Sept prisonniers, dont quatre salafistes et Sami Fehri, observent une grève de la faim sauvage L'association “Liberté et Equité" plaide pour un cadre légal régissant les interventions médicales en cas de détérioration grave de l'état de santé des grévistes Forme de contestation très dangereuse, les grèves de la faim rythme depuis quelques mois la vie à la prison civile de Mornaguia , où deux salafistes présumés ont trouvé la mort mi-novembre dernier après avoir refusé de s'alimenter pendant près de deux mois en signe de protestatipon contre leurs conditions de détention. C'est , du moins, ce qui ressort d'un rapport élaboré par l'association “Liberté et Equité", à l'issue d'une visite effectuée lundi ( le 24 décembre) à cet établissement carcéral par les dirigeants de l'ONG , Imen Trigui (présidente), Hafedh Ghaddoun ( directeur juridique) et Maroua Raddadi ( membre chargé de la lutte contre la torture). Le rapport révèle que le nombre total des détenus qui observaient une grève de la faim le jour de la visite effectuée à la demande de plusieurs prisonniers s'élève à 72 personnes. “Ces grévistes qui sont majoritairement des jeunes salafistes réclament essentiellement l'accélération de leurs procès ou l'amélioration de leurs conditions de détention", souligne la présidente de l'association “Libertéb et Equité", Imen Trigui. Le rapport précise également que parmi les grévistes, sept détenus observent une grève de la faim sauvage pour clamer leur innocence et demander leur libération. Il s'agit, en premier lieu, de quatre salafistes présumés placés en détention provisoire dans le cadre des enquêtes sur les affrontements entre les forces de l'ordre et des salafistes à Douar Hicher ( novembre 2012), des évènements de l'espace El Ebdellia (juin 2012) ou encore de l'attaque contre l'ambassade américaine en Tunisie ( septembre 2012), en l'occurrence Salem Abid, Nizar Ben Dahha, Saddam Maghraoui et Zied Khalfi. Cadre légal spécifique Les trois autres détenus qui observent une grève de la faim sauvage sont Sami Fehri, le patron de la chaîne privée Ettounsiya inculpé de complicité de détournement de fonds publics et en vertu de l'article 96 du code pénal, Ahmed Hadhremi, un journaliste mauritanien arrêté dans le cadre d'une affaire d'escroquerie et Mohamed Ali Ben Nasr, un prisonnier d'opinion qui n'a pas encore bénéficié de la loi sur l'amnistie générale. L'Association Liberté et Equité s'inquiète de l'augmentation continue du nombre des grévistes de la faim à la prison de Mornaguia , où les conditions de détention sont, selon elle, difficiles. “Cet établissement carcéral souffre d'un grand manque de moyens hérité de l'époque de la dictature . Il ne dispose par exemple que d'une seule ambulance", souligne Mme Trigui, qui appelle les diverses composantes de la société civile à organiser des collectes afin de moderniser les équipements de la prison de Mornaguia. D'autre part, Liberté et Equité plaide pour la mise en place d'un cadre légal régissant les interventions médicales en cas de déterioration grave de l'état de santé des grévistes. “Selon les conventions internationales, les médecins n'ont pas le droit de forcer les grévistes de la faim à s'alimenter. On peut, toutefois, trouver des failles comme l'administration du sérum à un gréviste qui perd la conscience suite à une grave déterioration de son état de santé. Une loi devrait être promulguée dans ce sens", suggère Mme Trigui.