Hamadi Jebali passerait à la 2ème place en cas d'élections présidentielles Le Front populaire consolide sa position de 3ème force politique 57,7% des Tunisiens optimistes 61% des Tunisiens satisfaits de la prestation des médias La 14ème vague du baromètre politique de l'institut d'études marketing, media et opinion 3C Etudes a été impatiemment attendue. Elle a été réalisée durant une période marquée par l'attentisme du 14 au 20 février courant, 8 jours après l'assassinat de Chokri Belaïd et avant la démission de Hamadi Jebali. L'assassinat avait sérieusement secoué l'opinion publique pour la plonger dans la peur et le désarroi. Hamadi Jebali pour apaiser la tension présenta sa proposition de Gouvernement de compétences nationales non partisanes. Quelles ont été les retombées de cette catastrophe nationale sur la perception du Tunisien de l'échiquier politique. Y a-t-il des changements majeurs par rapport au mois de Janvier ? Que pensent les Tunisiens de la situation sécuritaire ? Quel est leur degré de satisfaction de la prestation du Gouvernement, de l'opposition des médias ? Quels sont leurs intentions de vote en cas d'élections législatives et présidentielles ? Le sondage a été réalisé par téléphone en mode CATI (Computer Assisted Telephone Interviewing) auprès d'un échantillon représentatif de la population tunisienne âgée de 18 ans et plus, de 1347 personnes. L'échantillon a été constitué selon la méthode des quotas respectant 5 variables de contrôle : l'âge, le sexe, la région, le milieu d'habitation et la catégorie socioprofessionnelle. La première question qui taraudait les esprits après l'assassinat de Chokri Belaïd concerne l'appréciation des Tunisiens de la situation sécuritaire. « Après avoir été en hausse pendant 3 mois, la satisfaction des Tunisiens quant à la situation sécuritaire du pays chute de 8 points en février en enregistrant un taux de 38% », précise Hichem Guerfali, dirigeant de 3C Etudes. Le taux d'insatisfaction a augmenté de 7 points pour passer à 58%. Ceux qui sont insatisfaits représentent une fois et demie ceux qui sont satisfaits. La situation sécuritaire a-t-elle influencé le degré de satisfaction des Tunisiens de la prestation du Gouvernement ? En février, le taux de satisfaction des Tunisiens quant à la prestation du gouvernement continue sa chute en atteignant 29%, soit 5 points de moins qu'en janvier. Au début du baromètre le taux de satisfaction était de 66%. Le taux d'insatisfaction reste au même niveau de 61% que le mois de janvier. Les 8 points de perdu dans le degré de satisfaction de la situation sécuritaire, ne se sont pas répercutés en totalité dans l'insatisfaction des Tunisiens de la prestation du Gouvernement. Dans ces 8 points, une partie seulement s'est répercutée sur la satisfaction des Tunisiens de la prestation du Gouvernement. Beaucoup de Tunisiens ne savent pas à qui imputer la responsabilité de l'assassinat de Chokri Belaïd. Au niveau régional quant à la satisfaction de la prestation du Gouvernement, les habitants de Gabès, Tataouine, Médenine, ManoubaKairouan sont toujours les plus satisfaits. Parmi les moins satisfaits on retrouve ceux de Mahdia (parent pauvre du Sahel), L'Ariana (pour des raisons politiques), Sidi Bouzid (pour des raisons sociales), Sousse (politiques), Kasserine, Tunis, Tozeur et Sfax. Quant à la prestation de l'opposition, elle poursuit sa tendance haussière en termes de satisfaction. Elle se situe à 34% en février, enregistrant une augmentation de 2 points par rapport au mois de janvier. Elle dépasse le taux de satisfaction de la prestation du Gouvernement. Ceux qui sont satisfaits de la prestation de l'opposition représentent les 2/3 de ceux qui sont mécontents. Le taux d'insatisfaits recule de 5 points pour se situer à 51%. Quant à la satisfaction des Tunisiens de la prestation des médias, elle a reculé de 4 points pour se situer au niveau toujours honorable de 61%. Chaque fois qu'il y a une crise dans le pays, certaines franges de l'opinion publique l'imputent partiellement aux médias. Le summum du degré de satisfaction de la prestation des médias a été atteint lors de la confrontation entre Dar Assabah et le pouvoir. Ce taux était de 67%. Une nouvelle question a été posée : êtes-vous pour ou contre l'initiative de gouvernement de compétences nationales non partisanes de Hamadi Jebali ? 59% des Tunisiens sont favorables. 21% y sont opposés. 9% ne savent rien et 12% ne se prononcent pas. Par ailleurs, 50% des Tunisiens étaient favorables à la reconduction de Hamadi Jebali à la tête du Gouvernement. 28% sont contre et 22% ne savent pas. Les Tunisiens sont-ils optimistes quant à l'avenir du pays ? 58% le sont, contre 92% en novembre 2011 après l'euphorie des élections. 16% ne sont ni optimistes, ni pessimistes et 23% sont pessimistes. A propos de l'échiquier politique, certains changements sont perceptibles. En cas de tenue d'élections législatives, Nida Tounès tout en reculant, récolterait 29,8% des voix mais garderait la première place en perdant 3,3 points. Ennahdha ne lâche pas prise. Elle le talonne, tout en perdant 3,6 points avec 29,4% des suffrages. Le Front populaire consolide sa position de troisième force avec 12,2% des voix en progressant de 4,3 points. Le Front populaire s'étoffe en augmentant de plus de 50% sa base électorale. Est-ce l'effet, seulement de l' assassinat de Chokri Belaïd ? Est-ce durable ? Il faut attendre le mois prochain pour le savoir. Il est clair que le Front populaire a bénéficié de l'assassinat de Chokri Belaïd. Al Joumhouri garderait la quatrième place avec 7,1% des suffrages, en hausse de 1,5 point. Al-Joumhouri a été plus visible en cette période que Nida Tounès. Al-Aridha Chaâbia progresse, elle aussi pour récolter 5,9% des suffrages, une hausse de 2,4 points. Les réactions de Hachemi Hamedi sur les plateaux de télévision en est pour quelque chose. Le Congrès pour la République (CPR) recule de 0,4 point en obtenant 3,1% des voix. Il est suivi par Ettakatol avec 2,3%. Hizb Attahrir aurait 1,9% des voix, Al Moubadara 1,4%, Union Patriotique Libre (UPL) de Slim Riahi, président du Club Africain 1,1% et Wafa de Abderraouf Ayadi 1%. En cas d'élections présidentielles, la proportion des indécis est en hausse de 12 points pour se situer à 49,2% des Tunisiens. Le fait saillant est que Hamadi Jebali se propulse à la deuxième position. Béji Caïd Essebsi reste toujours en tête du peloton avec 6,8% en recul de 3 points. Hamad Jebali avec 6% serait second et Moncef Marzouki poursuit sa dégringolade pour se trouver à la troisième place avec 5% des voix, perdant 2 points sur le mois dernier. Ce trio de tête est suivi par Hamma Hammami avec 4%, Taïeb Baccouche avec 2,1%, Mustapha Ben Jaâfar 1,6%, Ahmed Néjib Chebbi 1,2%, le même score que Mohamed Abbou. Au 2ème tour Moncef Marzouki batterait Béji Caïd Essebsi avec 52,1% des suffrages.