi des ratés, qui hélas, ne passèrent pas inaperçus. Le pire de tous se produisit à l'entrée du Colisée, pendant que les « invités d'honneur » défilaient aisément, élégamment et parfois ridiculement sur le tapis rouge, les invités de deuxième et troisième catégorie se bousculaient ou plutôt se faisaient bousculer de l'autre côté des barricades dressées par dizaines pour, nous dit-on, prévenir les débordements et l'infiltration d'intrus. Ce fut chaud, comme accueil ! Même très chaud, à en juger d'abord par les coulées de transpiration visibles sur tous les visages des « invités de déshonneur », ensuite par les frictions quelquefois musclées qui se déclenchaient parmi la foule déferlante et enfin par les « accolades » peu amicales que réservaient à ce public les vigiles bien baraqués installés à l'unique entrée, très étroite qui plus est, destinée aux « infra » du festival. Ce drôle de « film d'action » digne des séries du genre se déroulait sur des airs plus hollywoodiens qu'africains chantés par une jeune artiste dont personne, manifestement, n'appréciait les talents d'imitatrice. D'aucuns la huèrent au moment où d'autres conspuaient M. Mehdi Mabrouk, Ministre de la Culture. Dans un autre coin de l'immeuble, deux petits groupes de jeunes mécontents tentaient d'attirer l'attention sur leurs revendications respectives avec le tintamarre de quelques ustensiles de cuisine qui, hélas, avaient de la peine à couvrir la musique assourdissante que les organisateurs des JCC diffusaient.
A l'intérieur du cinéma, les « infra » mirent du temps pour s'installer dans leurs sièges. Les photographes- il y en avait trop à notre goût- se montrèrent trop remuants. Comme d'habitude, quoi ! Quant à l'ouverture effective de la session, elle retarda de 45 minutes par rapport à l'heure prévue. A partir de 10 heures, une certaine discipline commença à régner dans la salle et sur scène. Lorsque débuta la projection du film « Dégage », le public se concentra sur l'écran et se montra très réactif devant les scènes diverses que déroulait ce modeste témoignage cinématographique de Mohamed Zran sur la « Révolution » tunisienne.
Déclarations
M. Mohamed Médiouni (Président de la 24ème session des JCC) : « Dommage ! »
Interrogé sur la désorganisation constatée au moment de l'entrée du grand public dans la salle du Colisée, M. Mohamed Médiouni ne cacha pas son désarroi :
« Que voulez-vous ? Nous avons essayé de tout maîtriser à l'intérieur de l'immeuble du Colisée. Mais les débordements viennent de l'extérieur. Nous avons compté sur le service d'ordre déployé par le Ministère de l'Intérieur pour faciliter et discipliner dès 18 heures ces mouvements du public. Dommage, ça n'a pas fonctionné comme nous l'espérions. Même la manifestation de soutien au profit de Gaza, organisée l'après-midi, nous a desservis. Allah ghaleb ! »

Deux vigiles du service d'accueil : « Nous avions des instructions »
Nous avons reproché à deux vigiles leur accueil presque inhospitalier pendant l'entrée du grand public. Voilà ce qu'ils nous ont répondu :
« Ce n'était pas de la violence de notre part. Nous avions pour consigne première de prévenir l'entrée d'intrus capables de semer la zizanie à l'intérieur de la salle ; et Dieu sait qu'il y en avait pas mal dans la bousculade. En ce qui concerne l'entrée réservée au public, la décision d'en ouvrir une autre n'est pas de notre ressort. Nous n'avons fait qu'appliquer les instructions ! »

M. Mourad Amdouni (Membre de L'Assemblée Constituante) : « En deçà des attentes ! »
pour ce constituant malmené la veille à l'occasion d'une manifestation de solidarité avec les Palestiniens, la cérémonie d'ouverture de la 24ème session « a été dans l'ensemble en deçà des attentes. Pour ce qui est de la débandade enregistrée à l'entrée du Colisée, je réaffirme mon rejet de toute manifestation dont l'organisation, ou plutôt la désorganisation, bafoue la dignité de son public. Je dois cependant reconnaître la réussite de cette cérémonie notamment au niveau de certaines prouesses technologiques et techniques. Par contre, les parties du programme de la soirée sont, à mon avis, mal agencées. Enfin, qu'on ne m'en veuille pas de rentrer avant la fin du film de Mohamed Zran. Ma semaine fut vraiment éprouvante ! »

Commentaire

Permanence de l'éveil révolutionnaire ou fructification de nouveaux « fonds de commerce » ?
Nous ne sommes pas les seuls à suspecter certains comportements soi-disant contestataires et qui confinent plutôt à la vile exploitation commerciale, sinon populiste, des idéaux de La Révolution, du patriotisme et du panarabisme. Vendredi soir, on entonna plus d'une fois et dans des versions « inédites », plutôt barbares, l'hymne national tunisien. Pour un peu, on l'aurait accompagné, cet hymne, avec les instruments d'une troupe de mézoued ; ou bien on l'aurait psalmodié en version « soulamia » ! Et à chaque fois, nous dûmes observer, debout bien sûr, le recueillement digne de pareils hommages patriotiques. On nous appela aussi à une minute de deuil à la mémoire des récentes victimes palestiniennes. Des artistes tunisiens raillèrent à l'envi le régime de Ben Ali et fustigèrent généreusement son entourage de corrompus. L'expression « Dégage » était encore dans toutes les bouches, galvaudée par tous à l'encontre de tout le monde. Quand ils répugnaient à se servir de la Révolution ou de Gaza pour braire leur « engagement », d'autres habitués des JCC préférèrent comme déguisement de parade, une barbe ou une coiffure ou encore une tenue d'artiste soixante-huitard. Même le badge des JCC pouvait faire l'affaire des snobinards de la Révolution. Il y en avait qui le portaient comme d'autres la keffieh palestinienne ou le béret de Che Guevara.

Certes, la plupart des festivals du monde entier donnent lieu à toutes sortes d'excentricités, mais dans le cas de la 24ème session des JCC, nous aurions aimé qu'elle observe une minute de silence pour chaque salle de cinéma fermée sous nos cieux, dans le monde arabe, en Afrique et en Asie ! Dans ce sens, l'initiative de l'Association Tunisienne d'Action pour le Cinéma (ATAC) est plus que louable : les banderoles qui dénoncent l'hécatombe des salles d'exploitation cinématographique et les pétitions en faveur d'une action pour stopper l'agonie du cinéma dans notre pays, représentent le moindre service qu'on doive rendre au 7ème Art qui se meurt chez nous et prospère encore dans les pays développés en dépit de toutes les concurrences. Les JCC figurent parmi les dernières poches de résistance mobilisées contre la médiocrité et le mauvais goût ambiants. Les poussées rétrogrades qui accompagnent le « Printemps arabe » n'incitent guère à l'optimisme. La misère, la faim, l'analphabétisme qui sévissent encore en Afrique et dans le monde arabo-musulman ne peuvent qu'affaiblir davantage l'intérêt de leurs peuples pour les vertus du cinéma et de l'Art d'une manière générale. Encore faut-il que leurs dirigeants politiques ou culturels veuillent bien gouverner des peuples aux ventres repus et aux esprits curieux ! Cela fait quelques décennies déjà que le 7ème Art agonise dans nos contrées. Qu'ont fait les officiels pour réanimer le mourant ? On se soucie chez nous de la réussite d'une cérémonie d'ouverture des JCC ! Pas mal ! Mais qu'on se rappelle que depuis des lustres, personne n'a songé à la construction d'une autre salle de cinéma aussi digne de ces cérémonies que l'orphelin Colisée. L'Etat tunisien et son Ministère de la Culture sont, paraît-il, les derniers que la réalisation d'un tel projet puisse démanger ! Qui sait ? Un jour peut-être, des officiels tunisiens ou alors des « comités de protection de la Révolution » manifesteront pour revendiquer la fermeture, non, la destruction, non, le bombardement du Colisée ! Le cinéma, n'est-ce pas une invention des « idolâtres » occidentaux !
Après ça, à quoi pourraient servir la minute de silence en l'honneur des martyrs palestiniens, les hymnes entonnés à tout bout de champ et les curées rcdistes ? Arrêtez votre cinéma messieurs de la « culture engagée et enragée » ! Trêve de slogans tapageurs ! Les Palestiniens et nos martyrs meurent pour la dignité. Or, lorsque l'on constate que les 100.000 moutons importés de Roumanie à l'occasion de l'Aid el Kébir bénéficièrent chez nous d'un meilleur accueil que celui réservé aux 2 à 3 mille « invités » de la 24ème session des JCC, nous nous voyons obligés de lancer des « bêêê » de rage et d'indignation!
Reportage et commentaires


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