Le pèlerinage annuel de la Ghriba, la plus ancienne synagogue d'Afrique sur l'île de Djerba (sud), aura lieu du 26 au 28 avril, a-t-on appris hier auprès de René Trabelsi, représentant de la communauté juive à Djerba et patron du tour-opérateur royal First Travel qui organise cet évènement. “Les rites commenceront le 26 jusqu'au 28 avril », a-t-il précisé. Et d'ajouter : “nous nous attendons à ce qu'il y ait au moins 500 pèlerins qui viendront essentiellement d'Europe pour participer au pèlerinage aux côtés d'un millier de Tunisiens de confession juive". Le pèlerinage avait été suspendu en 2011 en raison des troubles qu'a connus la Tunisie dans la foulée de la révolution du 14 janvier. Il a repris en 2012 sous une haute surveillance sécuritaire et aucun incident n'y a été enregistré. L'année dernière, ils étaient quelque 450 juifs établis en Europe seulement à avoir accompli le pèlerinage organisé chaque année au 33e jour de la Pâque juive. M. Trabelsi espère dépasser cette année le nombre de 500 personnes. “ Nous faisons un grand travail de communication pour rassurer les gens et expliquer que le calme règne à Djerba surtout après la stabilisation de la situation en Libye. Le fait que le pèlerinage coïncide cette année avec les vacances scolaires en France et un week-end pourrait encourager un nombre important de juifs français à faire le déplacement à Djerba", s'enthousiasme le voyagiste qui espère que le pèlerinage de la Ghriba cette année représente “un bon signe" pour une nette reprise du tourisme en Tunisie et pour un retour vers le pic de l'an 2.000 qui avait enregistré un record de 10.000 pèlerins. Bons rapports Aucun ressortissant israélien ne devrait faire le déplacement en raison du problème de visa qui se pose depuis la fermeture du Bureau de liaison israélien à Tunis en juillet 2012. Le ministre tunisien du Tourisme Jamel Gamra devrait, selon les organisateurs, faire le déplacement à Djerba pour saluer les fidèles. La sécurité des pèlerins devrait être assurée comme ce fut le cas l'année dernière par un dispositif policier discret, mais efficace. “Des réunions se sont tenues ces derniers jours au gouvernorat de Médnine pour discuter du dispositif sécuritaire qui sera mis en place durant les jours du pèlerinage", a révélé René Trabelsi. La communauté juive de Tunisie, qui était forte de 100.000 personnes lors de l'indépendance en 1956, n'en compte plus que 1.500, la plupart ayant émigré vers la France ou Israël. Cette communauté qui reste l'une des plus importantes du monde arabe reste bien intégrée dans la société tunisienne. Tout récemment, le Grand Rabbin de Tunisie Haïm Bittan est allé jusqu'à déclarer que “c'est le mouvement islamiste Ennahdha qui défend le mieux les Juifs de Tunisie". L'homme, qui se déclare ouvertement opposé au projet sioniste, souligne que sa communauté est «plus en sécurité en Tunisie qu'en Israël ou aux Etats-Unis". Même s'il se dit favorable à la séparation entre la politique et la religion, René Trabelsi confirme que “les juifs tunisiens entretiennent de bons rapports avec tous les partis, y compris Ennahdha". Une des légendes fait remonter l'origine de la Ghriba à la destruction à Jérusalem du temple de Salomon, lorsque, fuyant la Palestine, des juifs se réfugièrent à Djerba et y établirent une synagogue en 586 avant JC.