Terre ouverte à tous les excès, la Tunisie l'est devenue après sa belle « révolution ». Notre pays jadis cité comme exemple de modernité et de juste milieu s'est transformé en quelques mois en un espace de fanatisme et d'extrémisme nourris d'une ignorance importée et produite localement. Point de place pour le savoir et lumières. A entendre les prêches de certains illuminés, de chez-nous, à voir leurs équipées musclées partout sur le territoire de la République, on se demande si c'est cette Tunisie dont nous rêvions. Et comme si cela ne suffisait pas on nous fait venir d'ailleurs, des messagers de la haine et de l'intolérance. Des prédicateurs qui distillent leur venin destructeur parmi des jeunes surtout désœuvrés, désorientés, et accablés par le marginalisme qu'ils vivent. Une manière très efficace d'ailleurs, de les détourner des réels problèmes auxquels ils font face. Avec des discours enflammés où l'on joue sur la fibre religieuse, ces apprentis savants parviennent à se faire des adeptes et des inconditionnels obéissants et prêts au sacrifice pour la « bonne cause », mettant ainsi en danger la paix sociale, les acquis des Tunisiens et la sécurité du pays. De Wajdi Ghonim à Nabil Awadhi, en passant par Al Arifi et nous en oubliions, c'est le même discours qui est véhiculé et qui prêche la mort plutôt que la vie. Y a-t-il mort plus que celle de voiler une fillette de quatre ou même de dix ou douze ans ? Y a-t-il crime plus abject d'enseigner à des jeunes innocents comment haïr leurs semblables et en faire des ennemis à abattre ? Et pourtant on continue à les inviter, à leur ouvrir nos mosquées, à leur rouler le tapis rouge et à les faire participer aux débats télévisés et autres ! Quelle est cette logique qui préside à ce comportement on ne peut plus destructeur, ou plutôt à cet aveuglement qui nous mène droit vers le précipice ? Nos chaînes de télévision que leurs fidèles téléspectateurs nous excusent en cherchant à les démasquer en les montrant sous leurs vrais visages, leur font de la publicité gratuite et leur font gagner encore des adeptes parmi cette jeunesse désœuvrée et en manque de repères. Nous ne taxerons pas les producteurs de ces émissions de faire du sensationnel ou de faire la chasse au téléspectateur, nous demeurons convaincus de leur bonne foi, mais ceci n'empêche qu'ils participent peut-être sans le vouloir à faire le lit du fanatisme et de l'obscurantisme à travers l'invitation sur plateau ou par téléphone de ces malfaiteurs qui n'ont d'autre projet que la destruction de tout ce qui est humain dans son sens le plus noble. Aussi, n'y a-t-il pas d'autres problèmes à débat plus importants, à mettre sur la table, des problèmes qui touchent au quotidien des gens, à leur avenir et ceux de leurs enfants ? Assurément que oui, surtout par ces temps d'incertitudes, de doute et de crise. Le meilleur moyen pour combattre l'ignorance et faire barrage de l'obscurantisme est de créer des conditions de confronter les idées au tour de telle ou telle question vitale. Combattre ce phénomène dévastateur c'est à travers la participation de la jeunesse à l'élaboration de projets d'avenir en suscitant l'émergence d'une opinion publique capable de peser sur les décisions politiques à venir, étant en plein dans la transition. A la place de cette errance ne fallait-il, pas agir et favoriser une prise de conscience à même de prendre part à la réalisation d'un vrai projet de société qui s'inspire de la longue et riche histoire de ce pays, tout en demeurant vigilant et prêt à réagir pour faire barrage à ce projets de destruction ressassés par ces ignorants qu'on invite à grande pompe.