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L'affaire secoue les milieux politiques et émeut l'opinion
La mort de deux jeunes salafistes en grève de la faim
Publié dans La Presse de Tunisie le 20 - 11 - 2012

Grande émotion et remous dans le gouvernement sur la défensive, la société civile et l'opinion publique. Et une instruction ouverte suite à la mort de deux salafistes en détention, survenue à la fin de la semaine dernière, Béchir Golli et Mohmed Bakhti.
Les deux grévistes sont décédés dans le Camu (Centre d'assistance médicale d'urgence) dans le quartier de Montfleury de la capitale, selon l'information qui nous a été fournie par le ministère de la Santé, après une grève de la faim qui aura duré deux mois. Cet événement tragique a bouleversé beaucoup, y compris ceux qui se situent à l'autre extrémité de l'échelle politco-religieuse. C'est que les Tunisiens, toutes sensibilités confondues, ont rompu un jour J avec la dictature et ses corollaires. De pareilles tragédies font très mal et ravivent une plaie encore ouverte.
Les thèses les plus folles, complotistes au possible, ont commencé à circuler. Par exemple que les morts seraient détenteurs de graves secrets d'Etat, leur fin aurait donc été volontairement précipitée. La Presse a essayé de joindre le Camu pour savoir dans quel état de santé les prévenus avaient été amenés au centre médical, sans succès.
En attendant l'instruction et une éventuelle enquête indépendante, il est clair que le classement manichéen des décédés entre martyrs ou suicidaires-responsables, est un peu facile et de toute façon hâtif. Une réalité cependant, tangible et cette fois-ci expérimentale, les salafistes jihadistes développent une thèse nihiliste destructive de tout ce qui n'est pas comme eux, dont la population tunisienne a pu, à plusieurs reprises, en découvrir les émanations.
Il faut savoir que 53 autres grévistes dans la prison de Gorjani poursuivent une grève allégée cette semaine, pour reprendre la grève sauvage, menacent-ils, la semaine prochaine, si leurs revendications ne sont pas satisfaites. Ils demandent selon les cas, une libération immédiate, une accélération des procédures judiciaires, ou encore pour les moins exigeants, l'amélioration des conditions de détention dans les prisons, dont tout le monde connaît l'état d'insalubrité, de surpopulation. Ajouté à cela le mental «inadapté» du personnel pénitentiaire.
En attendant la publication des résultats de l'enquête, si enquête il y aura, et pour avoir un éclairage préliminaire sur le dossier, La Presse a donné la parole à trois intervenants clefs : le ministère de la Justice, l'Association Liberté et équité et la Ligue des Droits de l'Homme, chacun apportant son propre éclairage et défendant sa position:
Ministère de la Justice : Fawzi Ben Jaballah chargé de mission
Nous avons été nous-mêmes à la recherche d'intermédiaires pour discuter avec les grévistes, même dans les rangs des imams. Nous avons permis aux familles de leur rendre visite en dehors de l'horaire autorisé. Quelques responsables du ministère leur ont aussi rendu visite pour les convaincre de lever la grève. Je dois dire, toutefois, que tout le monde a commencé à prendre conscience de la situation après la mort des deux grévistes. Il faut savoir en outre que plusieurs raisons ont participé à cette situation, dont l'état des prisons tunisiennes, qui sont l'héritage de l'ancien régime ; manque de moyens humains et matériels, personnel pénitentiaire très en deçà des standards internationaux, nombre réduit des prisons et surpeuplement carcéral. Nous avons essayé d'améliorer comme nous avons pu. Mais nous avons un grave problème de financement, nous sommes en train de chercher des fonds européens.
Quant aux procédures judiciaires jugées trop longues, il faut savoir que cela ne tient pas directement du ministère de la Justice mais relève de la compétence du corps judiciaire, il faut savoir aussi que le nombre des magistrats est limité face à une demande croissante en affaires de droit pénal, politique et autres. Aussi, les lois réglementant les détentions provisoires méritent, elles aussi, d'être revues.
L'ensemble de la société civile est en pourparlers avec les grévistes, et nous demandons à l'appareil judiciaire de faire activer les procédures mais nous ne pouvons interférer dans le déroulement. Au final, je crois que tout le monde est responsable, les grévistes, eux-mêmes, sur le plan religieux pur, est-ce toléré par la religion de faire une grève de la faim qui conduit à la mort ?
Imen Trigui, avocate et membre fondateur de Liberté et équité
Il faut savoir que nous pouvions seulement rendre visite aux détenus en tant que leur avocat et non pas en tant qu'association. Le ministère de la Justice était, selon eux, l'adversaire, il ne pouvait donc pas jouer le rôle d'intermédiaire, c'est le rôle de la société civile qui, elle, a été écartée. C'est seulement après le décès qu'on nous a ouvert les portes de la prison, nous avons pu obtenir des grévistes d'alléger la grève au moins pendant une semaine. Nous considérons que cette mort est une responsabilité partagée entre le gouvernement, la société civile, les médias, les partis politiques et la direction générale des prisons. Ces jeunes ont senti une injustice, et le traitement de deux poids deux mesures à leurs dépens. Cela fait deux mois qu'ils sont en grève de la faim, leur voix n'est jamais parvenue. Je considère aussi que le responsable direct est le juge d'instruction qui ne les a pas libérés malgré le manque de preuves. Il faut savoir qu'ils ont été arrêtés sur la base des événements de l'ambassade américaine, l'instruction aurait pu être poursuivie alors qu'ils sont en liberté provisoire, comme tous les présumés coupables dans des affaires politiques. Ils avaient des revendications qui n'ont jamais été prises au sérieux, celles-ci concernent d'abord les conditions d'emprisonnement en général et une salle de prière, en particulier. Il faut savoir que certains, y compris les décédés, étaient très affaiblis, personne ne s'occupait d'eux, donc ils réclament tous un meilleur traitement. D'autres détenus demandent à être jugés ou à être libérés. Quant à Liberté et équité, je tiens à préciser que cette association qui existe depuis 2007, défend les salafistes et les autres, de quelque obédience soient-ils. Tous les dépassements, les injustices relèvent de notre champ d'action, et ce, pour tout le monde à égalité. Nos communiqués le prouvent.
Abdessatar Ben Moussa : président de la Ligue tunisienne des Droits de l'Homme
Si on remonte l'histoire et depuis les événements de l'ambassade des Etats-Unis du 14 septembre, dans le même communiqué nous avons condamné l'assaut contre l'ambassade mais également la mort des concitoyens. Il faut savoir aussi que l'avocat Charfeddine Kellil, militant de la ligue, était bénévole pour défendre les présumés coupables salafistes. Ses services ont été déclinés par les familles sous prétexte qu'ils ne font pas appel aux avocats de gauche et de la Ligue. Dans l'ensemble de nos contacts avec les ministères de l'Intérieur et de la Justice nous avons toujours évoqué les conditions de détention dans les prisons et le traitement des salafistes, en particulier. Nous avons proposé une convention avec le ministère de la Justice nous permettant un droit d'accès permanent aux prisons. C'est seulement hier qu'on nous a appelés pour une visite le jour même et nous avons répondu. Pour les événements survenus à Daouar Hicher nous avons diligenté notre propre enquête. Nous sommes en contact avec les familles des salafistes de Jendouba qui nous ont soumis les dossiers de leurs enfants, mais il y a ceux qui refusent nos services, en tant que ligue, et pourtant nous n'avons jamais renoncé à les défendre auprès des autorités.
Ghannouchi s'exprime sur la grève de la faim
«La grève de la faim est une question d'appréciation et d'Ijtihad et il n'y a pas un texte religieux clair qui légitime ou interdit cet acte», a affirmé, hier, le président du mouvement Ennahdha, Rached Ghannouchi.
«Ennahdha avait déjà organisé des grèves de la faim et ne peut aucunement interdire cet acte aux autres, à moins qu'il ne conduise à la mort», a-t-il rappelé dans une déclaration à la presse en marge de sa participation au premier congrès international sur «La citoyenneté et les minorités dans le monde musulman».
«Toute personne qui observe une grève de la faim jusqu'à la mort tombe dans le péché, mais cet acte devient justifié si son objectif est d'attirer l'attention de l'opinion publique sur une injustice», a-t-il expliqué.
S'agissant de l'intention d'Ennahdha d'élargir sa coalition, Ghannouchi a indiqué que le mouvement a déjà engagé des concertations avec des partis politiques sur ce sujet, notamment avec le Parti républicain et le mouvement Wafa.
Rached Ghannouchi participe, depuis hier, au premier congrès international sur «La citoyenneté et les minorités dans le monde musulman» qui se poursuit pendant deux jours.


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