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«L'attaque des milices contre l'UGTT montre que Ennahdha ne croit ni au mouvement syndical, ni au mouvement national»
Eclairages: Hammadi Ben Mime, responsable de l'information et de la publication au Parti des Travailleurs parle des événements Place Mo
Publié dans Le Temps le 11 - 12 - 2012

Les événements de ces derniers jours provoquent encore une fois une tension entre «Ennahdha» et l'opposition.
Le scénario devient coutumier, à chaque fois qu'il y a mouvement de protestation sociale, il y a accusation de la part du premier à l'endroit de la seconde, mais cette fois-ci on a l'impression que rien ne va plus entre les deux parties et qu'il n'y a plus de possibilité de compromis, le torchon brûle entre eux et le pays risque fort de s'embraser d'un moment à l'autre.
La manière de négocier par le gouvernement les revendications populaires et la grève générale de Siliana et l'attaque du siège central de l'UGTT par les « ligues de protection de la Révolution » ont versé de l'huile sur le feu, elles sont à l'origine de cette nouvelle polémique. Parmi les protagonistes de l'opposition visés par le parti principal au pouvoir et son allié inconditionnel le CPR, il y a le Front Populaire. Nous avons invité le représentant de l'une de ses principales composantes, à savoir le Parti des Travailleurs. Il s'agit de Hammadi Ben Mime, le responsable de l'information et de la publication au sein de ce parti.
Le Temps : comment vous évaluez les événements de mardi dernier ?
Mr Ben Mime : notre parti considère que la politique de la fuite vers l'inconnu et l'activation des milices représentent une démarche erronée et dangereuse susceptible d'engager le pays dans une spirale de violence, l'installer dans le chaos et le jeter dans une impasse. Nous tenons pour responsable le parti « Mouvement Ennahdha » de tous les préjudices physiques et moraux subis par les syndicalistes et de toute tension supplémentaire que pourrait engendrer ce comportement criminel. Notre parti a souligné que le dépassement de la crise passe nécessairement par la démission du gouvernement et son remplacement par un gouvernement de crise ayant un programme capable d'assurer la direction de ce qui reste de la période transitoire. Le « Parti des Travailleurs » a réitéré son appel à la dissolution immédiate de ce qu'on appelle « ligues de protection de la révolution » et la poursuite de tous ceux qui sont impliqués dans les agressions contre les syndicalistes. Il a, également, invité toutes les forces révolutionnaires, démocratiques et progressistes à serrer les rangs et à faire face contre ce comportement irresponsable et a mis en garde contre les conséquences néfastes qui pourraient se produire si l'on répondait aux provocations et que l'on soit entraîné par les actes de violence et de vandalisme, mettant l'accent sur la nécessité de s'accrocher aux moyens d'expression démocratiques et pacifiques.
Les forces progressistes et démocratiques doivent s'unir toutes contre l'ennemi commun
-Comment expliquez-vous le fait que les « ligues de protection de la révolution » osent commettre cet acte répréhensible alors que le parti qu'elles défendent ne s'est pas remis, puisque le sang de Siliana n'a pas, encore, séché ?
-Tout d'abord, je considère que ces ligues n'ont rien à voir avec la Révolution ni de près, ni de loin, elles n'ont pas participé à la destitution de Ben Ali, d'ailleurs, leur apparition fut après le 14 Janvier. Il est clair qu'en manipulant ces milices « Ennahdha » a essayé de museler les syndicalistes et se venger d'eux à cause du rôle qu'ils ont joué à Siliana quand ils ont soutenu et encadré les mouvements populaires. La commémoration de l'assassinat du leader nationaliste et syndicaliste, Farhat Hached, était le moment propice pour eux pour réaliser leur coup, puisque cette occasion annuelle draine une masse assez importante, donc, ce jour-là, ils étaient sûrs de trouver des syndicalistes qui se rassemblaient, comme il est de coutume, à la place Mohammed Ali avant de former de se diriger en cortège vers la place « La Kasbah »où se trouve le mausolée du martyr. De plus, ils voulaient leur gâcher cette ambiance festive en transforment leur fête en drame pour mieux les châtier. Qu'il soit planifié ou isolé, le comportement criminel de ces groupes fascistes n'innocente pas « Ennahdha » dont le président les a défendus considérant que les syndicalistes étaient les premiers à attaquer et a même appelé les autorités à assainir les locaux de l'UGTT en saisissant les armes qui y sont logées. Pour Ghanouchi, ces ligues de la terreur incarnent l'âme de la Révolution. La responsabilité des agressions de mardi incombe, aussi, au gouvernement, étant donné qu'il est le premier responsable de la sécurité du citoyen qui est, constamment, menacé par ces milices. Certains membres du gouvernement ont agi contrairement à cette vocation, ils ont défendu le droit d'exister à ces dernières auxquelles ils attribuent en plus du statut de la légalité celui de la légitimité. Ce qui a poussé la centrale syndicale, les partis de l'opposition et les composantes de la société civile à réclamer la dissolution de ces hors-la-loi.
Quelques responsables du gouvernement attisent le feu par leurs déclarations favorables aux « ligues »
-Au-delà des considérations « tactiques » que vous avez évoquées, n'y a-t-il pas d'autres enseignements à retenir du choix de ce jour de commémoration pour attaquer le siège de l'UGTT ?
-Cette coïncidence montre à l'évidence que « Ennahdha » ne fait crédit ni aux militants de cette patrie, ni à l'histoire du mouvement national, ni au rôle efficace joué par les symboles de l'action syndicale dans ce mouvement. Elle refuse de reconnaître que les syndicalistes étaient l'élément déterminant dans les soulèvements populaires et les grèves générales et régionales organisées entre le 17 Décembre 2010 et le 14 Janvier 2011. Les « Nahdhaouis » ne croient pas au travail syndical, en témoigne leur comportement provocateur du 1er Mai dernier. Ils ne croient pas non plus à l'action politique militante. Durant toute l'époque bourguibienne et celle de Ben Ali, ils n'ont pris part à aucune activité sociale ou politique contre la dictature et ils n'ont été réprimés et emprisonnés que lorsqu'ils se sont présentés comme l'alternative du pouvoir et réclamé la légalisation de leur existence politique. Leur histoire est sombre à tous égards et les faits sont là pour l'attester: ils ont bénéficié d'aides matérielles et morales de la part du directeur du parti destourien, Mohamed Sayeh, pendant les années soixante-dix pour asséner des coups à la gauche, , au cours de la même période, et plus précisément, à l'occasion des événements meurtriers du jeudi noir, leur guide spirituel, Rached Ghannouchi, a envoyé une lettre à Bourguiba dans laquelle il lui exprimait son attachement inconditionnel à sa politique et condamnait sévèrement les grévistes, le même Ghannouchi a été parmi les premiers à signer le manifeste du 7 Novembre, comme il était l'un de ceux qui ont loué les « qualités morales » et la « piété » de Sakhr Matri. Et ce n'est pas seulement le passé qui nous édifie sur les « Nahdhaouis », mais le présent aussi : ils ont suivi les événements de la Révolution sur leur chaîne de prédilection, « Al Jazira ».
« Ennahdha » a toujours été l'alliée du régime politique
-Revenons au contexte actuel, est-ce que, d'après vous, la grève générale du 13 décembre sera maintenue?
-L'UGTT ne reviendra pas sur sa décision tant que les revendications exprimées par la commission administrative nationale ne seront pas satisfaites et en particulier celle relative à la dissolution des « ligues de protection de la Révolution ». Il s'agit là d'une question fondamentale qui fait l'unanimité des partis politiques, dont certains au pouvoir, et les composantes de la société civile. Et je pense que le gouvernement est obligé de satisfaire cette revendication s'il tient, vraiment, à rester au pouvoir.
Est-ce qu'on comprend par là que vous prêchez, au sein du Parti des Travailleurs, la chute du gouvernement ?
-Ce gouvernement a montré à, l'opinion publique nationale et internationale et d'une manière indubitable ses limites, il est incapable de résoudre les difficultés économiques, sociales et politiques du peuple, car il est, tout simplement, le problème et non pas la solution au problème. Et il ne pourrait pas en être autrement quand la « Troïka » poursuit les mêmes choix de Ben Ali qui ont poussé le peuple à se révolter. D'autre part, il n'est pas le gouvernement le mieux adapté à cette étape extrêmement délicate de transition démocratique eu égard à son hostilité flagrante aux libertés et à la démocratie, l'exclusion est le fond de sa philosophie.
-Peut-on considérer que les événements de Siliane et de la place Mohamed Ali constituent un changement qualitatif dans la lutte contre le gouvernement ?
-Les mouvements de Siliana ainsi que les grèves générales régionales à Sfax, Kasserine, Sidi Bouzid et Gafsa et auxquels ont participé toutes les catégories sociales sont la preuve irréfutable du ras-le-bol et de la colère des masses populaires qui ont constaté l'échec total du gouvernement dans le traitement des différents dossiers et la gestion des différentes affaires. Cette attitude générale est un indice d'un nouveau et sérieux essor vers un changement possible qui se dessine à l'horizon. C'est l'option logique tant que le gouvernement affiche une impuissance totale à réaliser la revendication « liberté, travail, dignité ».
Le gouvernement a échoué sur toute la ligne et doit partir
-Comment vous répondez au ministre de la santé qui accuse les marxistes-léninistes d'infiltrer l'UGTT et d'imposer un agenda politique qui n'a rien à voir avec la vocation sociale du syndicat ?
-Le Parti des Travailleurs ainsi que toutes les forces de la gauche militent, depuis des décennies, sur tous les fronts, social, humanitaire, politique, culturel... en vue de libérer le peuple des griffes de la dictature et l'amélioration des conditions de travail et de vie des travailleurs et de toutes les couches sociales réprimées et aliénées. Aussi, notre présence dans le syndicat et les autres associations est-elle quelque chose de tout à fait logique et donc un droit. Monsieur le ministre devrait comprendre que toutes ces organisations de masse qui ont lutté contre le régime déchu n'auraient pas pu résister sans le grand apport des militants de la gauche qui, à l'image de la gauche internationale, a, largement, contribué au changement du cours de l'histoire et la Révolution de la Tunisie en est la meilleure illustration. Ce sont les marxistes-léninistes et leurs alliés qui ont encadré les masses à travers leurs cadres syndicalistes moyens, ils étaient les instigateurs de ces marches populaires et les inventeurs de leurs slogans, la gauche était l'avant-garde de cette épopée qui s'est terminée sur une bonne note : la fuite de Ben Ali.
Les militants de la gauche sont les principaux acteurs de tout mouvement révolutionnaire
-Quelle est la position du Parti des Travailleurs concernant le projet de loi d'exclusion des « Rcédistes » de la vie politique ?
-« Ennahdha » et le CPR soutiennent, dans les réseaux sociaux et par le biais du secrétaire d'Etat auprès du ministre des affaires étrangères, que notre le Front Populaire refuse de juger les tortionnaires et qu'il veut protéger les « Rcédistes », bien que nous ayons toujours précisé que notre position à propos de cette question. Nous étions les premiers à réclamer la dissolution du RCD et nous nous sommes, les premiers, opposés au retour, sous aucune appellation, des résidus du régime déchu, nous avons, toujours, exprimé notre position d'une manière claire et nette depuis la chute de Ben Ali. Et les composantes du Front Populaire qui étaient à l'instance de Ben Achour ont défendu l'article 15 qui interdisait aux hauts responsables du RCD de se présenter aux élections de l'ANC, alors que « Ennahdha » hésitait à voter cet article. Le Front ne cesse de réclamer le jugement de tous ceux qui ont perpétré des crimes politiques, économiques et sociaux à l'encontre de notre peuple. La solution réside dans l'activation de la justice transitionnelle et non pas dans une mesure conçue sur la mesure des « Nahdhaouis » pour que justice soit faite. Le peuple a le droit de connaître la vérité, d'identifier les coupables qui doivent, toutefois, bénéficier de jugements équitables. La loi de la justice transitionnelle n'est pas encore discutée et ils parlent d'une loi de sauvegarde de la Révolution. On se demande pourquoi ils excluent de leur projet les présidents des cellules du RCD, les délégués et les membres de la chambre des conseillers. La protection de la Révolution ne pourrait être assurée qu'avec un jugement effectif, la mise en place d'un agenda clair pour la phase suivante et ce en réformant la justice, la presse, l'administration et les forces de l'ordre et l'instauration d'une loi électorale, d'une instance provisoire pour les élections et les bases du régime démocratique tant souhaité et attendu.


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