La deuxième phase du référendum sur la Constitution en Egypte s'achevait hier dans le calme sans pour autant apaiser les tensions qui ont accompagné toute l'opération électorale, entachée d'affrontements, parfois sanglants, entre les partisans du « oui » et ceux du « non ». Après deux années tumultueuses, l'Egypte semble avoir mal négocié sa transition démocratique, peinant à s'engager sur la voie de la stabilité, de la cohésion sociale et des réformes économiques. Pire, cette constitution, soumise aujourd'hui, à l'approbation du peuple, est la principale source de controverse et de déchaînement des haines. Au lieu de rassembler, elle consacre la division de la société égyptienne en deux camps hostiles, phénomène qui lui est étranger, même sous la dictature de Nasser, Sadate et Moubarak. Dans toute cette turbulence, il y a deux modèles de société qui s'opposent : celui des islamistes et celui des libéraux. Ces derniers estiment d'ailleurs que le texte de la Constitution « ouvre la voie à une islamisation accrue et présente de graves lacunes en matière de libertés individuelles ». Une affirmation qui se justifie pour plusieurs raisons. D'abord le texte a été concocté à la hâte par une assemblée constituante dominée par les islamistes. Ensuite ce sont ces mêmes islamistes qui ont affiché, dès leur accession au pouvoir des tentations hégémonistes en contradiction avec les objectifs véhiculés par la Révolution. Dans tous les cas, le référendum a eu lieu comme le voulait le président Morsi. Et même si la constitution est adoptée rien n'indique la fin de la crise. La bataille politique entre les islamistes et les libéraux jouera les prolongations dans un contexte de grave crise économique et de dégradation des conditions de vie des Egyptiens.