Hier soir, le Théâtre Municipal de Tunis a accueilli la cérémonie d'ouverture de la 8ème édition de Doc à Tunis. Au menu, la projection des deux premiers épisodes de "Mille et un Tunisiens racontent" d'Emna Menif et Lassaad Ben Abdallah suivie de « Syrie, dans l'enfer de la répression » de Sofia Amara suivi d'un débat avec la réalisatrice. L'Association Kolna Tounes est donc présente à la 8ème édition de « Doc à Tunis » avec une projection suivie d'un débat de 2 épisodes de son documentaire « Mille et un Tunisiens racontent », Testour et Essaguia (Sakiet Sidi Youssef). Le film se veut selon ses réalisateurs « Une « caméra citoyenne » de la réflexion, de la parole libre, du partage, de l'écoute, sans tabous ni préjugés, sans dirigisme, ni préparation… donne libre cours aux réponses des citoyens à des mots porteurs d'une symbolique : révolution, constitution, code du statut personnel, islam, violence, travail, femme, jeunesse... » Parole croisée Les villes dans lesquelles se déroule le documentaire sont Testour et « Essaguia ». Divisé en deux épisodes, « Mille et un Tunisiens se racontent » est un témoignage sur « la parole croisée qui révèle des contradictions profondes d'un individu à l'autre, d'un groupe à l'autre, mais aussi chez la même personne. Elle donne une autre lecture du Devenir politique, économique et social du pays. Elle alerte sur une décomposition des normes et valeurs sociales, l'émergence d'autres « cultures » − cultures-refuges, cultures dérivatives – et l'apparition de phénomènes de société déstructurant en cours de banalisation ». Le deuxième documentaire de la soirée d'ouverture, « Syrie, dans l'enfer de la répression » de Sofia Amara est filmé à Damas et Homs. Il montre les manifestations à la sortie des mosquées, les officiers entrés en résistance, la violence du régime : bombardements de civils, tirs à balles réelles sur les manifestants, détentions arbitraires, exécutions sommaires, tortures etc. Ces images et ces témoignages présentent pour la première fois l'implication des membres du Hezbollah libanais et des gardiens de la révolution iranienne dans les massacres. A la manière d'un carnet de route, le film raconte aussi les coulisses d'un voyage à haut risque dont les chemins sont pavés de danger. La 8ème édition de Doc à Tunis a réduit, cette année, le nombre de films au profit de la qualité. Environ une trentaine de documentaires au programme qui décryptent la réalité avec en sus des débats avec les réalisateurs à l'issue de chaque projection. Un autre éclairage particulier est apporté à des sujets d'actualité brûlante qui interpellent notre conscience de spectateur. La tourmente de la Syrie qui subit des opérations de destruction et d'autodestruction massive. Les années noires de l'Algérie, pays qui a basculé dans la violence terroriste et traumatisé un peuple dont les plaies ne sont pas encore cicatrisées et d'autres exemples qui vont permettre aux cinéphiles de comprendre le processus de déstabilisation de la région du Proche-Orient et du Maghreb. Doc à Tunis se poursuit jusqu'au 12 mai au Théâtre Municipal, Ness El Fen et au Centre Culturel Menzah 6. Les entrées sont gratuites pour tous. Profitez-en !