Le dimanche 24 février dernier, l'Acropolium a ouvert ses portes pour accueillir Giuseppe Verdi à travers une sélection d'extraits de ses plus grandes œuvres. La Traviata en tête, Aïda ou encore Rigoletto figurent parmi les opéras qui ont été mis à l'honneur lors du concert. L'Institut Culturel Italien, l'Acropolium de Carthage, en collaboration avec l'Institut Supérieur de Musique ont fêté le bicentenaire de la naissance du grand compositeur dans un spectacle intitulé « Viva Verdi » en présence de son Excellence, l'ambassadeur d'Italie à Tunis et d'autres personnalités. Un moment de grande musique qui a ravi l'assistance venue nombreuse malgré le froid... Sur scène, un piano et en arrière plan, des costumes formant un arc de cercle. Des couleurs, des tissus riches, élégants et puis cette grâce qui en émane. Tant d'histoires sont murmurées, susurrées à l'œil du visiteur. Le ton de la soirée se laisse deviner petit à petit : nous serons en présence de la grande musique. Promesse tenue, le rendez-vous avec le génie de Verdi a été transcendé par les voix de Yosra Zekri, Haythem Hadhiri, Nicolas François, Amani Ben Tara et Henda ben Chaâbène, dirigés par Hristina Hadjieva. Accompagnés au piano par Toyoko Azaïez, les interprètes ont conjugué le talent et la sensibilité afin de transporter l'auditoire dans l'univers de Verdi. Le concert était un dépaysement dont la voix et ses variations ont assuré l'escapade. Yosra Zekri était magistrale en Violetta, Amani Ben Tara était émouvante en Aïda, Henda Ben Chaâbène a empli l'espace de sa voix puissante subjuguant un public de plus en plus conquis. Quant à Heythem Hadhiri, de sa voix de baryton, il a enveloppé l'atmosphère d'une note réconfortante et chaude. Enfin, le ténor Nicolas François a capté l'attention avec son interprétation cristalline. Outre les variations vocales, c'est le jeu même qui conférait une sensibilité à fleur de peau dans l'interprétation. En effet, après une entrée en scène sous les applaudissements, le sourire disparaissait, le corps se contracte et le chanteur endosse pendant quelques minutes « le costume » du personnage, le faisant vivre pendant un moment, le temps d'une composition. Nous regrettons seulement que les interprètes n'aient pas mis les costumes pour parachever l'évasion. Pendant près d'une heure et demie, les notes du piano se sont mêlées aux timbres. Le public s'est laissé entraîner dans le monde énigmatique du chant lyrique. Observant un silence monacal, il s'est délecté des voix et des notes. Ne cachant pas leur plaisir, certains, à la fin du concert, ont exprimé leur admiration devant le talent de jeunes interprètes tunisiens. D'autres ont simplement qualifié le concert de « bella serata ». Très peu, en effet, sont partis avant la fin. Un troisième groupe a salué cette initiative en ces temps difficiles, jugeant que la soirée était un moment opportun pour renouer avec la culture, la vraie. Tous ont été unanimes sur la qualité du concert et le professionnalisme des interprètes. L'Acropolium s'est illuminé le dimanche, comme pendant l'Octobre musical, pour abriter une soirée des plus réussies. Trois sopranos, un baryton et un ténor se sont disputés l'excellence et c'est une tâche ardue que de vouloir les départager. A quoi bon d'ailleurs de le faire lorsqu'en fin de compte le plaisir aussi bien sur scène que dans le parterre était le même : celui de donner un art dans toute sa beauté et le fait de l'apprécier et pouvoir s'en émerveiller. C'est cette connivence qu'artistes et convives ont scellée. Une connivence qui n'est autre qu'une promesse pour de prochaines retrouvailles sous l'égide de la grande musique...