Dimanche dernier, le groupe des cinq d' « Unavantaluna », compagnie de musique sicilienne a offert au public de l'Acropolium de Carthage un concert placé sous le label de musique du monde qui a clos la 8ème édition de Saveurs et Savoirs du Sud. C'est à un voyage musical d'airs siciliens que s'est terminée en beauté cette manifestation. Le groupe composé uniquement de musiciens hommes : Pietro Cernuto (Bagpipie, flûte et lead vocal), Carmelo Cacciola (Cretan lute et lead vocal), Francesco Salvadore (Percussion, jews harp et lead vocal), Luca Centamore (Guitare, percussion et vocal) et Arnaldo Vacca (Frame Drumzs, percussion et vocal), nous a transporté dans une musique « antique pour le futur ».
Ce groupe de cinq musiciens nous a transmis sa passion pour les valeurs ancestrales, la terre pour ce qu'elle représente comme attachement aux racines avec ce souci de respecter dans leur musique l'équilibre entre tradition et innovation. Dans leur passionnante aventure qu'il a su communiquer avec fougue, le groupe mène une quête qui les pousse vers ce qu'il appelle « une conscience musicale pan méditerranéenne qui reflète bien la nature métissée de la vie ». La musique de ce groupe évolue vers d'autres sonorités d'Orient et d'Extrême-Orient pour donner plus d'étoffe au répertoire composée essentiellement de musique sicilienne. Alternance de rythmes frénétiques et de notes langoureuses. Le ton a été donné avec « Cornamusando, morceau instrumental original qui exalte la cornemuse de montagne. Des sonorités qui rappellent notre mezoued national. Après ce festival de rythmes joyeux place a été faite à un chant traditionnel sur l'insurrection de Palerme en 1948 avec « Palummeda » chanté en duo. D'ailleurs, la plupart des refrains sont interprétés en duo pour une solidarité de voix qui donne un sens fort au message transmis. « Pissuprammari » est une autre chanson originale sur l'histoire allégorique de quatre amis qui pêchent la nuit. Succédera « A Virrinedda », une chanson d'amour assez ironique d'un amoureux qui cherche à rejoindre sa bien-aimée la nuit. La bien-aimée, c'est soit une femme soit la terre natale ici la Sicile exaltée dans « Isuli » morceau original sur le fort sentiment d'appartenance à la grande Ile. La berceuse fait partie de ce riche patrimoine sicilien S. Antuninu est ce chant dévotionnel caractérisé par des sonorités helléniques. La tarentelle est aussi un chant dédié à la Vierge Marie « Toina Tanna » est de la ville de Messina. Ce sont de courtes chansons que les Siciliens aiment écouter ou murmurer lors de des fêtes religieuses ou de mariage. L'un des plus connus et des plus classiques est « Pirati a Palermo » de la grande chanteuse Rosa Balistreri sur les incursions des Sarrasins en Sicile. Toutes ces chansons ont une histoire liée à l'occupation de la ville ou à des raisons plus personnelles. « U Puddicinu », inspirée du souk des animaux est dédiée aux enfants. « Ciuri Ciuri » est aussi un grand classique de la tradition sicilienne que le public formé en grande partie d'Italiens répétait avec le groupe. Enfin pour terminer avec le registre sicilien « Abballatti », une trantelle traditionnelle qui exhorte à la danse. Mais cette soirée conviviale nous a réservée une belle surprise la présence d'un groupe de musiciens tunisiens : Brahim Bahloul (percussions), Hichem Hamdi (violon) et Ourouane Mejri (violon et chant) qui ont rejoint les musiciens italiens pour interpréter un cocktail de chansons tunisiennes de Hédi Jouini et des morceaux du répertoire traditionnel tunisien composés par Ridha Kalai. Une formidable fusion entre ces artistes si proche qui a réjoui l'auditoire.