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Interview fictive et à titre posthume
Qu'aurait-dit, aujourd'hui, Chokri Belaïd
Publié dans Le Temps le 10 - 02 - 2013

Il était notre invité de ce dimanche. On l'a appelé mardi après-midi pour une interview et il nous a fixé un rendez-vous pour le jeudi à 10h. Mais cette date qu'on croyait proche s'est avérée lointaine et on va devoir attendre encore pour rencontrer ce militant hors pair, il va falloir réaliser tous les objectifs de la révolution, tous les projets pour lesquels notre grand héros s'est battu sa vie durant et pour lesquels il a sacrifié sa vie.
Sans l'exécution de cette mission, on n'oserait jamais le rencontrer, nos yeux ne pourraient jamais croiser ses yeux perçants et intransigeants. Quelles réponses pourrions-nous lui donner pour justifier notre manquement à la parole donnée? On ne pourrait plus arguer de la force de l'ennemi, car son assassinat nous a dessillé les yeux, il a mis à nu la fragilité de ce dernier, nous a édifiés sur notre vrai potentiel et permis de réaliser notre vraie dimension. Pour toutes ces considérations, il ne nous est pas permis de faillir au devoir dont CHOKRI nous a chargés, on est tenu de persévérer, de resserrer les rangs, de coordonner notre action et de l'organiser pour venir à bout de cette vipère qui nous menace et empoisonne la vie. En Attendant le grand rendez-vous avec notre grand militant martyr pour fêter notre grande victoire, on se contente, pour le moment, de recueillir ses impressions sur son assassinat et le jour de ses grandes funérailles.
-Le Temps : comment vous avez vécu cette journée ?
-Le martyr CHOKRI BELAID : ce jour-là, j'ai vu la vraie Tunisie, la Tunisie vaillante qui ne transige pas avec les lâches, la Tunisie progressiste où il n'y a pas de place pour les obscurantistes, la Tunisie démocratique qui ne souffre pas les fanatiques. Ce jour-là, je n'ai pas vu de barbes ébouriffées, ni de «Nikabs», ni de « Djelbabs », ni de drapeaux noirs, mais des femmes et des filles rayonnantes portant de belles robes et des jeans, des hommes et des jeunes habillés selon l'esprit de l'époque. Ce jour-là me rappelle la période révolutionnaire où on ne voyait que ces visages radieux et pleins de vie. Comme ils étaient beaux mes compatriotes, ce jour-là ! Leur bel aspect extérieur ajouté à leur beauté intérieure a conféré à mes funérailles un caractère festif et nous a offert un paysage grandiose de la Tunisie dont le grand cœur n'arrêtera jamais de battre en dépit des tentatives de ses ennemis qui veulent l'assassiner. Elle vivra notre grande Tunisie et finira tôt ou tard par imposer à ces derniers son mode de vie.
Mes funérailles ont ressuscité la vraie image de la Tunisie que ses ennemis veulent ternir
-Après cette journée exceptionnelle, quel est le message que vous pouvez transmettre à ceux qui vous taxent d'être minoritaires ?
-Ce jour-là était le jour de la vérité, le mensonge est, enfin, dévoilé. On était 1 400 000 sans compter les centaines de milliers de citoyens qui ont manifesté dans les provinces. Donc le nombre de ceux qui étaient présents à mes funérailles représente à lui seul presque l'équivalent de celui de ceux qui ont voté pour « Ennahdha » aux élections du 23 octobre. Maintenant, on sait très bien qui est le groupe de 0, Qu'ils arrêtent alors de parler de majorité et de légitimité ! D'ailleurs, cette dernière s'est effondrée depuis belle lurette, depuis que ce gouvernement de l'étouffement de la révolution a trahi les objectifs de celle-ci, depuis que « Ennahdha » s'est mise à vendre le pays aux plus offrants des émirs du pétrodollar, depuis qu'elle a fait de notre chère Tunisie un grand koutab (école religieuse) animé par des cheiks rétrogrades qui ne savent parler que de sexualité, d'excentricité et de monstruosité, ces détraqués qui appartiennent à une époque qui n'a jamais existé dans l'histoire de l'humanité, une époque qui s'inscrit hors de l'histoire. Cette légitimité, « Ennahdha » l'a perdue depuis qu'elle a mis la main sur tous les rouages de l'Etat pour pérenniser son pouvoir, depuis qu'elle a mis en place les moyens pour y parvenir tel que la création des milices en vue de terroriser les citoyens et les obliger à renoncer à leur liberté en contrepartie de la sécurité. Mais, comme ses dirigeants manquent de clairvoyance et de discernement, ils sont incapables de comprendre que celui qui accepte un marché pareil ne pourrait avoir ni l'une, ni l'autre et que le peuple tunisien ne conclurait aucun accord avec ses tortionnaires, les ennemis de toutes les valeurs humaines, le seul contrat qu'il a noué c'est celui de l'honneur, il a juré d'éradiquer le mal qui ronge notre tissu social, d'extirper cette tumeur qui consume notre corps. « Ennahdha » ne peut plus se prévaloir de légitimité depuis le jour où on m'a, lâchement, assassiné.
Avec mon assassinat, « Ennahdha » perd définitivement toute légitimité et doit quitter la partie
-Si vous nous parliez de votre assassinat ?
-Ce jour-là, des lâches s'étaient postés devant chez moi et ils ont attendu que je monte en voiture à côté de mon camarade et ami Zied Lakhdar, qui m'attendait, pour tirer sur moi et vider les balles du crime et de la trahison avec leurs sales mains tremblantes. Ils ne m'ont pas laissé le temps pour leur demander de transmettre mon message à leurs commanditaires. Je voudrais leur dire que par leur acte sordide, ils me rendent encore plus grand et donnent plus de force aux idées que je défends et auxquelles je me suis immolé. Par votre lâcheté, vous faîtes tomber le masque pour laisser apparaître votre visage lugubre et hideux, pour trahir votre haine et votre projet obscurantiste que vous essayez de dissimuler avec votre double discours dont vous continuez, éhontément, à faire usage même après avoir perpétré votre crime abominable en prétendant le condamner et être contre la violence d'où qu'elle vient, les slogans de toujours dont vous nous assourdissez et écorchez les oreilles, alors que, sur le terrain, vos milices continuent à faire la loi et vos imams à inciter au crime impunément. Vous disposez du ministère de l'intérieur comme un organe partisan et que vous voulez transformer en instrument de terreur pour exécuter tous vos adversaires politiques exactement comme vous séquestrez le ministère de la justice que vous faites suspendre comme l'épée de Damoclès sur la tête de tous ceux qui refusent de s'aligner sur vos positions et de s'engager dans votre voie de la traitrise. Vous voulez vous approprier la Révolution à laquelle vous n'avez participé ni de près, ni de loin et que vous trahissez à tous les niveaux. Je voudrais préciser que ceux qui veulent incriminer mon ami et camarade Zied ne me choquent pas, car ils sont sans scrupules, on ne peut pas s'en vouloir à ceux qui n'ont pas de morale, ceux qui ne sont pas susceptibles de réaliser les valeurs de la camaraderie et de l'amitié.
Ma fortune est un ensemble de principes et de valeurs, alors que la leur sent le pétrodollar
-Quelle est votre réponse à ceux qui vous accusaient de distribuer de l'argent aux manifestants de Siliana ?
-Le peuple tunisien est, maintenant, bien édifié sur la situation, mon assassinat lui a permis de discerner le bon grain de l'ivraie, il sait qui est le vrai terroriste, qui est l'ennemi du pays qui veut tout détruire pour le transformer en ruine. Les Tunisiens savent, maintenant, que CHOKRI BELAID n'est pas fortuné comme l'a prétendu « Ennahdha » et que la seule fortune qu'il a pu amasser est celle des principes et valeurs auxquels il croit dur comme fer et pour lesquels il a sacrifié ce qu'il avait de plus cher, sa vie. Elle n'est pas évaluée en argent, elle n'est pas comptabilisée en milliards et en biens mobiliers et immobiliers. CHOKRI BELAID ne possède ni villas, ni voitures, ni sociétés, ni yachts..., il n'est pas avide de ce genre de richesse après laquelle courent ses ennemis et pour laquelle ils sont prêts à assassiner tout un peuple s'il le faut. COHKRI BELAID n'a pas tiré profit de sa grande contribution à la Révolution, il n'a pas fait un fonds de commerce de son histoire militante comme font ceux qui n'y ont pas participé et qui veulent monnayer les années de leur emprisonnement en se partageant le butin, ceux dont la contradiction majeure avec le régime était le pouvoir, ceux qui n'ont pas de projets économique, social et politique alternatifs à présenter au peuple pour lui permettre de mettre fin à la misère, la marginalisation, la discrimination, la dictature, la répression ceux dont le seul projet est l'obscurantisme. CHOKRI BELAID n'a pas d'argent pour donner aux enfants de la patrie, les seules choses qu'il peut leur prodiguer sont les valeurs humaines et les principes de la révolution dont ils sont, profondément, imprégnés. Ce sont ses ennemis qui possèdent de grosses fortunes sentant le pétrodollar, qui en ont distribué une partie à leurs milices le jour de mes funérailles pour semer la zizanie et perturber la cérémonie, qui n'ont de respect ni pour les vivants, ni pour les morts.
« Ennahdha » cherche à perpétuer l'état de transition de sorte que qu'elle puisse contrôler les rouages de l'Etat et mettre en place sa «dictature émergente»
-Avez-vous confiance dans les promesses de «Ennahdha» sur les circonstances démocratiques des élections à venir et quelle est votre vision pour la gestion de la phase transitoire actuelle?
-Le « Mouvement Ennahdha » a trahi l'alliance qu'il a conclue avec les partis politiques concernant son engagement à respecter les délais, ce qui a crée un état d'instabilité et de tension et des troubles de vision chez les Tunisiennes et les Tunisiens. Ce comportement de la «Ennahdha» est une introduction au « sixième califat » promis, elle essaye de perpétuer l'état de transition de sorte qu'elle puisse contrôler les rouages de l'Etat et l'administration et assurer l'ingestion de la société et l'éradication des vrais adversaires, un vrai levier pour revenir à la dictature. La Tunisie d'aujourd'hui à un besoin précis et urgent d'un calendrier explicite et déclaré pour la loi électorale, les instances indépendantes des élections et de l'information, l'instance provisoire de l'ordre judiciaire ainsi que la rédaction finale de la Constitution. Ce calendrier est la seule garantie d'un consensus entre toutes les parties, la gestion de cette étape exige une nouvelle conception après l'échec de la «Troïka» dans la gestion des affaires du pays. Cet échec général rend inéluctable et, extrêmement, urgent la constitution d'un petit gouvernement de crise ne dépassant pas les quinze membres au grand maximum et qui ne pourraient pas se présenter aux prochaines élections. Cette équipe gouvernementale assurerait la gestion de la période transitoire conformément au calendrier qui serait élaboré d'une manière consensuelle par toutes les parties afin que la gestion de l'administration et en particulier les ministères de l'Intérieur et de la justice ne soient pas gérés pour le bénéfice d'une partie contre toutes les autres et à leur exclusion et que les élections soient libres, justes et transparentes conformément aux normes internationales.
Mon esprit sera la torche qui guidera vos pas et qui dirigera votre action en vue de l'émancipation finale
-Votre lettre d'adieu au peuple tunisien.
-Je dis, tout d'abord, à mes chers compatriotes, aux Tunisiennes et Tunisiens libres que vous allez me manquer énormément, mais que je serai, toujours, parmi vous, en vous pour soutenir votre action par mon esprit. Je serai votre source d'inspiration et le foyer dans lequel vous puiserez votre force pour continuer notre bonhomme de chemin et mener la barque de la révolution à bon port. Mes yeux ne se fermeront jamais, ils resteront, éternellement, ouverts pour que je puisse veiller sur vous et vous réveiller quand vous vous endormez. Je serai le berger qui vous protègera contre les loups qui vous guettent de partout et qui attendent le moment propice pour vous sauter dessus et vous dévorer. Soyez unis, conjuguez vos efforts Démocrates et Progressistes pour lutter contre le Fascisme religieux ! Je serai, toujours, là présent parmi vous. N'oubliez pas que je ne vous ai pas complètement quitté, puisque je vous ai confié Nayrouz et Nada ! Elles poursuivront la mission de leur père à vos côtés...


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