Riadh Bettaieb, ministre de l'investissement et de la coopération internationale et Touhami Abdouli, secrétaire d'Etat auprès du ministre des affaires étrangères chargé des affaires européennes, ont défendu, mercredi 21 novembre , avec force, l'accord relatif à l'octroi à la Tunisie du statut de partenaire privilégié de l'Union européenne, à la place de son statut actuel de simple associé, signé le 19 novembre, à Bruxelles, en présence de nombreux responsables et hommes politiques tunisiens et européens. Lors d'une conférence de presse donnée, ce mercredi 21 novembre à Tunis, au palais du gouvernement à la Kasbah, Riadh Bettaieb a qualifié cet accord d'occasion inouïe qui s'offre à la Tunisie pour impulser son développement et rejoindre le cortège des nations avancées. Davantage que la simple association, un partenariat privilégié mené à son terme doit déboucher sur une intégration complète et approfondie à l'espace européen sur le plan économique et un alignement tout aussi complet au modèle européen, en matière de politique et de système e gouvernement, s'agissant de démocratie, respect des droits de l'homme, liberté de la presse, gouvernance , transparence, indépendance de la justice, etc. L'accord implique, également, une adaptation plus poussée aux systèmes de modèles européens dans les domaines de l'enseignement, la recherche scientifique, la santé, l'emploi, la cohésion sociale. D'après les officiels tunisiens, loin de s'en offusquer, la Tunisie désire, même, de la part de l'Union européenne, un traitement semblable au traitement que confère l'adhésion sans adhésion. Aussi, Touhami Abdouli a rejeté les critiques lancées contre l'accord, disant que nous n'avons ni vendu ni hypothéqué la Tunisie, avant de noter que beaucoup d'autres pays dans la situation de la Tunisie aspirent parvenir à ce que la Tunisie a pu obtenir.
Les deux responsables tunisiens ont affirmé que l'accord illustre la confiance des européens dans la réussite de la transition démocratique en Tunisie, et ils ont accordé à notre pays ce statut avancé parce qu'ils ont jugé qu'il remplit les conditions requises. Selon les données fournies par le ministre et le secrétaire d'Etat, il s'agit d'une déclaration politique consacrant l'octroi à la Tunisie de statut de partenaire privilégié, assortie d'une feuille de route ou plan d'action détaillant les actions et démarches à entreprendre en vue de concrétiser ce statut et le traduire dans les faits. Parmi ces actions figure, notamment, la conclusion d'un accord de libre échange complet et approfondi devant assurer une intégration économique et sociale effective de la Tunisie à l'espace européen, ce qui permettra d'augmenter la compétitivité de l'économie tunisienne et la capacité des entreprises tunisiennes à accéder aux marchés européens avec des normes de productions très proches du label européen. Au même moment, ce label européen est propre à faciliter aux produis tunisiens la conquête d'autres marchés en dehors de l'Europe. Les responsables tunisiens ont tenu à rappeler que l'Union européenne accapare 75% des échanges de la Tunisie avec l'extérieur.
Accompagnement européen Dans ce but, l'Union européenne va accompagner et assister la Tunisie, sur le plan technique et financier pour l'aider à introduire les réformes et les mises à niveau nécessaires. Tout est négociable, mais l'avantage est que le montant de l'assistance financière européenne est fonction de l'avancement dans la réalisation des réformes. A cet égard, Mr Ridha Bettaieb a écarté les éventuelles craintes au sujet des effets de cette libération générale des échanges sur l'économie tunisienne, rappelant que des appréhensions avaient été formulées lors de la conclusion de l'accord d'association avec l'Union européenne en 1995 concernant l'avenir du secteur industriel tunisien face à son rival européen, mais au contraire, l'industrie tunisienne a énormément gagné et les exportations industrielles tunisiennes vers l'Europe se sont développées, grâce à l'accord d'association. Le mérite du nouvel accord est qu'il est global et couvre tous les domaines, comme l'émigration qui sera traitée en terme de mobilité et de circulation des personnes. En fonction des accords futurs à ce sujet, la Tunisie espère que certaines catégories de personnes parmi les tunisiens comme les professeurs universitaires ne devraient pas avoir besoin de visas pour entrer dans les pays de l'Union européenne alors que d'autres catégories comme les étudiants, les prestataires de services, devraient obtenir automatiquement des visas quand ils le demandent. Durant ces cinq prochaines années, la partie tunisienne espère aussi avoir droit à une assistance financière substantielle, de l'ordre de 400 millions euros par an, au lieu de 160 millions par an, depuis 2011, soit le double du montant servi, annuellement, avant la révolution (80 millions euros).