Le Temps-Agences- Une douzaine d'activistes ont été tués dans la nuit de jeudi à hier lors du mitraillage par des hélicoptères américains d'un quartier de l'ouest de Bagdad où des insurgés sunnites avaient tendu une embuscade à une patrouille de l'US Army. L'armée américaine a fait état sans autre précision de huit activistes tués lors de cette opération héliportée inhabituelle durant laquelle elle dit avoir pris "toutes les précautions pour minimiser les pertes civiles". De source policière, on déclare néanmoins que 13 cadavres, dont celui d'une femme, ont été transportés à la morgue de l'hôpital Al Hakim du quartier de Choula, où 13 blessés sont également soignés. Dans la journée, les cercueils des victimes ont été portés à travers les rues du quartier par une foule en colère qui a défilé le poing tendu. "Nous exigeons du gouvernement et du Parlement irakiens qu'ils stoppent les ingérences américaines à Choula", a déclaré un chef tribal, Sabih al Chardji. Ce dernier a fait valoir que les femmes et les enfants du quartier dormaient au frais sur le toit des habitations et que "ces attaques aveugles les avaient terrifiés". La milice chiite de l'imam radical Moktada Sadr, qui a fait état de quatre femmes tuées lors de l'attaque de Choula, menace d'organiser des sit-in dans les quartiers chiites si les forces américaines y mènent de nouvelles opérations. Les forces américaines sont intervenues à plusieurs reprises dans le vaste quartier populeux chiite de Sadr City pour tenter d'y débusquer des activistes tenus pour responsables d'attaques à l'explosif contre leurs patrouilles. Les militaires américains ont également été engagés contre la guérilla sunnite hier dans la ville de Tarmiya, au nord de la capitale, faisant sept morts dans ses rangs. L'armée américaine a annoncé hier avoir perdu encore un homme lors d'une attaque contre une patrouille dans la province de Salaheddin, portant à 3.724 le bilan de ses pertes depuis l'invasion de mars 2003. Selon un rapport des services de renseignement américains, le niveau de violences insurrectionnelles et intercommunautaires en Irak devrait rester élevé dans un avenir prévisible en dépit d'une amélioration "inégale" de la sécurité grâce aux renforts reçus cette année par l'US Army. Ce rapport, dont des extraits ont été publiés avant-hier, prédit un affaiblissement progressif du gouvernement de coalition du chiite Nouri Al Maliki, dont de nouveaux ministres ont d'ailleurs claqué la porte hier. Les ministres du mouvement laïque dirigé par le chiite Iyad Allawi, prédécesseur de Maliki à la tête du gouvernement, boycottaient déjà les réunions du gouvernement mais ont cette fois décidé de le quitter. Selon le quotidien Los Angeles Times, le chef d'état-major interarmes de l'armée américaine, le général Peter Pace, s'apprête à recommander au président George Bush de réduire de près d'un tiers les effectifs militaires en Irak l'an prochain. Le bilan que dressera le général David Petraeus de l'action des troupes américaines cette année en Irak est très attendu à Washington et pourrait relancer le débat sur la pertinence d'une guerre dont l'impopularité aux Etats-Unis est croissante.