Depuis le week-end dernier, le temps a changé : le froid et les précipitations ont enregistré un retour remarqué sur l'ensemble du pays. Il a même plu dans les régions où l'eau du ciel manque depuis près d'une année. Plus curieux encore : il a plu à l'intérieur de l'hémicycle de l'Assemblée Nationale Constituante. Il paraît que des fissures de son toit mal entretenu ont dernièrement laissé filtrer quelques gouttes sur certains de nos Constituants et Constituantes qu'on croyait bien au sec. « Un toit qui suinte », des « fuites » incontrôlées, c'est peut-être normal en ce mois d'avril que nos grands parents traitaient de « pisseur »! Mais, avec les gouttelettes de pluie, il semble que le Ciel de l'A.N.C. faillit déverser sur les membres de l'Assemblée, une manne généreuse de primes supplémentaires. Le Constituant Mongi Rahoui (du Watad unifié) fut le premier à crier au péché de concupiscence ! Cela déplut à nombre de ses confrères mais, apparemment, il ne s'agissait que d'un orage passager. Toujours est-il qu'une campagne de prodigalité solidaire fut immédiatement organisée par les facebookers pour venir en aide aux députés « nécessiteux » et, pendant quelques minutes, il plut pas mal de pièces de cinq à 50 millimes sur l'entrée de notre « pauvre » A.N.C. ! Brouillon et Propre La même semaine, une petite tempête se déchaîna et un soudain coup de vent dépoussiéra le dossier de quatre ministres (nommément cités sur face book) qui auraient perçu un double salaire pendant quelques bons mois sans le signaler aux autorités financières compétentes ! Délit remédiable, ou crime impardonnable ? Les avis divergent selon que l'on soit « ami » ou « ennemi » de ce quatuor en faute. Quoi qu'il en soit, une bonne lessive s'impose pour laver beaucoup d'argent sale qui circule dans le pays ; et nous ne pensons pas que les pluies isolées de cette fin d'avril puissent tout nettoyer à ce niveau-là ! Nous espérons néanmoins qu'elles nous aideront à mettre « au propre » le brouillon du Destour qu'on n'arrive, paraît-il, pas à débarrasser de toutes ses fioritures. Problème de machine à laver ou de poudre détergente ? Apparemment, c'est les deux à la fois ; de plus le linge que vient de nous sortir l'A.N.C. paraît tellement pisseux que des experts constitutionnalistes appelés à la rescousse, comme l'incontournable Kaïs Sâyed, refusèrent de prendre part à l'opération de toilettage escomptée. Faudrait-il recourir aux services de blanchisseurs étrangers ? Mais alors d'où les amener ? Du Qatar peut-être ? (Remarquez que Qatar évoque en arabe, les gouttelettes de pluie et les ondées !) Argent à blanchir Toujours à propos de « sales » affaires d'argent, la Tunisie est encore sous le choc après la révélation par Slim Riahi, le président du Club Africain et de l'UPL, d'une tentative de corruption de footballeurs kairouanais par des responsables du Club Athlétique de Bizerte ! L'un des joueurs de la JSK (dont le nom est désormais connu de tous) aurait perçu quelques millions de la part de ces dirigeants. M. Riahi affirme disposer de preuves accablantes au cas où le C.A.B. de Mehdi Ben Gharbia viendrait à repousser ses accusations. Comment laver de tout soupçon les maîtres du club bizertin lesquels faillirent provoquer un inextinguible incendie dans leur ville, il y a moins de 15 jours ? Et puis que demander aux averses de cette fin d'avril : d'éteindre le feu des manifestants ou de débarbouiller les présumés corrupteurs ? Mais manifestement, il n'y a pas que le C.A.B. à toiletter. Slim Riahi lui-même est soupçonné de gérer une fortune mal acquise. Ces derniers jours deux campagnes sont déclenchées concomitamment : l'une pour le « souiller », l'autre pour le « blanchir ». Nous autres, qui ignorons tout des dessous de l'affaire, nous ne savons plus à quelle blanchisseuse nous vouer ! C'est comme à propos d'un membre hammamlifois des fameuses Ligues pour la Protection de la Révolution, soupçonné lui aussi d'enrichissement illicite par d'anciens camarades repentis. Entendu par un mini-tribunal de Nesnessma, le présumé coupable nous laissa sur notre faim quant aux sources de sa nouvelle fortune. Il y a encore cette vidéo qui circule sur Internet et qui montre un policier tunisien demandant un pot de vin à un citoyen. Nous croyons savoir que le Ministère de l'Intérieur a ouvert une enquête sur l'affaire. Décidément, il nous faut encore beaucoup de beau et de mauvais temps pour nous défaire des réflexes « trabelsiens » et pour tout savoir sur l'origine des trésors mirobolants donc disposent depuis peu certains Tunisiens pris soudainement de l'envie de diriger les « affaires » de leur « cher », très « cher » pays ! Pissotières ! Ce pays qui, pourtant, est forcé depuis plus de deux ans à mendier les aides, les dons et les prêts. Récemment, et en participant aux « Réunions du Printemps du F.M.I. et de la Banque Mondiale » (du 19 au 21 avril courant), la Tunisie parvint à arracher la promesse d'un accord définitif sur l'octroi d'un crédit de précaution et d'un appui budgétaire au titre de 2013. Ah ! Quel « Printemps arabe » vivons-nous ! Même en termes de saison printanière, nous dépendons de la conditionnelle générosité du Printemps du FMI et de la BM. C'est à la mi-mai que ces deux prêteurs mondiaux nous remettront les crédits promis. Espérons que d'ici là, la météo économique intérieure n'annoncera aucune fâcheuse dépression ! En mai également, (le 31 de ce mois est une date limite) le Ministère de l'Enseignement Supérieur est appelé à décréter officiellement une sensible augmentation de salaire au profit des universitaires. Les enseignants du secondaire et du primaire réclament de l'argent à leur tour. Or le mois de mai n'est pas réputé pour être un mois « pisseur ». Où alors puisera-t-on les sommes requises ? Faudra-t-il compter sur les « gouttelettes » du Qatar ou bien sur les « bruines » du F.M.I.? Pour l'été aussi, nous dépendons de l'étranger ; on nous annonce qu'il pleuvra des arrivages intéressants et des touristes par millions ! Certes, mais que faire de Ramadan qui tombe cette année entre la mi-juillet et la mi-août ? Si les extrémistes Salafistes laissent nos hôtes tranquilles, la manne touristique peut sauver quelques hôteliers en crise ! Pourvu que l'argent rentré ne ressorte pas par des fissures du genre déploré sur le toit de notre chère A.N.C. ! Autrement, l'été 2013 sera aussi pourri que ceux de 2011 et 2012 ! Et alors, nous en pisserons peut-être du sang !