«La situation que vit le pays ne peut tolérer l'allongement des négociations», prévient Meya Jeribi «La Tunisie a besoin d'un consensus national et non d'un Gouvernement de coalition», affirme Issam Chebbi Créer une commission indépendante qui participe à l'enquête sur l'assassinat de Chokri Belaïd La conjoncture politique, les tractations engagées à propos de la formation du prochain gouvernement, les normes auxquelles ce gouvernement doit se conformer et la position du parti Républicain (Al-Joumhouri) en cette période délicate et cruciale par laquelle passe le pays, ont été au centre de la conférence de presse tenue, hier, par les leaders de ce parti au siège d'Al-Mawkef, un journal militant qui était durant les années de braise un des rares espaces permettant à l'opposition de s'exprimer y compris ceux qui sont aujourd'hui au pouvoir. De prime abord, Issam Chebbi, porte-parole d'Al-Joumhouri, exprimera les inquiétudes du parti quant à la situation sécuritaire dans le pays après la découverte, la veille, de tout un arsenal d'armes stockées à El Mnihla, banlieue proche de Tunis. « Al-Joumhouri réitère l'appel pour doter les unités de sécurité de tous les moyens utiles et nécessaires à l'accomplissement de leur travail. Ce qui a été découvert est un succès et en même temps un signe d'échec. Les armes sont entassées dans la capitale pour être utilisées », dit-il. L'état d'avancement de l'enquête sur l'assassinat de Chokri Belaïd n'est pas connu par le public. « Dans tous les pays du monde, le ministère de l'Intérieur informe l'opinion sur l'avancement de l'enquête sans être amené à donner des détails qui peuvent l'entraver. Les Tunisiens ont le droit d'être rassurés que l'avancement de l'enquête est sur la bonne voie, avec des déclarations du ministère de l'Intérieur, au moins une fois par semaine. Il est nécessaire de former une commission indépendante qui participe à l'enquête », insiste le porte-parole d'Al-Joumhouri. Concernant la formation du prochain Gouvernement, après l'annonce par Hamadi Jebali de l'échec de son initiative de composer un Gouvernement de compétences nationales soutenu par Al-Joumhouri, ce parti a entamé des négociations avec ses alliés et les différents intervenants politiques dans le pays, pour trouver une issue pour sortir de la crise. Il est favorable à la formation d'un Gouvernement mixte composé de compétences partisanes et d'autres non partisanes, au nombre réduit tout en confiant la charge des ministères de souveraineté à des personnalités non partisanes. Ces ministères doivent être neutres, surtout la Justice et l'Intérieur. Un congrès national doit être tenu sans exclusion aucune, pour fixer une date bien déterminée pour les élections et en finir avec la période transitoire. La prochaine étape ne pourrait dépasser la fin de l'année. Aucun Gouvernement ne pourra s'attaquer à tous les problèmes. Il devra s'occuper de la question des prix, la sécurité et la réussite de la transition. Le parti Al-Joumhouri soutiendra un tel Gouvernement sans pour autant en faire partie. En même temps, l'ANC se consacrera entièrement à l'élaboration de la Constitution et les quelques textes nécessaires pour la transition. « La Tunisie a besoin d'un consensus national et non d'un Gouvernement de coalition », précise Issam Chebbi. Il ajoute que Hamadi Jebali est la personne la mieux indiquée pour diriger pareil Gouvernement. « Il a exprimé sa disposition à assumer une telle responsabilité, tout en posant des conditions sur lesquelles nous sommes d'accord. Le problème n'est pas juridique. Ce qui compte c'est de trouver un consensus politique et accélérer la formation de ce Gouvernement. L'équipe actuelle qui gouvernait a plongé le pays dans une situation catastrophique, que dire aujourd'hui ? », dit-il. La loi fondamentale d'organisation provisoire des pouvoirs impose le retour à l'Assemblée Nationale Constituante (ANC) pour gagner sa confiance. Aux parties qui disposent de la majorité et au premier groupe de l'ANC de privilégier l'intérêt supérieur du pays aux intérêts partisans. « La situation a changé et il faut changer la manière de la traiter ». Meya Jeribi, secrétaire générale du parti, rappelle que « la page de l'initiative de Hamadi Jebali a été tournée. Il faut trouver une issue dans les prochaines heures. A la fin des pourparlers qui ont eu lieu samedi et lundi derniers, Hamadi Jebali a annoncé l'échec tout en exprimant sa disposition à servir encore le pays sur la base des accords possibles, à savoir un Gouvernement réduit en nombre de ministres, le mixage entre ministres partisans et d'autres non. Les ministres se consacreront à leur travail gouvernemental et non aux activités de leurs partis. Les quatre ministères de souveraineté seront neutres. « Le représentant d'Ennahdha avait dit que son parti avançait dans le sens de la neutralité de ces ministères », précise Meya Jeribi. Ces accords permettent d'entrevoir de nouveaux horizons. « La situation que vit le pays ne peut tolérer l'allongement des négociations », dit-elle. A une question du Temps, sur la coordination avec les autres composantes de l'Union pour la Tunisie, Mongi Ellouze dira que « les consultations sont continues entre les partis de l'Union pour la Tunisie. Des réunions ont eu lieu avant et après la démission de Hamadi Jebali. Un communiqué commun devra être publié dans les heures qui suivent ». Concernant l'action de l'Assemblée Nationale Constituante, Noômane Fehry, précisera que la Constituante doit mettre sur pied l'Instance des élections, l'Instance de la magistrature et celle de l'information, adopter la Constitution, élaborer le Code électoral et si elle a le temps, adopter la loi sur la justice transitionnelle. La Constitution peut être adoptée, entre fin mai et fin juin. Les élections peuvent se dérouler fin octobre prochain. Des accords politiques, à trouver en dehors de la Constituante, peuvent mettre fin aux divergences. Ennahdha saura-t-elle s'adapter aux contraintes de la réalité ?