Le Temps -Agences - Les démocrates américains devaient prendre officiellement hier le contrôle du Congrès, bien décidés à demander des comptes au président George W. Bush, à commencer par sa politique en Irak. Près de 500 parlementaires fraîchement élus ou réélus - soit un tiers du Sénat et l'intégralité des 435 membres de la Chambre des représentants - devaient prêter serment après l'élection-sanction qui en novembre a vu les républicains perdre leur majorité. Dans les semaines à venir, la guerre en Irak, source de mécontentement croissant aux Etats-Unis, sera au centre de l'attention de la nouvelle majorité démocrate, avec des auditions annoncées sur le sujet et les erreurs reprochées à l'administration Bush, alors que le président doit annoncer prochainement une nouvelle stratégie dans le dossier irakien. Ce changement de majorité marque aussi l'avènement, pour la première fois, d'une femme à la tête de la Chambre, avec le remplacement du républicain Dennis Hastert par la démocrate Nancy Pelosi. Dans une tribune publiée dans le Wall Street Journal avant-hier, M. Bush s'est dit prêt à travailler avec les démocrates, les appelant cependant à dépasser les clivages politiques. M. Bush les a aussi mis en garde contre une dérive budgétaire: "Nous devons faire en sorte de dépenser l'argent des gens avec sagesse", a-t-il déclaré avant-hier à des journalistes, entouré de ses ministres. Les démocrates de leur côté soulignent aussi que M. Bush devra faire des compromis. "Les démocrates ont fait campagne sur l'idée du compromis et nous voulons travailler avec le président. Nous espérons que quand le président dit +compromis+, cela veut dire plus que +faisons comme je l'entends+," a prévenu le sénateur démocrate Charles Schumer. Il semble en tout cas que la nouvelle majorité compte bien profiter de son pouvoir retrouvé. Joseph Biden, qui présidera la commission des Affaires étrangères du Sénat, prévoit déjà une dizaine d'auditions sur la guerre en Irak, avec notamment le témoignage de la secrétaire d'Etat Condoleezza Rice. Carl Levin, qui doit prendre la tête de la commission des Forces armées, a pour sa part annoncé son intention de convoquer le nouveau secrétaire à la Défense Robert Gates. Le financement des conflits irakien et afghan sera aussi à l'ordre du jour. La guerre en Irak coûte quelque 8 milliards de dollars chaque mois, selon des estimations. Lors de son intervention attendue sur l'Irak, M. Bush devrait proposer l'envoi de troupes supplémentaires, critiqué au sein même de son parti républicain et M. Biden s'y est déjà déclaré "totalement" opposé. "Nous ne faisons pas la politique étrangère au Congrès américain", a souligné M. Biden le mois dernier, ajoutant cependant que lui et ses collègues démocrates feraient tout pour "créer un consensus capable de faire pression sur le président". Pour autant, M. Bush garde encore un pouvoir sur les mouvements démocrates, avec son droit de veto. Les divisions internes au parti peuvent en outre freiner les velléités de la nouvelle majorité. Les sénateurs démocrates ont aussi eu le mois dernier un rappel de la fragilité de leur majorité (un siège), quand l'un d'eux, Tim Johnson, a été victime d'une hémorragie cérébrale. Si M. Johnson devait décéder ou renoncer à ses fonctions, le contrôle du Sénat reviendrait de nouveau aux républicains.