L'intervention des forces armées françaises au Mali depuis vendredi 11 janvier, avec l'aide de l'armée malienne, est certainement l'événement le plus important depuis l'occupation du nord de ce pays par une horde de hors la loi, composée d'islamistes en mal de Jihad, de touaregs et d'adhérents de différentes organisations mafieuses et terroristes. L'arrêt net en moins de vingt quatre heures de l'offensive des rebelles islamistes qui progressaient vers la ville de Mopti montre l'ampleur des moyens logistiques utilisés par des intervenants décidés à en finir avec la gabegie qui règne dans un pays ayant des frontières communes avec de nombreux voisins qui risquent d'être contaminés par ce mal endémique. Officialisée par le Président François HOLLANDE ,dés vendredi après-midi, cette implication armée bénéficie également d'un fort soutien international .En plus des Etats –Unis qui consentent à aider la France, grâce à un appui logistique ,manifesté par l'envoi de drones(avion sans pilote)pour la surveillance ainsi que d'avions ravitailleurs en vol, la Grande Bretagne et l'Allemagne ont également manifesté un soutien indéfectible à cette opération de ratissage. Couverte par des demandes incessantes de « l'accélération de la mise en œuvre de la résolution 2085 de l'ONU »,l'intervention au Mali semble trouver sa légitimité par l'insouciance manifestée ,dès le début de l'occupation ,à l'égard des rebelles islamistes du nord du pays et de l'amplification du rôle qu'ils commençaient à prendre dans une zone à très faibles ressources ,connaissant une pauvreté alarmante et à la merci de tout changement géopolitique. Le retard mis par les différents intervenants pour bien saisir l'urgence de cette intolérable situation ne risque-t-il pas aujourd'hui de transformer la région en une véritable poudrière ouverte à toutes les menaces terroristes ? Des situations dangereuses, sous d'autres cieux et notamment en Afghanistan, n'ont elles pas commencées par une mauvaise appréciation des risques engendrés par de tel effondrement de l'appareil de l'Etat et du modèle de la société ? Une partie du Mali est devenue un sanctuaire de différents groupes terroristes très dangereux et fortement armés ,capables de faire des émules un peu partout en Afrique et ailleurs. C'est pour enrayer définitivement l'émergence d'un nouveau type d'Etat terroriste, que les grandes puissances devraient agir sans attendre pour rétablir un équilibre indispensable à la sécurité mondiale. Eviter la radicalisation du Mali, c'est aussi et surtout sauver l'Afrique d'une déstabilisation aux lourdes conséquences. Cela est d'autant plus grave qu'il n'est plus un secret pour personne que la facile circulation de toute sorte d'armes en provenance de la Lybie, entre les trois pays voisins maghrébins : la Lybie, l'Algérie et la Tunisie constitue une menace sérieuse pour la stabilité de la région. D'autant plus que la longue frontière entre l'Algérie et le Mali favoriserait l'approvisionnement en armes des rebelles islamistes implantés dans ce pays. L'autre danger majeur reste évidemment la fuite en avant, résultant de cette opération militaire intensive mais juste, de ces rebelles notamment ceux de l'Aqmi (Al Qaida au Maghreb) vers le désert algérien et mauritanien. Ce repli imposé, s'il n'est pas bien surveillé et surtout convenablement réprimé par les autorités militaires de ces deux pays, ne risquerait-il pas de créer un climat de terreur dans cette région du Maghreb ? La France et ses alliés qui interviennent actuellement au Mali pour rétablir la légalité et réinstaller l'ordre public ne devraient –ils pas et avant tout envisager cette question avec toute la priorité et toute l'importance qu'elle mérite afin d'éviter de transférer le problème malien au Maghreb ?