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Fragments de vie
Présence des arts : Exposition collective «Echo de couleurs» au club culturel Tahar-Haddad
Publié dans La Presse de Tunisie le 23 - 06 - 2012

Le hall du café culturel Tahar-Haddad à la Médina abrite depuis le début du mois une exposition de peinture intitulée «Echo de couleurs». Cette exposition est le fruit d'un travail collectif réalisé au sein de l'association «Aniir» des arts plastiques de Médenine. Signée par quatre artistes peintres dont le président de ladite association Habib Ghourabi et les membres Bilel Trabelsi, Abdessalem Tkitek et Abderraouf Lysyr (enseignants de dessin), cette exposition comporte une trentaine de toiles réalisées à partir de différentes techniques vigoureuses qui mettent l'accent sur des thèmes relatifs à la femme, à l'être humain, à la vie et au rêve.
L'artiste plasticien Habib Ghourabi, qui participe avec 11 toiles, use de la technique de l'acrylique sur des supports en toile ou en bois. Son travail est la somme d'une grande recherche en la matière, comme le démontrent les formes et les couleurs de sa palette, qui se base sur l'art de la calligraphie. Inspiré de la vie traditionnelle des femmes tunisiennes, il propose un tableau titré «Voyage dans le non-lieu». Il s'agit de trois portraits de femmes voilées au clair de lune, usant d'une dégradation de couleurs chaudes pour adoucir ces visages qui dégagent sérénité et quiétude et mettent en exergue la gracilité de la femme. Dans cette même optique, le peintre Bilel Trabelsi a préféré quant à lui allier le corps de la femme à celui de la terre, deux symboles de fertilité.
Dans son tableau intitulé «Les laboureurs», qui dessine par un jeu de contraste de couleurs, tantôt chaudes, tantôt froides, des silhouettes à l'œuvre, restituant finement la vie pénible des femmes africaines, travailleuses et battantes. Sous un autre angle, ce même peintre amène son visiteur dans un autre univers à la fois rêveur et ambigu.
Par un choix étudié de couleurs et une précision dans les formes, le tableau «Danse frénétique» dévoile le portrait d'un couple de danseurs indiens qui se fondent dans un univers tumultueux exprimant d'une part la joie de la vie et d'autre part ses turbulences. Un pur mélange de force et de fragilité. Elaboré avec beaucoup de sensibilité, la toile de Bilel Trabelsi, peinte à l'huile et intitulée «Contemplation romantique», nous invite à réfléchir sur la condition humaine et à comprendre par ce regard si précis d'un homme en posture figée, sur le sens de la vie et nous appelle à rechercher dans les tréfonds de l'être, qui reste toujours mystérieux, cette âme fragile et tourmentée.
La participation de l'artiste Abdessalem Tkitek a été, quant à elle, caractérisée par une illustration sensible et colorée du thème de la nostalgie, notamment avec les tableaux «Parcours», «Mémoires», «Mémoire marine», «Rencontre»... Dans un contraste significatif, ses œuvres traduisent l'idée des retrouvailles, du souvenir tout en mariant les styles et les formes. Dans «Mémoire marine», le dessinateur brosse le portrait d'un pêcheur au visage ridé par le vent entouré par les filets tout en focalisant sur le regard captivant, à la fois doux et dur de ce personnage, nous invitant à voyager dans le monde pittoresque des pêcheurs. Outre ces techniques, les peintres ont varié les styles, les textures et les formes. La technique du cubisme dans certains tableaux, telles les deux toiles de Abderraouf Lysyr, est caractérisée par la présence de différentes formes géométriques circulaires, carrées, emboîtées les unes dans les autres et en toutes les couleurs, le marron et ses dérivés, le bleu... une manière à traduire la vérité et une recherche à comprendre les mouvements et les ondulations qui reflètent l'état d'âme de l'humain.
Dans chacune de ses œuvres, nous retrouvons le symbole de la lumière, «parce que la lumière est la base de toute création picturale», a affirmé Abdessalem Takitek. Une exposition collective qui dégage beaucoup de sincérité mariant différentes techniques, textures, effets de matières et de couleurs et dessine en tout un fragment de la vie de chacun de nous. Il reste à signaler que l'association «Aniir» dont le nom est d'origine tamazight qui signifie «chandelle» a été créée en 2007 par un groupe d'artistes de la région de Médenine. Présidée par Habib Ghourabi, elle rassemble 11 membres artistes et organise chaque année une exposition qui réunit les artistes de la région. La toute dernière et actuelle «Echo de couleurs» s'est tenue en fin de mai dernier à Médenine et se poursuivra jusqu'au 30 juin à Tunis au club culturel Tahar-Haddad.


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