Plusieurs films africains sont à l'affiche lors de cette 24ème session des JCC. Certains entrent dans la compétition officielle, d'autres sont programmés dans le cadre de la sélection des films retrouvés ou restaurés, d'autres encore sont proposés au public dans le cadre des hommages rendus par cette session aux différents producteurs et metteurs en scène africains qui ont fait leur preuve dans la promotion du cinéma africain durant les dernières décennies. Parmi ces derniers, figure le film « Baara » (Travail) de Souleymane Cissé auquel les organisateurs ont consacré neuf films en hommage à cet illustre metteur en scène malien.
La projection de « Baara » a eu lieu jeudi 22 novembre à 15h au Théâtre Municipal. Le film nous offre des images authentiques et vivantes de la vie africaine, précisément au Mali, terre natale du cinéaste Souleymane Cissé, des images sur les dures conditions de travail dans les usines, la corruption des patrons et l'exploitation des ouvriers. Il nous donne également une idée sur la marginalisation des jeunes et leurs démêlés avec la police. C'est l'histoire d'un jeune paysan malien qui travaille comme « Baara », c'est-à-dire porteur de bagages à Bamako. Un jour, il sympathise avec un jeune ingénieur. Celui-ci le prend sous sa protection, l'aide à abandonner le monde des marginaux pour entrer à l'usine. L'ingénieur, qui a fait ses études en Europe, tente d'appliquer ses idées libérales au sein de l'usine, en jouant le rôle d'un vrai leader syndical qui entre en conflit avec le patronat.
Ce premier long-métrage produit au Mali par Souleymane Cissé dénonce le diktat des patrons de sociétés qui s'enrichissent par l'exploitation de leur personnel. Les méthodes démocratiques prônées par le jeune ingénieur, rentré fraichement d'Europe où il a fait ses études supérieures, sont à l'origine de la révolte des ouvriers et, par conséquent, ne sont pas acceptées par ces patrons parce qu'elles vont sûrement les déranger. Balla Traoré (le jeune ingénieur) embauche donc « Baara », comme manœuvre dans une entreprise à Bamako. Grâce à lui, les ouvriers bénéficient non seulement des avantages liés à leur métier, mais aussi des conditions de travail plus humaines. Un jour, il décide d'organiser une réunion avec les ouvriers. Ce qui provoque la colère de Sissoko (le patron) qui le fait aussitôt enlever et malmener. Son ami « Baara » se retrouve de nouveau face à la violence de la rue. Ce film a valu au cinéaste malien, l'Etalon de Yennenga, grand prix du Festival Panafricain de Cinéma de Ouagadougou (Fespaco) en 1978.
La projection de ce film relativement ancien dans le cadre de l'hommage rendu au grand cinéaste africain Souleymane Cissé a le mérite de rappeler l'œuvre cinématographique engagée de ce metteur en scène au parcours impressionnant qui jouit d'une grande célébrité et dont les films bénéficient d'une bonne distribution à l'échelle africaine et mondiale. De même, c'est l'occasion aux jeunes cinéphiles tunisiens de découvrir le cinéma africain qui se fait l'écho des préoccupations et des malheurs des peuples du Continent Noir, sachant que les films africains ne passent chez nous qu'en temps du festival, étant absents en cours d'année. Un bémol, cependant, est à noter, c'est que le dialogue est dans la langue du pays (le Mali), ce qui a été une entrave à la bonne compréhension de l'histoire, ce qui a poussé certains spectateurs à quitter la salle avant la fin de la projection. C'est dommage que le film ne soit pas muni d'un sous-titrage en français ou en anglais !