Les taux de satisfaction du Tunisien par rapport à la situation sécuritaire, à la prestation du gouvernement, ainsi qu'à la prestation des médias sont en baisse, en comparaison du mois de janvier. Seule la prestation de l'opposition a confirmé la tendance haussière qu'elle a entamée depuis deux mois. C'est entre autres ce qu'a dégagé l'institut 3C-Etudes de son dernier sondage réalisé du 14 au 20 février et correspondant à la quatorzième vague de son baromètre politique post-élections qu'il a lancé en janvier 2012. Ce dernier sondage a été effectué auprès d'un échantillon de 1.347 personnes et réalisé par téléphone en mode Cati (Computer Assisted Telephone Interviewing). Hichem Guerfali, directeur de 3C-Etudes, a affirmé hier, lors d'une conférence de presse, que l'échantillon était représentatif de la population tunisienne âgée de 18 ans et plus des deux sexes, et qu'il a été constitué selon la méthode des quotas. L'assassinat de Belaïd a changé la donne Pour revenir sur le sondage réalisé à la mi-février, l'oraleur a estimé que la chute de la satisfaction des Tunisiens quant à la situation sécuritaire de huit points par rapport au mois de janvier, passant à 38 %, s'explique par l'assassinat de Chokri Belaïd. «De même, a-t-il ajouté, leur satisfaction de la prestation du gouvernement continue sa dégringolade pour descendre jusqu'à 20% contre 34% un mois avant, et ce, à cause, entre autres, de la crise politique et économique que connaît le pays. Remarquons que les indécis sont passés de 5 à 9%. L'assassinat de Belaïd a changé la donne mais les prévisions ne sont pas faciles à faire dorénavant». Dans sa répartition par gouvernorat, la satisfaction du rendement du gouvernement a connu quelques changements. En effet, ce sont l'Ariana, Sidi Bouzid, Sousse et Mahdia qui sont les moins satisfaits de ce rendement avec des taux d'insatisfaction allant de 71 à 77%. Gabès, Tataouine, les plus satisfaits, sont à 57 et 54%, alors que le troisième gouvernorat, derrière eux, est Médenine avec 41% de satisfaction du rendement du gouvernement. Le taux des indécis oscille entre 2% à l'Ariana, et 14% à Tataouine. Pour sa part, l'opposition a enregistré un taux de satisfaction de 34%, contre 32% au mois précédent, dépassant aussi et pour la première fois depuis 14 mois celui du gouvernement. Les insatisfaits sont passés de 56 à 51%, alors que les indécis ont évolué de 12 à 15%. Côté médias, leur prestation a reculé de 4 points, pour n'enregistrer que 61% de satisfaits. De même, les indécis sont passés de 5 à 7%. L'évolution du nombre d'indécis serait due au flou qui persiste ou qui est renforcé davantage suite à l'assassinat de Chokri Belaïd. Un fait saillant qui a touché aussi l'image des partis politiques puisque les intentions de votes ont régressé pour les deux partis en tête. En effet, Nida Tounès, encore en pole position, a été cité par 29,8% des sondés, contre 33,1% en janvier. De même, le mouvement Ennahdha, en deuxième position, a lui aussi reculé de 33 à 29,4%. Cependant, c'est le Front populaire qui a gagné plus de 4 points, passant de 7,9%, il y a un mois, à 12,2 en février. Al Joumhouri et Al Aridha ont, eux aussi, profité de la régression des deux partis en tête, enregistrant respectivement 7,1 et 5,9% contre 5,6 et 3,5% en janvier. Le troisième n'est autre que le Congrès pour la République (CPR) qui est passé de 3,5 à 3,1%, tout comme Ettakatol, passant de 2,9 à 2,3%. Essebsi et Marzouki perdent des points Sur les intentions de vote pour l'élection présidentielle, le chiffre marquant est certainement celui des indécis, qui a évolué de 37,3% au mois de janvier à 49,2%. De plus, Béji Caïd Essebsi a perdu plus de 3 points, passant de 9,9 à 6,8%. Il reste, tout de même, premier devant Hamadi Jebali qui est passé de la 3e à la 2e position. Jebali a enregistré 6,0%, contre 2,6% en janvier, alors que Moncef Marzouki a chuté de 7,1 à 5 %. Selon le directeur de l'Institut de sondage, la quasi-absence de Béji Caïd Essebsi de la scène politique lors de la période qui a connu l'assassinat de Chokri Belaïd lui a été préjudiciable. Guerfali a, d'autre part, affirmé que le mouvement Ennahdha a perdu 32% de son électorat et qu'Ettakatol en a perdu 56%, tout en notant que Nida Tounès a repêché des électeurs de chez Ennahdha, le CPR, parti Ettahrir et d'autres partis. Le duel entre Marzouki et Essebsi, lancé depuis quelques mois par le sondeur et qui aurait dû se transformer en duel entre Essebsi et Jebali, comme l'ont souligné les journalistes à la conférence, a finalement remis Marzouki en tête. En effet, ce dernier a obtenu 52,1% des intentions de vote en cas de passage des deux hommes au deuxième tour de la présidentielle.