Un seul détenu arrêté dans le cadre de l'enquête sur les évènements de Bir Ali Ben Khelifa refuse encore de s'alimenter Près de soixante salafistes placés en détention provisoire ont cessé dimanche leur grève de la faim qu'ils observaient pour la plupart d'entre eux depuis la mi-novembre suite à l'amélioration de leurs conditions de détention et à une promesse d'accélération de leur procès. “ Les salafistes qui étaient en grève de la faim ont mis fin à leur mouvement de protestation dimanche", précise Fadhel Saïhi, conseiller auprès du ministre de la Justice, toute en indiquant qu'un seul détenu refuse toujours de s'alimenter malgré la détérioration de son état de santé. Cet arrêt de la grève de la faim collective est intervenu après plusieurs rencontres entre les grévistes avec le ministre de la Justice, Noureddine B'hiri, des militants d'organisations actives dans la défense des droits de l'Homme comme Saïda Akremi, président de l'Association tunisienne pour la défense des prisonniers politiques et des prédicateurs salafistes , dont notamment le cheïkh Béchir Belhassen. “L'arrêt définitif de la grève de la faim est dû aux efforts conjoints du ministère de la Justice, des avocats des prévenus et des organisations de la société civile", commente M. Saïhi. Plus de 150 salafistes placés en détention provisoire dans le cadre des enquêtes sur les affrontements entre les forces de l'ordre et des salafistes présumés à Bir Ali Ben Khelifa (février 2012), du saccage de l'espace El Ebdellia (juin 2012) ou encore de l'attaque contre l'ambassade américaine en Tunisie ( septembre 2012) avaient observé une grève de la faim, la plupart depuis la mort à la mi-novembre de deux grévistes restés près de deux mois sans s'alimenter. Plusieurs dizaines d'entre eux avaient cessé leur grève de la faim au cours des dernières semaines et quelques uns ont été libérés.
Promesses Selon le ministère de la Justice, les grévistes de la faim ont bénéficié d'une amélioration de leurs conditions de détention ainsi que d'une promesse d'accélérer leur procès. “La justice a promis d'accélérer la tenue de leur procès, ce qui les a rassurés. Certains ont aussi été répartis dans la prison pour éviter l'entassement", a souligné Fadhel Saihi qui ne cache pas son “soulagement", après la levée de la grève de la faim. “ Cela préserve la vie des gens, c'est une question humanitaire", note-t-il. Selon M. Saïhi,un seul détenu refuse encore de s'alimenter en dépit de la détérioration de son état de santé. Il s'agit de Adhem Boukadida, qui a été arrêté dans le cadre de l'enquête sur des affrontements entre les forces de l'ordre et des salafistes présumés à Bir Ali Ben Khelifa. Me Abdelbasset Ben Mbarek, membre du comité de défense des salafistes en grève de la faim, a fait savoir que son client réclame le transfert de son dossier devant un tribunal civil étant donné que le tribunal militaire n'est pas “compétent" pour traiter ce genre d'affaire. Selon lui, les salafistes en détention sont des “prisonniers d'opinion" et non des détenus de droit commun. “Le dénominateur commun entre les dossiers de tous les détenus est la tentative d'éradiquer la pensée salafiste", a-t-il déclaré. Plusieurs avocats et organisations de défense des droits de l'Homme ont dénoncé des “conditions de détention inhumaines “ des salafistes et fait état de “ mauvais traitements “ à l'encontre de ces détenus. Le nombre de détenus appartenant à la mouvance salafiste, dans les prisons de Mornaguia, Bulla Regia et Messâadine, serait de l'ordre de 300 à 400 personnes, selon certains avocats. Le ministère de la Justice a, quant à lui, fait état récemment de près de 120 salafistes actuellement en détention provisoire.