La parole aux citoyens Le brouillon de la Constitution, fin prêt, les débats quittent le palais du Bardo, pour investir et intéresser des franges de plus en plus grandes de la population, toujours aux aguets et à l'écoute de tout ce qui touche à leur devenir. L'Assemblée Nationale Constituante (ANC) prend, l'initiative d'élargir autant que possible le débat à plus grande échelle et au-delà de ses propres membres. Cette campagne de débats dans les régions devait avoir lieu du 4 au 25 novembre dernier. Ils n'ont pu se dérouler à cette date. Ce sera fait dès dimanche prochain. Quels sont ses objectifs ? Le projet de Constitution tiendra-t-il effectivement compte des remarques et suggestions émises par les citoyens et les représentants de la société civile ? Des journées de dialogue avec la société civile avaient été organisées les 14 et 15 septembre dernier intra-muros au sein du palais du Bardo. En collaboration avec le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), des rencontres auront lieu dans les différents gouvernorats du pays. Des rencontres sont prévues dans certains pays étrangers où réside une forte population de nos compatriotes. Il s'agit de sonder leurs avis sur le brouillon de la Constitution. Deux rencontres ont eu lieu avec des étudiants le 16 décembre courant. Un formulaire d'inscription a été mis sur le site web de la Constituante à la disposition de ceux qui veulent participer aux débats. Dimanche prochain, un premier groupe de six gouvernorats abritera ces débats. Il s'agit des gouvernorats de Gabès, Kairouan, Monastir, Sousse, Mahdia et Sfax. Près de 1000 demandes d'inscriptions aux débats ont été enregistrées, jusqu'à avant-hier. On s'attend à près de 150 participants par débat. Depuis hier à midi, les inscriptions ont été ouvertes pour les débats du 30 décembre dans Gafsa, Jendouba, Béja, Le Kef, Siliana et Zaghouan. Le 6 janvier 2013, viendra le tour de Ben Arous, Bizerte, Ariana, Manouba, Nabeul et Tunis. Le dernier groupe de Sidi-Bouzid, Médenine, Kasserine, Kébili, Tataouine et Tozeur, se réuniront le 13 janvier. Ces débats ont pour principal objectif d'impliquer et consolider la participation du citoyen dans l'élaboration de la Constitution. Il s'agit aussi de créer un espace de dialogue sur les grandes questions contenues dans la Constitution. Le dialogue et la consultation confèrent certainement davantage de légitimité à la Constitution. Ainsi, la loi fondamentale gagnera en confiance et adhésion de la part des citoyens. Ils auront l'intime conviction d'être utiles et que cette Constitution ne pouvait se faire à leur insu et ainsi donc, elle sera faite pour eux et avec eux. Badreddine Abdelkafi, vice-président de l'Assemblée Nationale Constituante (ANC) chargé des relations avec le citoyen, la société civile et les Tunisiens à l'étranger, affirmait, hier sur les ondes d'ExpressFM qu'on devait toucher un très grand nombre de Tunisiens. « Il n'était pas possible d'interrompre les travaux de la Constituante et organiser des visites dans les différentes régions du pays », dit-il. Les membres de la Commission de coordination et de rédaction de la Constitution ainsi que les élus des régions ont été mobilisés pour se déplacer les quatre dimanches prochains. La synthèse des idées doit se faire de façon transparente et responsable. L'analyse de ces idées nécessitera beaucoup d'efforts pour qu'elles soient utilisées dans l'enrichissement du contenu de la nouvelle Constitution. Tous les débats seront enregistrés sur des bandes audio. Deux experts rédigeront les principales propositions pour chaque gouvernorat, afin de faciliter le travail de la commission de synthèse et de rédaction de la Constitution. La symbiose entre les suggestions des citoyens et le travail de cette commission est à ce prix. Le site officiel de l'ANC hébergera les rapports de tous les gouvernorats. La population ciblée par ces débats se compose des associations et des citoyens qui auront exprimé leur désir d'y participer. Au cours de chaque rencontre on discutera différents points comme les collectivités locales et régionales, les pouvoirs législatifs et exécutifs et leurs relations, le préambule, les principes généraux et les modalités de révision de la Constitution, les droits et les libertés, la magistrature juridictionnelle, administrative, financière et constitutionnelle et les instances constitutionnelles. Les participants aux débats devront avoir des idées très claires pour discuter en une journée ce que les élus ont fignolé durant plusieurs mois.