Parler de l'agriculture en Tunisie, c'est parler de 18% du PIB national, d'environ 8% de l'ensemble des exportations tunisiennes. C'est aussi, évoquer un secteur stratégique qui emploie pas moins 560 000 personnes, soit 18% de la population active sur le territoire nationale. Quand on parle de l'agriculture, on ne peut occulter les difficultés que connaît ce secteur stratégique, telles que le morcellement des terres agricoles, les conditions climatiques (le manque de pluviométrie). Sans oublier surtout le manque de ressources financières qui handicape ce secteur. Entraves causées surtout par le désengagement du secteur bancaire dans le financement de l'agriculture. Chiffres à l'appui. L'agriculture ne bénéficie que de 7% du total des crédits accordés annuellement par le secteur bancaire. Les investissements publics dans ce secteur ont également connu une baisse de 10%. Selon les chiffres avancés par le Syndicat des Agriculteurs de Tunisie, le secteur connait également un faible de taux de couverture des risques agricoles assurés (3%). A cela s'ajoute la réticence des banques de la place pour financer l'agriculture. Ces banques n'interviennent qu'à hauteur de 20% des investissements agricoles et les subventions publiques ne dépassent pas les 12% en moyenne, des investissements agricoles. Là, il faut certainement relever le paradoxe. D'une part, l'agriculture bien qu'elle soit un secteur assez stratégique, ne bénéficie pas des financements nécessaires. Elle est en outre, confrontée à une triste réalité, que l'on résume souvent dans une double contrainte. Il s'agit de la libéralisation des échanges et instabilité des prix, ainsi que les changements climatiques, dont les effets nocif sont de plus en plus marqués en Méditerranée. Côté banque, on affirme souvent que le secteur agricole est un secteur risqué. Et ce pour plusieurs raisons à l'instar de sa dépendance totale des aléas climatiques, les situations foncières des terres agricoles, le morcellement des exploitations agricoles, la fragilité des ressources naturelles, l'endettement, l'assurance. D'une façon générale, cette logique se pose surtout pour les petits agriculteurs qui représentent 80% de l'ensemble des agriculteurs. Raison pour laquelle, les banques de la place exigent toujours des garanties. Et dès qu'il amorce son projet, l'agriculteur se trouve face à l'obligation de contracter de nouveaux crédits, et il se trouve, par conséquent fort endetté. Ce phénomène de surendettement atteint, selon le ministère de l'agriculture, un peu plus de 120.000 agriculteurs, soit 23% de l'ensemble des agriculteurs tunisiens.
L'agriculture n'est pas une activité économique ? De l'avis des agriculteurs, on affirme, qu'il est aujourd'hui impossible de trouver une banque en dehors de la BNA, qui finance l'agriculture en tant qu'activité économique. Les autres formes de financements sont accordées à titre personnel, comme si, l'agriculture ne bénéficie pas de la confiance des banquiers. On évoque également, que les crédits bancaires paraissent de moins en moins inappropriés à la complexité de l'activité agricole. Les garanties que les banques exigent, sont par contre jugées excessives, surtout avec la complexité du système foncier. Les agriculteurs parlent, d'une façon générale, de la fermeture progressive des crédits agricoles. Les crédits de compagne se font de plus en plus rares. Les crédits pour assurer la modernisation ou bien l'amorçage de nouveaux projets agricoles semblent assez difficiles à y accéder. Chiffre à l'appuie, l'encours des crédits dispenséss directement au secteur de l'agriculture et la pèche a atteint 1 342 millions de TND en 2009 et 1 272 millions de TND en 2008 contre 1 769 millions de TND en 2 003, soit une baisse de 28,1 pour cent sur cinq et de 24 pour cent sur six ans. Encadré
Endettement agricole, un casse tête chinois ou quoi ? Dans une étude menée conjointement par la Banque Mondiale (BM), l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation (FAO) et l'Agence Française de Développement, on note que l'agriculture contribue à 9% du PIB, à 18% du marché de l'emploi et à 9% des exportations, le secteur agricole ne bénéficie que 4% du total des crédits. Selon cette même étude, l'endettement global agricole s'élève à 1760 millions de TND dont 760 millions de TND échus (43 pour cent de l'endettement global) pour 120 000 agriculteurs (23 pour cent du nombre total des exploitations) dont 72 pour cent de petits agriculteurs disposant de dettes inferieurs à 4 000 dinars. Le montant global des dettes agricoles auprès de la BNA s'élevaient à 978,5 millions de dinars. Il est à remarquer que les intérêts conventionnels et de retards représentent presque le tiers des dettes, malgré les mesures de rééchelonnement prises en faveur de la céréaliculture ayant réduit les intérêts de retard du fait de leur prise en charge par le FNG. Il convient de préciser que 57 pour cent des montants échus sont dus a l'Etat, le reste a la BNA.
A noter Endettement, les causes qu'on devrait connaître Les aléas climatiques, l'absence de mécanisme efficace de couverture, la politique du crédit: coût et procédure, la politique des prix, des programmes de soutien, l'interventionnisme de l'Etat, l'organisation du marche, l'efficacité des structures professionnelles et l'organisation des agriculteurs d'une manière générale, sont autant de causes que l'étude précitée met en exergue.