Nida Tounès talonne de très près Ennahdha 54% des Tunisiens estiment que le gouvernement cherche à modifier leur mode de vie Les ministres ne sont pas jugés fidèles aux principes de la Révolution 67% des Tunisiens satisfaits des médias Après le virage connu par l'opinion publique le mois dernier, les résultats de la dixième vague du baromètre politique de l'Institut d'études marketing, média et opinion 3C études étaient vivement attendus. En tout état de cause, avec les nouvelles données la conjoncture change irrévocablement et se consolide de plus en plus. Le sondage s'est étoffé de nouvelles questions: pensez-vous que le gouvernement cherche à modifier le mode de vie des Tunisiens ? Le sondage fait part aussi de ce que les Tunisiens pensent de leurs gouvernants jugeant leur degré d'honnêteté et aussi leur fidélité aux principes de la Révolution, en plus des intentions de vote... Un grand décalage entre l'auto-appréciation des membres du Gouvernement et celle de l'opinion publique. Concernant les partis politiques, de grandes différences apparaissent entre leur appréciation par l'opinion et l'appréciation de leurs leaders respectifs. Le sondage a été réalisé du 8 au 14 octobre courant, par téléphone auprès d'un échantillon représentatif de la population tunisienne âgée de 18 ans et plus, de 1665 personnes. L'échantillon a été constitué selon la méthode des quotas. Concernant, le degré de satisfaction quant à la prestation du gouvernement, 38% seulement affirment être satisfaits, soit un recul de deux points par rapport au mois de septembre et de 11 points par rapport au mois d'août. 58% des Tunisiens se déclarent déçus par la prestation du gouvernement. Après un recul de 7 points au mois de septembre, le niveau de satisfaction des Tunisiens de la prestation de l'opposition fait un bond de 8 points au mois d'octobre pour atteindre 29%. Le niveau d'insatisfaction, tout en baissant demeure à un niveau élevé de 57%. L'opposition se trouve favorisée par la baisse de popularité du Gouvernement, sans pour autant en tirer un profit appréciable. Il reste encore du chemin à parcourir pour qu'il y ait un véritable effet de vases-communicants entre elle et le gouvernement. La prestation des médias continue à gagner la sympathie des Tunisiens. La satisfaction des Tunisiens quant à la prestation des médias progresse de 6 points pour se situer à 67%. C'est un record absolu de tous les indicateurs. Concernant la situation sécuritaire, elle est stable d'un mois à un autre. Le niveau de satisfaction se situe à 37%, le même niveau que le mois précédent, en plein affaire de l'ambassade américaine. Si 13% des Tunisiens sont très satisfaits de la situation sécuritaire, 61% se déclarent insatisfaits. A la nouvelle question : pensez-vous que le gouvernement cherche à remodeler le mode de vie des Tunisiens ?, 54% des Tunisiens répondent par l'affirmative. 16% pensent qu'il cherche à le dénaturer complètement. En revanche 35% pensent que le gouvernement ne cherche pas à s'immiscer dans leur mode de vie. Le sondage cette fois-ci a introduit une nouveauté singulière ayant trait à l'évaluation des ministres du gouvernement. Il a été demandé de leur attribuer une note collective pour chacun des critères suivants : l'intégrité, l'efficacité et la fidélité aux principes de la Révolution. L'intégrité des ministres est jugée de manière défavorable par 30% des Tunisiens et très défavorable pour 14% d'entre eux ; 27% la trouvent passable et 22% bonne et seulement 5% la trouvent très bonne. L'efficacité des ministres est jugée insuffisante par 37% des Tunisiens, très insuffisante par 18% d'entre eux. 29% la trouve passable et 14% bonne. Un autre indicateur inquiétant pour les ministres du gouvernement. 44% des Tunisiens trouvent que les ministres ne sont pas fidèles aux principes de la Révolution alors que 28% les trouvent totalement infidèles. En même temps 21% les trouvent passables et seuls 17% les considèrent fidèles aux principes de la Révolution. Si des élections législatives auraient lieu l'année prochaine, pour quel parti voteraient les Tunisiens ? Le sondage montre que si les prochaines élections législatives sont tenues à mi-octobre 2013, Ennahdha récolterait 30,9% des voix en hausse précaire de 0,5 point par rapport au mois précédent. Nida Tounès consolidera aisément sa deuxième place avec 28,1% soit une progression de 7,3 points. Nida Tounès talonne et colle de très près à Ennahdha. Une fulgurante ascension qui explique en grande partie, l'irritation que suscite ce parti auprès d'Ennahdha et ses alliés. La politique d'exclusion n'a fait que servir encore davantage Nida Tounès. Le Parti Républicain se contente de sa troisième place avec 5,8% des voix. Le Front populaire peut récolter 5,6%. Avec le même score (5,6%) Al Aridha dépasserait le Congrès pour la République (CPR). Ce dernier reculerait de 1,5% pour récolter 5% des suffrages. Ettakatol, aussi perdrait 0,7 point pour gagner 3,4% des voix. L'Union Patriotique Libre (UPL) renforce sa position avec 2,8% des voix. La présidence du Club Africain sert bien à quelque chose. Al Moubadra serait à 2,3% avec un recul de 0,6%. Hizb Attahrir qui ne croit ni aux élections, ni à la Démocratie, récolterait 1,6% des voix, le mouvement Achaab 1,2% et Al Massar 1,1%. Le chapitre élections présidentielles, révèle une nouveauté de taille. Pour la première fois Moncef Marzouki est délogé de son poste de favori des sondages. Il se trouve devancé par Béji Caïd Essebsi avec 14% des voix, en hausse de 3,6% points par rapport au mois d'août. Il a toujours été à la deuxième place. Moncef Marzouki avec 9,7% des voix quitte le piédestal pour se retrouver à la deuxième place, en recul de 4 points sur deux mois. La troisième place revient à Mustapha Ben Jâafar avec 3,3%. Hamadi Jébali obtient 3,1%. Hamma Hammami reste à la 5ème place avec 1,8% des voix. Mohamed Abbou aurait 1,5%, Taïeb Baccouche 1,3%, Ali Laarayedh et Kamel Morjane auraient chacun 1,2% des voix. Enfin Rached Ghannouchi aurait 1,1%. Une précision de taille 38% des Tunisiens restent évasifs ne sachant pas encore pour qui voter. D'ici les prochains rendez-vous électoraux beaucoup de choses peuvent changer.