«La neutralité des ministères de souveraineté n'a aucun sens si le titulaire du poste n'est pas à égale distance vis-à-vis de tous les partis», déclare Samir Taïeb, porte-parole d'Al-Massar «Nous avons proposé le 31 décembre prochain, comme date butoir pour la fin de mission du prochain Gouvernement», précise Mehdi Ben Gharbia, dirigeant à l'Alliance Démocratique Les tractations vont bon train pour accorder les violons en vue de former le prochain gouvernement. Prévue au milieu de la semaine l'annonce de ce gouvernement, se trouve repoussée pour la fin de semaine. Mais les derniers échos laissent entendre une attente qui peut bien durer encore plus. Pour les ministères régaliens, Rached Ghannouchi, président d'Ennahdha avait déclaré que son parti était devenu favorable à leur neutralité. Est-ce suffisant ? Jusqu'à quand l'attente va-t-elle duré ? Samir Taïeb, Porte-parole d'Al-Massar, confirme que nous sommes dans l'expectative. Il pense que cette attente va durer davantage. On a parlé d'un élargissement de la base politique de l'alliance au pouvoir. A part le Congrès pour la République (CPR) dont la participation au prochain gouvernement est assurée, au niveau d'Ettakatol rien n'est encore décidé. Wafa, un groupe dissident du CPR et dirigé par Me Abderraouf Ayadi, a exprimé son étonnement de la neutralité des ministères de souveraineté. Samir Taïeb dont le parti a été clair dans sa position vis-à-vis du prochain Gouvernement de Ali Laârayedh, pense que la neutralité des ministères de souveraineté n'a aucun sens « si on ne choisit pas une personnalité qui soit à égale distance vis-à-vis de tous les partis. Lorsqu'on propose un chef de cabinet du ministre de l'Intérieur pour se substituer à son supérieur hiérarchique ou un magistrat connu pour avoir été très proche de Noureddine B'hiri ancien ministre de la Justice pour le supplanter, on est loin de l'idée et de la logique de la neutralité des ministères de souveraineté ». En plus, le groupe de négociateurs du côté d'Ennahdha rejette la composition d'une commission pour réexaminer les 1200 à 1400 nominations décidées en tenant compte de l'allégeance des désignés. Avec un Gouvernement de compétences les choses auraient été beaucoup plus faciles et rapides. « La tâche d'Ali Laârayedh s'annonce plus laborieuse que celle de Hamadi Jebali », rappelle Samir Taïeb. Du côté d'Ettakatol, l'atmosphère n'est guère à l'optimisme. Les rencontres se poursuivent sans trop avancer. Ettakatol campe toujours sur ses positions et ne renonce pas à ses conditions. Mohamed Bennour, porte-parole d'Ettakatol, prévient : « le prochain gouvernement est dans l'obligation de résultat et doit réussir, sinon à quoi bon y participer ? Nous ne sommes plus au stade de l'expérimentation. Pour réussir, il faut qu'il y ait un équilibre entre compétences nationales et hommes politiques. Nous voulons des compétences nationales de haut niveau. A Ettakatol, nous n'avons jamais raisonné avec la logique des quotes-parts partisans. A la tête de plusieurs départements, il faut un savoir faire et des qualifications qui ne souffrent d'aucun doute. Par ailleurs, il faut revoir les nominations faites dans les gouvernorats, les délégations et les établissements publics. Ettakatol a réagi de manière positive à la neutralité des ministères de souveraineté. Ce n'est pas suffisant. Il faut savoir qui va-t-on nommer, pour éviter la déception. La transparence doit être la règle. Les trois prochains ministres de l'Intérieur, de la Justice et des Affaires étrangères doivent avoir un profil aussi parfait que celui de la Défense ». Mohamed Bennour est encore sous le choc de ce qu'il a vu à l'avenue Habib Bourguiba, le jour de la manifestation pour la légitimité. Quant à l'éventuelle participation au prochain gouvernement, on conseille la prudence à Ettakatol. L'échec n'est pas permis. « L'opinion publique ne va pas être tendre avec le prochain gouvernement », prévient Mohamed Bennour. Une délégation de l'Alliance Démocratique conduite par Mohamed Hamdi s'est entretenue hier avec Ali Laârayedh. Mehdi Ben Gharbia fait part au Temps, des « divergences qui existent à propos de la composition du Gouvernement où l'esprit des quotes-parts est encore présent. Nous avons demandé que le prochain gouvernement fixe une date butoir à savoir le 31 décembre prochain pour la fin de sa mission. Une décision doit être prise pour engager la procédure menant à la dissolution de toutes les milices ». Une réunion aura lieu avec les structures du parti pour décider de participer ou non au prochain Gouvernement, chose qui devra se faire d'ici, la fin de la semaine. Si tout va bien, il faudra attendre la semaine prochaine pour avoir une idée sur la physionomie du prochain Gouvernement.