L'intérêt général et la phase cruciale par laquelle passe le pays ont beaucoup pesé dans la décision d'annulation de la grève générale prise par la direction de la centrale syndicale. L'UGTT a prouvé que la grève n'a jamais été une fin en soi, mais un moyen de se défendre et dissuader ceux dont les intentions n'ont pour but que de semer la discorde et entretenir la haine parmi les Tunisiens. Les dirigeants syndicaux ont donné le meilleur gage sur leur patriotisme et leur sens du devoir envers la Tunisie qui demeure au-dessus de tous. Par cette clairvoyance, l'UGTT a montré qu'elle est capable de prendre des décisions en toute indépendance et qui peuvent même susciter la grogne dans les rangs de sa base. Ceci est, d'ailleurs, le cas après l'annulation de la grève générale. En dépit de cela, les dirigeants de l'UGTT ont eu le courage de tout reporter en attendant de voir le gouvernement prendre ses responsabilité et agir dans le sens de l'intérêt du pays. Les questions en suspens exigent du pouvoir d'agir au plus vite pour leur trouver les solutions loin des petits calculs électoraux. Par ailleurs, le gouvernement devra s'inspirer de l'acte courageux et conséquent de la centrale syndicale pour ne pas se laisser entraîner par les jusqu'au-boutistes qui croient le soutenir, alors qu'il ne lui font que du tort en usant de la violence et de la surenchère. L'on doit impérativement prendre de la hauteur pour n'être qu'au service du pays et rien d'autre. L'UGTT en a donné la parfaite illustration et cela figurera dans son actif et l'histoire retiendra qu'elle n'a pas ménagé ses efforts pour éviter une escalade aux conséquences désastreuses les Tunisiens et pour le pays confronté ces ci-jours aux menées aux menées destructrices des groupes terroristes qui cherchent à le déstabiliser et à le faire entrer dans le tourbillon d'une violence dont il est impossible de prévoir l'issue ni l'ampleur des dégâts qui pourraient en résulter. Sans le concours concret de tout le monde et loin de toute complaisance idéologique, la Tunisie risque de devenir une terre de confrontation d'où personne n'en sortira victorieux et qui hypothéquera son avenir et celui des générations futures. L'UGTT tout en demeurant vigilante et décidée à défendre son carré pour qu'elle demeure indépendante refusant toute tutelle a pris en compte la gravité du moment pour ne pas ajouter à la confusion et au désordre. Les agressions dont elle fait l'objet depuis des mois par des hordes de hors la loi qui vraisemblablement jouissent d'une certaine couverture, n'ont fait que renforcer la centrale syndicale devenue ainsi le symbole de la résistance face aux tentatives de domptage et d'asservissement que certaines parties veulent lui imposer en usant de la violence. Aujourd'hui, de par ce statut, l'UGTT constitue l'espoir de tous ceux et toutes celles qui croient réellement à la liberté et à la dignité, les deux slogans de la révolution. Elle ne peut se départir de cette mission qui a d'ailleurs toujours été la sienne. Sa responsabilité est ainsi accrue pour qu'elle ait son mot à dire et pour être un acteur actif pour la réussite de la transition démocratique du pays. Ceux qui pensent le contraire en ont pour leur frais, et ils oublient que c'est la mobilisation qu'elle avait décrétée dans ses rangs en décembre 2010 et janvier 2011 qui avait donné le coup de grâce au régime déchu. Vouloir l'apprivoiser et la dompter relève de la gageure aux résultats connus d'avance. Mieux vaut donc changer d'attitude à son égard et la respecter dans son indépendance qui a toujours constitué la source d'où elle tire sa force et sa légitimité. Elle tient de le prouver par sa décision d'annuler la grève en attendant de voir ce que les autres feront et si le bon sens va enfin l'emporter chez eux. Et que l'on cesse de faire croire qu'il s'agit là d'une reculade faite sous la pression ou due à une quelconque crainte de l'échec. Et si l'on continue à raisonner de la sorte eh bien, on n'a rien compris à ce qui venait d'être décidé ni saisi la teneur du message envoyé au pouvoir et à toutes les forces politiques dans le pays.