Entre le Tunisien et le pouvoir la relation est empreinte de beaucoup de méfiance. Ceci explique pour beaucoup le manque de confiance de part et d'autre et les tensions qui surgissent de temps à autre. Entre les aspirations de la population et les promesses des élus il y a un véritable gouffre qu'il n'est plus possible de combler. La cause d'une telle situation et sans doute le manque de transparence qui caractérise la gestion des affaires du pays de la part du pouvoir en place. Entre le discours politique lénifiant et la réalité, il n'est pas difficile de constater le grand écart qui les sépare. Qu'en est-il de l'état de l'économie du pays et de ses capacités à faire face aux défis multiples auxquels il est confronté ? Sur le plan politique peut-on espérer voir la situation se décanter, la rédaction de la constitution avancer et enfin la date des élections fixée ? Sur toutes les interrogations formulées quant à la manière dont sont gérées les affaires du pays, y a-t-il moyen d'avoir des réponses rassurantes ? A la place de la méfiance régnante y aura-t-il assez de transparence pour dissiper le malaise des Tunisiens ? Le virage crucial que négocie la Tunisie doit se faire sans dérapage. Et la responsabilité première pour y parvenir incombe au gouvernement qui doit se convaincre de la nécessité absolue de dire la vérité toute la vérité sur l'état du pays et sur les perspectives dans le court et le moyen terme. Dans le cas contraire place sera faite à la rumeur. Fondée ou non fondée celle-ci et en l'absence d'un tableau de bord sans la moindre ombre se transforme en vérité. Il est donc, du devoir des gouvernants de jouer à fond la carte de la transparence, car tôt ou tard on finira par se rendre à l'évidence et peut-être qu'il sera trop tard d'y remédier. Les Tunisiens ont le droit de savoir. Et savoir implique impérativement une grande franchise de la part de ceux qui gouvernent qui sont dans l'obligation de s'inscrire dans une logique qui rompt avec celle d'un passé récent. Il faut qu'on sache où l'on va sur le plan politique économique et social. Ainsi, il n'est plus acceptable d'entendre la chose et son contraire sur un même sujet. Il faut une date fixe pour la fin de la rédaction de la constitution et pour les élections, car devant les cacophonies qui règnent on a l'impression d'être mené en bateau. Economiquement, la Tunisie est-elle en convalescence et sur la voie de sortir de l'état de marasme des deux dernières années ou au contraire, on est loin de cette reprise tant espérée ? Quand on entend parler d'un manque de liquidités au niveau trésor public ceci ne peut nullement rassurer le Tunisien, si c'est la réalité qu'on se le dise clairement pour que chacun en soit au moins conscient pour agir en conséquence. Au niveau social et au volet de l'emploi plus précisément, on a besoin d'être éclairé sur ce qui a été réalisé jusque là et sur les objectifs à atteindre à plus ou moins brève échéance. Le chômage qui a atteint des taux alarmants était l'une des causes essentielles dans le soulèvement du peuple tunisien, surtout parmi les jeunes diplômés ou non, menacés d'être marginalisés et à jamais. Sur un autre plan, les pouvoirs publics sont tenus par le devoir de ne rien cacher quant à la gestion des affaires de l'Etat, des dépenses de la manière dont on gère les deniers publics de la part des différents départements pour éviter d'assister à des révélations fracassantes et troublantes à la fois. Faut-il qu'un blogueur ou un fouineur indiscret nous révèle que tel ou tel responsable politique est propriétaire ou actionnaire dans une entreprise ou société pour que l'on soit informé ? Comment se fait-il, par ailleurs, que le Tribunal administratif aille jusqu'à décider le gel des émoluments du président de l'ANC ? Quelle anguille y a-t-il sous roche pour en arriver jusque-là ? Tout ceci s'explique par ce grand déficit de transparence, résultant d'une certaine méfiance – qui n'a pas lieu d'être – de la part des gouvernants à l'égard de leurs gouvernés.