L'institut d'études marketing, média et opinion 3C Etudes, vient de publier les résultats de la treizième vague de son baromètre politique post-élections lancé en janvier 2012. Les principales conclusions qu'on peut tirer de ce sondage est que Nida Tounès damne le pion à Ennahdha et la détrône pour la première fois de la première place avec une courte tête à la ligne d'arrivée. De même, en cas d'élections présidentielles, c'est Béji Caïd Essebsi qui l'emporterait devant Moncef Marzouki, en perte de vitesse. Détails. Le sondage a été réalisé du 16 au 22 janvier dernier à distance par téléphone auprès d'un échantillon représentatif de la population tunisienne âgée de 18 ans et plus, de 1652 personnes. Un premier résultat, le degré de satisfaction des Tunisiens quant à la prestation du gouvernement, est au plus bas depuis la création de ce baromètre avec le taux de 34%, six points en moins qu'en décembre 2012. En même temps, le taux d'insatisfaction a atteint une proportion record de 61%. Plus d'une année que la Troïka est au pouvoir, les déceptions et l'effet de l'usure ont écorché et mis à mal le capital de popularité de ce gouvernement. Cela revient certainement aux promesses non tenues, aux difficultés rencontrées par les citoyens dans leur vie quotidienne, et à la cherté de vie. Tous ces manquements expliquent largement cette désaffection. Vivement le remaniement ministériel. Toutefois, au rythme avec lequel avancent les tractations pour la formation du nouveau gouvernement, le choc psychologique positif tant espéré est difficile à atteindre. Avec les mouvements de protestation au Kef, on comprend que seuls 22% de ce gouvernorat expriment leur satisfaction de la prestation du gouvernement. 73% déclarent qu'ils sont insatisfaits et 60% totalement insatisfaits. Au mois de décembre Le Kef enregistrait un taux d'insatisfaction de 65%. Entre temps, l'opposition sera-t-elle assez perspicace pour tirer profit de la chute de la popularité du gouvernement ? Les Tunisiens dans leur majorité sont-ils satisfaits de la prestation du gouvernement ? « La satisfaction des Tunisiens quant à la prestation de l'opposition enregistre, au mois de janvier 2013, son meilleur niveau depuis le début de ce baromètre, soit 32%, en hausse de 4 points par rapport à décembre », révèle le sondage de 3C Etudes. Les Tunisiens ont une meilleure appréciation de la prestation de l'opposition. Les actions de rapprochement entre les différents partis d'opposition sont de nature à améliorer son impact dans l'opinion publique. Pour ce qui est de la prestation des médias, elle remporte aisément la satisfaction de 65% des Tunisiens. C'est le secteur dont les Tunisiens sont les plus satisfaits. Il est clair que la liberté de ton des médias tunisiens, en dépit des attaques de ceux qui parlent de « presse de la honte », est bien estimée à sa juste valeur par de larges franges de Tunisiens. La situation sécuritaire du pays, sujet brûlant et d'actualité quotidienne pour les citoyens, est-elle satisfaisante ? Là la satisfaction des Tunisiens est en hausse pour le troisième mois successif. Elle est de 46% en janvier, contre 44% en décembre dernier. En dépit de cette augmentation, la majorité des Tunisiens, soit 51%, ne sont pas satisfaits de la situation sécuritaire. Qu'en est-il des élections législatives et présidentielles ? En cas d'organisation d'élections législatives, Nida Tounès se hisserait à la première place avec 33,1% des suffrages, réalisant un saut de 4,7% par rapport au mois de décembre et devançant pour la première fois Ennahdha, quoique légèrement. Celle-ci récolterait 33% des suffrages, avec un recul de 0,9% point. Les autres partis accusent une baisse. Le Front populaire garde la troisième place avec 7,9% des voix. Le parti républicain demeure à la quatrième place avec 5,6% des voix. La cinquième place reviendrait à Al-Aridha et au Congrès pour la République (CPR) avec chacun 3,5% des voix. Ettakatol, en baisse n'obtiendrait que 2,9% des voix. Il est suivi par Hizb Ettahrir avec 1,8%. L'Union Patriotique Libre de Slim Riahi aurait 1,4% des voix (-0,7 points) et Al Moubadara de Kamel Morjane 1% des voix. Ces partis sont suivis par d'autres comme Wafa, Al-Massar, Achaab... Compte tenue des scores obtenus, il est clair qu'aucun parti ne pourra gouverner seul. Les coalitions deviennent la règle d'or. Plus, elles sont larges, plus il est pratique et possible de gouverner. Si les élections présidentielles se déroulaient aujourd'hui, pour qui voteraient les Tunisiens ? Béji Caïd Essebsi, serait en tête avec 9,9% des voix, en baisse de 0,6 point par rapport à Décembre. Moncef Marzouki garderait la deuxième place avec 7,1% des voix. Hamma Hammami serait à la troisième place avec 3,8% des voix. Taïeb Baccouche serait à la quatrième place avec 2,7% des voix. Hamadi Jebali le suivrait avec 2,6% des voix. Il devancerait Mustapha Ben Jâafar en baisse et qui récolterait 2,5% des voix. Ahmed Néjib Chebbi passe de la 13ème à la 7ème place avec 2,3% des voix. Il est suivi par Mohamed Abbou, Abdelfattah Mourou, Rached Ghannouchi (1,2%), Samir Dilou (1%), Abderraouf Ayadi, Ali Laarayedh, Kamel Morjène et Hachemi Hamdi. Il faut préciser que 37,3% des Tunisiens seraient indécis. En cas de passage de Moncef Marzouki et Béji Caïd Essebsi au second tour des élections présidentielles, c'est Béji Caïd Essebsi qui lui brûlerait la politesse et l'emporterait avec 51,4% des voix contre 48,6% pour l'actuel locataire du palais de Carthage. Le dernier mois s'était Marzouki qui l'emporterait. La chute de popularité de Marzouki est en train de servir BCE, celle du parti Ennahdha, Nida Tounès. On comprend l'agacement que suscitent ces résultats auprès des sympathisants d'Ennahdha, ses alliés et certains de leurs dirigeants. L'empressement à présenter le projet de loi dite d'immunisation de la Révolution calmera-t-il leurs ardeurs ?