Cette fois, et pour ne pas tomber dans les redites, nous commenterons seulement ce que la commémoration de la Fête du Travail de 2013 a d'inédit par rapport aux précédentes manifestations populaires de ces dix derniers mois. Par exemple, hier, certains partis, et non des moindres, n'étaient pas « visibles » ni sur l'Avenue Habib Bourguiba ni au niveau des banderoles brandies par les manifestants: Ennahdha, Nida Tounès, Al Massar, Hizb Attahrir, et les salafistes d'une manière générale brillèrent par leur absence. En revanche, Le Front Populaire a rassemblé une masse noire de partisans plus remontés que jamais contre la Troïka et un peu aussi contre « le gang destourien » ! Autre présence remarquée en dépit de la foule supportrice numériquement bien inférieure (moins de 200 personnes) : le Congrès Pour la République, le parti du Président, a installé sa tribune devant l'hôtel Africa- Le Méridien. A midi, la voix de Sihem Badi résonnait dans toute la zone, malgré les huées et les sifflets qui la conspuaient du côté opposé. Thèmes principaux des discours dans cette tribune : le projet de loi sur l'immunisation de la Révolution, le lynchage de Béji Caïed Essebsi et les jérémiades contre les « méchants » détracteurs du C.P.R. Sous bonne escorte ! Il y avait aussi les partisans de l'intraduisible « Front pour la rectification du parcours syndical » : une poignée d'hommes, pas la moindre femme, qui se sont regroupés, munis de leurs haut-parleurs assourdissants, devant le Théâtre Municipal. Ils scandaient des slogans contre l'UGTT puis achevaient leurs invectives par des appels réguliers aux « Takbir » à l'instar des Salafistes, relayés par les nouveaux « assainisseurs syndicaux ». Le Mouvement Achâab fit, quant à lui, un passage timide et fugace (une cinquantaine de partisans et de banderoles) puis « disparut » dans la nature ! A propos de Dame Nature justement, hier, elle réserva une matinée pluvieuse pour la célébration du 1er Mai. Les vendeurs de parapluies n'avaient donc pas chômé. Il nous reste aussi de parler de la tente Chokri Belaïd en face du Colisée, où Naziha Réjiba (Om Zied) et une armée de jeunes militants collectaient des signatures au dos de cartes postales à adresser au Gouvernement pour lui poser la question d'hier, d'aujourd'hui et de demain : « Qui a tué l'ex- secrétaire général du Watad ? ». Retenons enfin que vers 10 heures, une vingtaine de véhicules du Ministère de l'Intérieur organisèrent un étrange défilé des deux côtés de l'Avenue, et que d'autre part la matinée se déroula relativement dans le calme grâce à l'impressionnante escorte policière qui encadrait les manifestants et surveillait le siège de l'UGTT, Place Mohamed Ali ! Le souvenir des violences du 4 décembre 2012 en est-il pour autant oublié ?