L'espace Aïn abrite, depuis le 09 novembre, une exposition personnelle de l'artiste-peintre Habib Bida, qui se poursuivra jusqu'au 28 de ce mois. L'exposition qui comporte 21 tableaux baigne dans la peinture abstraite offrant une variété de couleurs, de formes et de lumières. Le visiteur appréciera sans doute la cohérence chromatique et cette communication harmonieuse entre les différentes couleurs qui, de par leurs nuances embrassées, s'accommodent et se concordent à merveille pour donner une signification, un message. Cependant, le visiteur découvrira qu'à travers cette cohérence en forme, en couleur et en matière que ces travaux révèlent non seulement l'abstraction artistique et créatrice du peintre mais aussi une portée intellectuelle qui vise à atteindre le beau, le sublime, le parfait. Disons de prime abord, que Habib Bida est d'abord un intellectuel ; il est titulaire d'un Doctorat d'Etat depuis 1993. Sa thèse en Esthétique et Sciences de l'Art est intitulée « La notion d'imitation de la nature dans l'art arabo-islamique » où il expose sa vision plastique sur l'art arabo-musulman. C'est que nous sommes en présence d'un grand connaisseur de l'art et dont les travaux sont d'une qualité plastique distinguée. Ses recherches universitaires et ses études académiques se situent au premier rang de ses préoccupations. Mais les expositions du Dr Habib Bida ont toujours été remarquables par leur valeur esthétique et thématique et leur niveau plastique élevé. Il a réalisé depuis entre 1980 et 2001 plusieurs expositions personnelles et collectives en Tunisie et à l'étranger (Algérie, Maroc, Mauritanie, Libye, Emirats-Arabes-Unis, Oman, Syrie, Kuweit, France, Espagne, Allemagne, Suisse, Bulgarie, Roumanie, Cuba, Inde, Qatar ) . Il a également récolté plusieurs prix dont le 2ème Prix de l'Union des Artistes Plasticiens Tunisiens, le Prix Spécial du Jury à la Biennale de Sharjah, le Prix Jeux Coupe d'Afrique Tunis, le Grand Prix de la ville de Tunis, le 2ème Prix de la ville de Sfax, le Prix de l'Environnement.
Dans cette exposition, l'artiste semble accorder le plus d'importance aux valeurs chromatiques ; c'est d'après cette explosion de couleurs qui tantôt se combinent et se marient, tantôt s'éloignent et se dissocient, pour enfin donner une entité cohérente, consistante et élégante : c'est la complémentarité dans la différence. Le préfixe « trans » inclus dans ces trois titres : « transcendance », « transpercions » et « transmutation », révèle le souci de l'artiste d'aller avec son art vers des horizons inconnus, là où l'on peut dévoiler un certain secret et atteindre le sublime, le beau, le parfait. C'est le désir de transformation, de changement. Cette idée d'évolution, toujours en quête d'une beauté absolue, est d'ailleurs perceptible dans tous les travaux exposés qui, de par cette explosion chromatique, provoque une révolution permanente qui fait éclater les couleurs et les signes en procurant un plaisir visuel et une sensation de bonheur, comme dans une fête. D'ailleurs, les tableaux intitulés « Festival du rouge », « Festival du jaune », « Fêtes de signes », « Musicalité » révèlent cette cérémonie en l'honneur des couleurs et des signes qui invitent au rêve et à la méditation.