L'Egypte a célébré hier, le deuxième anniversaire de la Révolution dans un climat d'extrême tension, de manifestations d'hostilité à la politique du président islamiste, Mohamed Morsi, d'affrontements sporadiques dans les grandes villes du pays et de mécontentement populaire généralisé. La colère de la rue égyptienne traduit un sentiment de frustration, de déception et de désenchantement face à une crise politique qui s'enlise, à une crise sociale et économique aiguë et face aux menaces qui pèsent sur les libertés individuelles, le caractère civil de l'Etat et le mode de vie des Egyptiens, au point qu'aujourd'hui, et après deux ans de la chute du régime dictatorial de Hosni Moubarak, les démocrates, les jeunes, les démunis et tous ceux qui ont enflammé la place Tahrir du Caire, et dans les autres villes revendiquent une deuxième révolution, brandissant les mêmes slogans d'il y a deux ans : « Pain, liberté, justice, sociale ». Ces slogans reviennent, aujourd'hui, parce qu'ils constituent les vraies raisons qui ont motivé les populations du « Printemps arabe » à sortir dans la rue, d'affronter l'implacable machine de la dictature et de vaincre la tyrannie. Et si ces mêmes populations retrouvent le chemin de la rue, c'est parce que rien de ces objectifs n'a été réalisé, excepté une relative liberté d'expression. Pire, la situation s'aggrave et les conditions de vie se détériorent de jour en jour avec en sus le risque de l'instauration d'un autre type de dictature et d'un autre genre d'hégémonie politique. Il n'est pas étonnant, dès lors, que la rue arabe se maintienne dans un état d'ébullition et de vigilance permanentes pour maintenir les nostalgiques des temps révolus sous pression et à parer aux tentatives de division de la société et à toute déviation des objectifs de la Révolution.