Centre de Tunis pour la liberté de la presse, présidé par le journaliste opposant sous Ben Ali, Fahem Boukaddous, publie son premier rapport du mois de novembre 11 atteintes à la liberté de la presse ont été recensées par le Centre
Une odeur d'encre fraîche se dégage de ce rapport signé par le Centre de Tunis pour la liberté de la presse. Lequel vient tout juste de coucher sur du papier un compte rendu de toutes les violations à la liberté de la presse perpétrées pendant le mois de novembre. Il s'agit du premier rapport en son genre qui recense non seulement ces atteintes mais livre aussi quelques recommandations et analyse les faits tels qu'ils se présentent par l'actualité. Il est à remarquer pour commencer, selon la même source, que les atteintes à la liberté de la presse continuent à augmenter ce qui donne à penser qu'il est question d'une politique de répression et non pas de cas isolés d'agressions à l'encontre des journalistes ou photographe de presse. Selon Fahem Boukaddous, journaliste opposant sous Ben Ali, et actuel président du centre « Toute atteinte à la liberté de la presse est illico presto recensée par notre centre. Un blogueur, un photographe ou toute personne censée produire une matière journalistique a droit à nos services. Notre travail consiste à publier des communiqués dans les trois langues, anglaise, française et arabe à des acteurs de la société civile nationale et internationale. Le but étant de sensibiliser la communauté nationale et internationale de la gravité des atteintes à la liberté de la presse, chose qui fera de la mauvaise publicité aux agresseurs quels qu'ils soient. Notre aide peut aller jusqu'à saisir la justice pour prouver le bon droit de la personne agressée. »
Il est à noter que le centre a recensé jusque-là 11 atteintes à la liberté de la presse. « Notre travail consiste, par ailleurs, à sensibiliser les journalistes de leurs droits les plus absolus, comme l'accès à l'information. Sans oublier qu'abreuver un journaliste d'insultes est aussi une atteinte à la liberté de la presse. » avance Fahem Boukaddous qui cite dans son rapport d'autres exemples vivants de ces atteintes. Le Centre rapporte à titre indicatif que le journaliste indépendant Ghazi Mabrouk qui comparait devant la justice pour avoir écrit un article considéré diffamatoire ne peut qu'être qu'un exemple de la violation de la liberté de la presse. Le journaliste qui sera assimilé à un malfrat peut être condamné à un emprisonnement entre un an et deux ans et à payer une amende allant de 100 à 1000 dinars puisqu'il sera jugé selon le code de la télécommunication. Autre exemple à citer est celui de l'agression faite au photographe indépendant Ali Karboussi qui a été violenté le 15 novembre dans une marche pacifique de soutien au peuple palestinien. Le photographe qui a présenté sa carte de presse professionnelle, n'a pas empêché son agresseur, un agent de l'ordre, de l'accabler d'insultes.
On ne passera pas sans parler des agressions contre des équipes journalistiques qui se déplaçaient pour la couverture d'évènements. Le 16 novembre l'équipe de la chaîne de télévision Hannibal a été agressée par des citoyens du côté de Gafsa là où il a été appelé à faire une interview au siège du gouvernorat. A sa sortie du lieu du travail, des jeunes contestataires lui ont demandé de leur accorder un espace dans le reportage qu'il préparait pour le journal télévisé. Le journaliste qui a refusé en leur expliquant qu'il n'a pas été chargé par son chef hiérarchique pour couvrir leur sit-in a été couvert d'insultes. Presque le même scénario a été vécu par l'équipe du travail de la chaîne de tv Al Hiwar Attounssi partie couvrir un événement à A Zaghouan (Jradou) là où on a confisqué l'appareil photo d'Oussama Abdelkader. Les attaques cybernétiques ne sont pas en reste. Puisque le Centre recense tout autant les agressions sur le site électronique ‘'Nawat'' cible des hackers depuis le 15 novembre. L'encre noire qui se déverse sur ce rapport signé par le Centre de Tunis pour la liberté de la presse n'est qu'une manière de montrer que la société civile a son rôle à joue pour limiter les atteintes faites à la liberté de la presse. Même si on demeure convaincu qu'il leur reste encore beaucoup de travail à faire dans ce sens pour voir les choses s'améliorer.